Comme beaucoup d'entrepreneurs, en mars 2020, c'était la première fois qu'il fermait son entreprise et mettait 900 salariés au chômage partiel. Antoine Pottiez, président de Mondial Relay, revient sur ce qui a été pour lui, un « crève-cœur » : « Mondial Relay s'appuie sur un réseau de commerces de proximité, dont certains étaient dits "non essentiels". Avec les fermetures, nous n'en avions plus assez. Nous avions terminé 2019 sur les chapeaux de roues avec un chiffre d'affaires de 409 M€, en croissance de +30%. » Une année exceptionnelle, donc, mais qui a rapidement été freinée par la pandémie.

Miser sur les commerces dits essentiels

Deux mois de fermeture mais aussi deux mois pour préparer la reprise de l'activité : « Nous avons priorisé les commerces essentiels. » De 40%, ils sont passés à plus de 60% aujourd'hui, sur les 10 650 Points relais® que compte le spécialiste de la livraison aux particuliers sur le territoire. « Nous avons l'ambition d'atteindre les 13 000 Points relais® à fin mai. » Si l'activité est repartie crescendo à la mi-mai 2020, elle a été à nouveau stoppée par le deuxième confinement. « Nous avons aidé tous nos commerçants en allouant le doublement de la commission octroyée à la livraison, soit près de 4 M€. Plus de 90% de nos Points relais® sont restés ouverts », ajoute le président.

Un hub logistique supplémentaire

Alors qu'Antoine Pottiez s'était préparé à une « année blanche », à la fin de l'exercice fiscal en février 2021, l'entreprise affichait un chiffre d'affaires de 453,5 M€ malgré les deux mois de fermeture, preuve de l'engouement des consommateurs pour le e-commerce. Avec ses 10 000 m², le hub logistique d'Hem est le plus grand des 25 hubs de Mondial Relay, mais il va rapidement être détrôné par une nouvelle plate-forme en cours de construction à Réau, en région parisienne : 14 000 m² pour permettre la distribution vers plus de 2 000 Points relais® en Île-de-France et pour relier l'ensemble des agences régionales de distribution en France et à l'international.

Si le directeur général se garde d'évaluer pour l'instant le nombre d'emplois créés, il va sans dire que ce hub dernière génération viendra agrandir l'effectif à ce jour de 1 200 salariés en Europe, dont 1 000 en France. Rien qu'à Hem, le nombre de salariés peut facilement doubler pour faire face au pic d'activité. Plus de 100 collaborateurs travaillent sur le site du parc des 4-Vents, amené à s'agrandir. Construit il y a 25 ans, il ne correspond plus aux standards actuels de livraison.

« Nous n'allons pas démultiplier nos émissions de CO2 pour satisfaire le marketing de certaines enseignes »

En 2020, plus de 180 salariés ont été embauchés en France, avec une tendance à la hausse pour 2021 avec des prévisions autour de 250 collaborateurs supplémentaires.

Livrer en limitant l'impact environnemental

Antoine Pottiez a beau être une figure du e-commerce, il n'en reste pas moins amer sur certaines pratiques : « Nous n'allons pas démultiplier nos émissions de CO₂ pour satisfaire le marketing de certaines enseignes. Le consommateur veut un chemin optimisé vers son colis, mais il doit aussi réfléchir à l'impact environnemental. J'ai bien peur que la rapidité de livraison ne devienne un réflexe alors qu'une livraison normale c'est entre 24 et 48 heures. Est-ce qu'on vit mieux si on se fait livrer dans l'heure ? », questionne Antoine Pottiez, prônant un cercle vertueux de la livraison en respectant les circuits courts. De l'ultra rapidité prônée par les géants du e-commerce qui, espérons-le, n'est pas l'apanage de tous les férus du e-commerce.

Mondial Relay est en train de travailler sur un emballage réutilisable à base de polypropylène, qui devrait voir le jour d'ici quelques semaines. « C'est une vraie demande des consommateurs. Et cela entre aussi dans une démarche de consommation vertueuse. »

1. Chiffres Fevad 2021.