Entreprendre pour imaginer le projet d’une vie
Depuis huit ans, ce « tremplin pour entreprendre » – la nouvelle signature 2014 – informe, conseille et suscite les vocations des visiteurs souvent venus en nombre (16 192 cette année). Tour d’horizon non exhaustif de ces trois jours.
– Le financement de l’innovation dans le domaine de la santé et de la nutrition.
On sait à quel point ces secteurs sont porteurs, qui plus est dans le Nord-Pas-de-Calais, fort de son expertise et du renommé Eurasanté. Mais dans ces secteurs où les investissements financiers sont souvent conséquents – qui dit santé, dit en général brevets onéreux –, mieux vaut assurer ses arrières et voir à long terme. C’est le message qu’a voulu faire passer Arnaud Delecroix, business angel et président de Lipofabrik, une TPE hébergée à Lille 1, qui produit des molécules à partir de microbes (traitement antifongique pour les cultures, détergence ou désinfection alimentaire par exemple). «Quand Eurasanté m’a mis en relation avec Lipofabrik, l’entreprise ne réalisait que 35 000 euros de chiffre d’affaires. Les trois associés avaient conscience que seuls, ils ne pourraient pas avancer. J’ai donc investi une première fois 5 000 euros. Au mois de juin, quatre autres business angels sont entrés au capital. Il faut varier les fonds. Grâce aux business angels, on a la chance de ne pas être pressés et d’envisager la suite dans des conditions idéales.» Même son de cloche chez Oncovet : «Différents business angels ont investi, avec des profils différents. C’est une grande richesse, je les consulte souvent», explique Dominique Tierny, à la tête de ce centre de référés vétérinaires. Eric Bulteux confirme : «En 2010, j’ai voulu reprendre une entreprise, mais le marché était compliqué. J’ai donc revu ma stratégie ! Reprendre une entreprise et investir comme business angel, ce n’est pas la même chose, mais cela reste un projet entrepreneurial.» Il est d’ailleurs en pleine finalisation d’un dossier d’investissement sur une autre entreprise.
– Au cœur de la région numérique avec “Lille is French Tech”.
La French Tech prend tout son sens à Lille, ville prisée des start-up. Elles sont trop nombreuses pour toutes les citer, mais que ce soit Adictiz, Clic and Walk ou encore Critizr, elles ont choisi la région pour développer un business devenu florissant. Aussi, 2e métropole française pour les industries créatives (hors Ile-de-France), 3 600 entreprises et plus de 30 000 salariés dans le secteur du numérique, la région mérite d’obtenir le fameux label «Métropole French Tech». Verdict le mois prochain ! A la clé pour les sept territoires sélectionnés, une enveloppe globale de 200 millions d’euros, mobilisés dans le cadre des investissements d’avenir. «L’enjeu de la French Tech c’est la création d’emplois et la maîtrise du numérique. S’il y a bien une région en France qui maîtrise le cloud, c’est le Nord-Pas-de-Calais !», s’enthousiasme David Simplot Ryl, directeur INRIA Lille Nord. Il n’est bien entendu pas le seul à défendre la candidature régionale, que ce soit Raouti Chehih, directeur général d’EuraTechnologies, Charles Christory d’Adictiz, Olivier Dion de Onecub, Thibaut Pruvost d’Etineo, Jean-Louis Delmotte de Byook, Nicolas Hammer de Critizr ou Frédérique Grigolato de Clic and Walk. Tous sont venus raconter leurs expériences le 16 septembre. Et tous ont reconnu la force des écosystèmes comme EuraTechnologies, la Plaine Images, Tektos…
– Et si on imaginait notre mini-entreprise ?
Comme chaque année, EPA (Entreprendre pour apprendre) Nord-Pas-de-Calais donne rendez-vous à 500 jeunes (de la 3e à la terminale) et à leurs enseignants pour les Creative Days de la mini entreprise. Au programme : jeux de rôle, travail d’équipe et créativité pour trouver une idée de business, qu’ils continueront à travailler tout au long de l’année. «Plus de 700 mini-entreprises ont été créées depuis le lancement du dispositif en 2006. Soit plus de 14 000 élèves sensibilisés à l’entrepreneuriat, ce qui fait de la région la première de France en nombre de mini-entreprises», se félicite Dominique Dalle, directrice de l’association. Prochaine étape pour ces créateurs en herbe : la présentation officielle de leurs projets le 27 mai 2015.
– Le crowdfunding, grande tendance de cette édition 2014.
Il a fait salle comble mardi 16 septembre après-midi : Michael Goldman, président fondateur de MyMajorCompany, était venu apporter son éclairage sur le financement participatif, très prisé par les créateurs d’entreprise. En témoigne Richard Ollier, fondateur de Giroptic, l’inventeur de la caméra à 360° et qui, grâce à 1,4 million de dollars recueilli sur Kickstarter (en 45 jours, un record ! ), va lancer un appareil grand public cet automne. «Nous avons investi 50 000 dollars en marketing pour créer une communauté d’utilisateurs. Pendant quatre mois, on a rencontré la presse américaine, car c’est là que tout se lance. On voulait créer un buzz : 45 jours pour susciter l’envie.» Si certains pensent qu’il suffit juste de créer une «campagne» – c’est ainsi qu’on appelle une demande de financement dans le monde du crowdfunding – et de rester devant son écran à voir les euros défiler, ils se trompent complètement. «Il faut être actif. Une campagne courte est souvent plus dynamique. Mais cela dépend, bien entendu, du montant demandé. Les contreparties (offertes par l’entreprise aux généreux donateurs) aident à réussir la campagne si elles sont attractives», explique Natacha Bogovac, cofondatrice de Cowfunding, lancé en septembre 2013 et partenaire de la CCI de Région. «Dans le cadre de la troisième révolution industrielle, la Chambre s’est beaucoup investie dans le financement participatif avec des partenariats : Cowfunding, Kiosk to Invest, Kisskissbank et Hellomerci.com. C’est une source de financement complémentaire, soit au début du projet pour le lancer, soit à la fin pour boucler un financement. Mais les prêts bancaires gardent toute leur place. Car ce n’est pas magique ! C’est un investissement important, puisque l’on s’expose fortement à une communauté qui a une vision complète de votre projet», a prévenu David Bruxelles, directeur des finances de la CCI de Région. Richard Ollier confirme : «Il faut gérer l’après-campagne. Le projet ne nous appartient plus quand le public investit.» Michael Goldman, qui s’est lancé dans ce domaine avec le chanteur Grégoire, rappelle : «Le financement participatif est né de la musique. Au départ, les maisons de disque ne nous voyaient pas forcément d’un bon œil… On offrait la possibilité à des artistes d’entrer dans le monde de la musique. En 2012, MyMajorCompany s’est lancé dans d’autres domaines. Les projets sur notre site ont du sens, avec un côté collectif, solidaire ou numérique. Quand on est un jeune entrepreneur, cela demande un effort considérable en marketing. Que ça fonctionne ou pas, on apprend sur son projet.» Quand on lui demande des conseils pour déclencher le coup de cœur, il répond : «être proactif et solliciter ses proches. Si ça ne marche pas avec eux, cela risque d’être difficile !». En 2013, les plates-formes françaises ont levé 80 millions d’euros et les prévisions pour 2014 sont plus qu’encourageantes. «C’est le citoyen qui reprend le pouvoir et qui donne du sens à son action. Un nouveau lien entre les investisseurs et les entreprises voit le jour», conclut David Bruxelles.
– Le bilan en chiffres
16 192 participants (contre 14 830 en 2013), dont 42% hors Lille Métropole Communauté urbaine ; 195 exposants et partenaires (+18%) ; 1 125 participants à la Nuit du salon Créer ; 35% des visiteurs viennent sur le salon à la recherche d’une idée ; 29% sont porteurs de projet ; 25% sont chefs d’entreprise et créateurs.
Signature du 3e PRCTE et du Plan d’action pour le développement et la promotion de l’entrepreneuriat féminin
Cette 8e édition a été l’occasion pour les acteurs économiques de signer le 3e Plan région création transmission d’entreprise (PRCTE), initié par la Région et ses partenaires. Sur la période 2014-2020, le plan permet une nouvelle fois d’accompagner les créateurs. «Notre taux de mortalité des entreprises est très inférieur au taux moyen car elles sont bien accompagnées. Nous avons 120 équipes sur l’ensemble du territoire au service des entrepreneurs», a rappelé Pierre de Saintignon, 1er vice-président du conseil régional Nord-Pas-de-Calais chargé du développement économique et de la formation permanente. Car si le Nord-Pas-de-Calais a connu un boom des créations d’entreprise – 209% de croissance depuis dix ans –, le territoire n’est «que» la 6e région de France en nombre de créations. Position que les acteurs économiques locaux voudraient bien voir évoluer depuis plusieurs années.
Le Boosteur d’innovation pour entreprendre (BIPE) de la BGE
BGE Hauts de France a profité du salon pour lancer son BIPE, un serious game pour booster l’innovation des créateurs d’entreprise en les incitant à trouver des idées neuves pour enrichir leur projet. Ils se baladeront, au fil du jeu, dans différents mondes : adaptation aux rythmes de vie, économie du partage, enchantement du client… A la fin, le BIPE présente une cartographie des centres d’intérêt. Attention, le BIPE est réservé aux créateurs suivis par les BGE Hauts de France.