E-Valley : d'une base militaire au plus grand parc logistique d'Europe
Propriété du groupe immobilier parisien Castignac, le gigantesque projet e-Valley, à cheval sur quatre communes et deux départements, s'étend actuellement sur 320 hectares. Conditionnement, transport, offre de formation... à horizon 2030, il avoisinera le million de mètres carrés et 3 500 emplois.
D'un bout à l'autre du parc, quasiment
4 kilomètres à traverser, sur les routes de l'ex-piste de décollage
de la base aérienne. Inauguré en 2021 avec une première phase de
124 000 m2, le parc e-Valley n'en est pas encore à son
apogée. Situé sur l'ancienne base militaire 103 de Cambrai, ce
géant de la logistique semble ne pas avoir de limites. «Ici,
nous sommes situés sur quatre villes : Haynecourt, Epinoy,
Sauchy-Lestrée et Sancourt ; et sur deux communautés
d'agglomération : celle de Cambrai et celle d'Osartis-Marquion. Le
projet est unique en Europe de par son ampleur avec à terme, 1
million de m2
de bâtiments logistiques soit l'équivalent du port du Havre mais
sur deux fois moins de surface»
détaille Fabrice Galloo, directeur du développement.
Porté
par l'homme d'affaires David Taïeb, fondateur de la foncière
familiale BT Immo (Paris) et le fonds privé canadien Brookfield, le
projet compte huit bâtiments dont la livraison va s'échelonner
jusqu'en 2030. Ancienne base qui a pu compter plus de 3 000
militaires, bombardée en 1914 et en 1939, prise deux fois par les
allemands, e-Valley est forcément un lieu empreint d'histoire. «On
a voulu garder la tour de contrôle comme bâtiment emblématique.
L'ancienne maintenance aéronautique a été transformée en
entrepôts pédagogiques pour le groupe AFTRAL (Apprendre et se
Former en TRAnsport et Logistique) et on peut y passer des
certifications de permis de conduire en cycle court. Et juste en
face, on y a mis un ancien avion militaire»
rappelle Fabrice Galloo.
Une
première phase de 320 hectares
La majorité du site sont déjà sortis de terre (et tout est déjà rempli) : l'impressionnant bâtiment A de 700 mètres de long sur 100 de large – c'est le plus grand du parc – est loué par Haddad Brands Europe et emploie 350 personnes. Sortent de ce gigantesque entrepôt ultra-sécurisé, du textile pour les 0-12 ans, sous licences de marques (Nike, Disney, Ralph Lauren...) à raison de 55 000 pièces par an. A l'intérieur, 11,5 millions d'euros investis dans 93 robots d'Exotec – ce qui en fait l'un des plus importants sites industriels de la licorne régionale.
«Le coeur battant du site, c'est la formation»
Parmi les autres locataires d'e-Valley,
on compte Bils Deroo, Axdis, GXO ou encore C-Log. On y retrouve par
exemple l'expédition des collections de la Redoute Interiors et de
sa marque AMPM. A horizon 2025, La Redoute projette d'ailleurs de se
faire livrer
7 000 containers par an, le plus possible par voie fluviale. Et en
début d'année prochaine, ce sera au tour d'AB InBev, le groupe
brassicole belge, de s'installer.
«On
attend un autre permis d'aménager pour débuter les travaux au
premier trimestre 2025, avec l'objectif de commencer par un bâtiment
qui accueillera un restaurant inter-entreprises au rez-de-chaussée,
l'école de la supply chain Isteli, une filiale de l'AFTRAL qui
formera jusqu'au bac + 5, ainsi qu'un incubateur de start-up et une
chaire de recherche, Tec-LOGd, de l'Université Polytechnique
Hauts-de-France. Le tout, pour une livraison en 2026. Le cœur
battant ce site, c'est la formation».
Pour
l'instant, e-Valley compte 1 500 emplois et devrait, à terme,
employer 3 500 collaborateurs. Seul bémol à ce jour, le manque de
dessertes en mobilités douces. Mais les promoteurs y travaillent :
«Nous travaillons à
des dessertes de transports
en commun, avec la collectivité de Cambrai, pour venir directement à
e-Valley»
espère Fabrice Galloo. 700 000 m2
de panneaux photovoltaïques, au sol et sur les toits des bâtiments
ainsi que des ombrières de véhicules légers et de véhicules
lourds, de la géothermie et de la méthanisation seraient aussi dans
les tuyaux pour un horizon 2028. «On
vise à produire plus d'électricité verte que l'on en a besoin et
on pourra la renvoyer sur la communauté d'agglomération»
détaille-t-il.
Objectif
2030 : près d'un million de mètres carrés
Entouré de quatre autoroutes – l'A1,
A2, A21 et A26 – e-Valley est aussi en bordure du Canal Seine Nord
: avec l'emprise foncière du Port de Marquion, 150 hectares
supplémentaires viendront compléter le site. «On
a travaillé avec la Région et les territoires pour rapprocher le
port de Marquion, dont l'emprise était beaucoup plus au sud, à
l'origine. On l'a rendu mitoyen à e-Valley.»
De part sa localisation, l'ambition d'e-Valley est forcément la
multimodalité mais comment faire quand le foncier coûte de plus en
plus cher et devient de plus en plus rare ?
Pour
Fabrice Galloo, l'avenir est dans la réflexion sur la construction
des bâtiments : «Nous
sommes des promoteurs immobiliers et des investisseurs. Notre focus,
c'est le bâtiment. Le transport et la manière dont sont envoyés
les colis sont gérés par les locataires. Ce qu'ils viennent
chercher ici, c'est un prix au mètre carré, bien plus intéressant
qu'à Paris ou en région lyonnaise : jusqu'à 20% moins cher. Sur la
partie construction, nous suivons les normes Breeam Very Good ou
Breeam Excellent et le pilotage des fluides doit être le plus
économe possible. Mais il est certain qu'avec les lois ELAN et ZAN,
on aura tendance à en acheter moins en emprise au sol et de
construire plutôt en hauteur».