Rencontre avec Pascal Dupont, son dirigeant
Dupont Restauration entre inquiétude, adaptation et espoir
Basé à Libercourt, Dupont Restauration est devenu au fil des années un des leaders nationaux sur le marché de la restauration collective avec 280 M€ de chiffre d'affaires et 3 500 salariés. Face à la crise de l'énergie qui sévit, l'entreprise régionale tente tant bien que mal de résister. Rencontre avec son dirigeant, Pascal Dupont.
Si le groupe nordiste, fondé en 1952 à Faches-Thumesnil par le père de l'actuel dirigeant, Pascal Dupont, avait à l'origine la casquette de traiteur événementiel, il a depuis fait de la restauration collective son cœur de métier. Aujourd'hui, Dupont restauration délivre 650 000 repas par jour, ce qui fait du groupe le cinquième acteur français du marché. Derrière le scolaire (écoles-collèges-lycées) qui représente 40% du chiffre d'affaires, suivent les EPHAD, les établissements médico-sociaux, les cliniques privées et hôpitaux publics, mais également des entreprises et des associations. «Nous réalisons 50% de notre chiffre d'affaires pour le secteur public et 50% pour le secteur privé», résume le chef d'entreprise.
Avec trois cuisines centrales en Hauts-de-France implantées à Libercourt, Bailleul et Gravelines, ainsi qu'une gestion directe sur site assurée pour de nombreuses structures, le groupe couvre l'ensemble du territoire régional, du littoral à l'Avesnois. Grâce à un maillage national qui a porté ses fruits, Dupont Restauration est aujourd'hui quasiment présent dans l'ensemble des régions de l'Hexagone. Au 1er septembre dernier, un contrat de six ans a notamment été signé avec la Ville de Nîmes, représentant quelque 8 500 repas livrés par jour.
Flambée des prix
Si le marché de la
restauration collective a un «potentiel important»,
il est néanmoins frappé de plein fouet par la crise de l'énergie
qui sévit. «Notre budget énergie devrait être multiplié
par trois voire par quatre cet hiver», alerte le dirigeant qui a d'ores et
déjà affiché une charte d'écogestes dans l'ensemble de ses
cuisines centrales et ses bureaux. Tout comme l'ensemble des acteurs
de la restauration collective, le groupe Dupont est confronté à une
hausse du prix des denrées alimentaires de l'ordre de 13 à 15%. «Nous
avons beaucoup de mal à répercuter la hausse des prix sur nos
clients. Les collectivités refusent malheureusement de négocier, ce
qui est un peu scandaleux, et je pense que de moins en moins
d'entreprises de restauration collective répondront aux appels
d'offres, confie le chef d'entreprise qui ne cache pas son
inquiétude. L'année à venir s'annonce déjà très
compliquée, notre secteur est loin d'être épargné par la crise.
La priorité cette année est de ne pas perdre d'argent et de
diminuer comme on peut nos coûts de production.»
"Toujours à l'affût de nouvelles opportunités"
En 2020, le groupe a
racheté la PME concurrente Restauval, basée en Touraine, qui
affichait alors 30 M€ de chiffre d'affaires. En juin 2022, la
stratégie de croissance externe s'est poursuivie avec l'acquisition
d'Armor cuisine (11 M€ de CA) en région parisienne. Malgré le
contexte, Dupont restauration ne veut pas faire de croix sur ses
projets de croissance externe. «Nous regardons encore, nous
sommes toujours à l'affût de nouvelles opportunités», explique Pascal Dupont, également vice-président du Syndicat
national de la restauration collective (SNRC).
50 profils recherchés en Hauts-de-France
Comme de nombreux
secteurs d'activité, le cinquième acteur français de la
restauration collective est confronté à une pénurie de main d'oeuvre. Le groupe compte à ce jour 200 postes non
pourvus à l'échelle nationale, 50 postes en région. «Nous
ne recevons pas de candidatures, c'est du jamais-vu», regrette le dirigeant. Malgré le contexte de crise et de pénurie de
candidats à l'emploi, Dupont restauration affiche un chiffre
d'affaires 2022 en progression et espère en 2023 suivre la même
tendance. Mais il faudra, comme tous les acteurs du secteur, se
serrer les coudes cet hiver...