Diagast, l'infiniment petit au service de la sécurité transfusionnelle

Elle a été la toute première entreprise à s'implanter sur le parc Eurasanté il y a 35 ans et s'étend aujourd'hui sur près de 11 000 m². Depuis, elle a agrandi ses locaux en 2018 et envisage une nouvelle extension, probablement l'an prochain. Diagast, 200 salariés et une prévision de 55 M€ de chiffre d'affaires à la fin de l'année, confirme sa place d'acteur majeur mondial en immuno-hématologie.

«Nous sommes la seule entreprise française à imaginer et à produire des réactifs et automates pour la détermination des groupes sanguins. On assure la sécurité transfusionnelle. Nous ne sommes pas des chirurgiens mais si on fait mal notre travail, des gens meurent» explique sans détour Olivier Brolli, président directeur général depuis septembre 2021.

Un patrimoine cellulaire unique au monde

Sur sa première activité de bioproduction, Diagast est le second producteur mondial d'anticorps monoclonaux liés à la l'immuno-hématologie (derrière l'américain Merck Groupe, ndlr). Chaque année, l'ETI loossoise produit 8 000 litres d'anticorps qui permettent ensuite de déterminer la compatibilité des groupes sanguins. Diagast possède un patrimoine cellulaire – et unique – de 44 clones, à partir desquels elle fabrique toute une gamme d'anticorps monoclonaux.

Cette bio-production, qui fait la valeur ajoutée de l'entreprise, lui permet même de la vendre à... ses concurrents. «On vend ces anticorps à l'ensemble de nos concurrents pour leurs diagnostics car ils ne possèdent pas cette bioproduction. En fait, on fournit et on produit pour nous mais également pour eux» poursuit le président directeur général.

Toute la chaîne de valeur – de la production d'anticorps jusqu'aux systèmes de diagnostics – offre à Diagast une position de leader sur le marché européen. «Nous faisons partie des lauréats de l'appel à projets 'Industrialisation et capacités santé 2030', du plan France Relance 2030, pour lequel nous avons obtenu 6,5 M€ de l'Etat français (sur un projet d'un coût global de 20 M€, ndlr). Notre objectif ? Devenir l'entreprise qui garantit la sécurité sanitaire sur la transfusion. En France».

La biotech entend multiplier par quatre ses capacités de bioproduction, actuellement de 120 000 litres de surnageant par an. Un nouveau bâtiment, dont les travaux commenceront en fin d'année, accueillera six nouvelles lignes de production. «On va également pouvoir collecter l'ensemble des datas pour une meilleure traçabilité» poursuit Olivier Brolli.

La seconde activité de Diagast, les diagnostics, concentre 60 à 70% du chiffre d'affaires, à travers trois typologies : la gamme liquide, la gamme «point of care» – qui détermine en quelques secondes le groupe sanguin du donneur et du receveur, directement au pied du lit du patient – et les systèmes automatisés. «C'est l'industrialisation des tests manuels. Nous proposons ces automates aux grands laboratoires et aux banques de sang et on s'affranchit de l'erreur humaine.»

EFS, actionnaire majoritaire de Diagast

Diagast réalise 70% de son chiffre d'affaires à l'export ; parmi son millier de clients, des laboratoires, des hôpitaux, des banques de sang... dans une centaine de pays. L'EFS (Etablissement Français du Sang) est d'ailleurs son actionnaire majoritaire. À Loos, 200 collaborateurs se partagent deux sites et l'entreprise possède également un site à Bordeaux, via le rachat en 2014 de la start-up ABO Diag, avec une vingtaine de salariés. «Dans nos métiers, les compétences et les ressources sont rares. Certes, nous avons un patrimoine mais surtout, des femmes et des hommes investis pour les patients» abonde la directeur général.

Avec une croissance de l'ordre de 13% en 2022, puis de 20% en 2023, Diagast dépasse déjà les objectifs qu'elle s'était fixée cette année, avec 55 M€ de chiffre d'affaires (contre 50 estimés). L'ambition pour 2030 est d'atteindre les 300 M€ et de doubler la taille de l'entreprise.