Patrimoine
Des enquêtes historiques sur smartphone : le pari gagnant de la start-up Atlantide
Réconcilier les ados avec l'histoire de France et les vieilles pierres... via des intrigues à résoudre sur smartphone : c'est le pari d'Atlantide, qui propose des solutions taillées sur mesure pour le petit patrimoine et l'éducation. Trois questions à Romain Aymard, fondateur d’Atlantide.
Picardie La Gazette : Quel service propose votre start-up, en conjuguant technologie et passion pour l'histoire ?
Romain Aymard : Nous avons créé Altantide en 2015, à Montpellier, et l'entreprise compte maintenant cinq salariés. En 2019, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 100 000 euros. Nous proposons des jeux enquête basés sur des faits historiques, accessibles via smartphone. Cette offre s’adresse à un public familial, aux enfants à partir de 8 ans, mais aussi aux adolescents et aux jeunes adultes.
L'expérience permet d'apprendre en s'amusant et séduit un public habituellement difficilement accessible aux acteurs du patrimoine et du tourisme. En plus de toucher ces publics, le numérique offre de nombreuses possibilités techniques. Comme le fait d'intégrer des archives, ou, avec la géolocalisation, de développer la dimension immersive du jeu : le smartphone vibre, lorsque son porteur passe près d'un indice...
Nous proposons plusieurs formules. Nous pouvons réaliser entièrement le jeu. Ou alors, nous fournissons l'accès à notre plate-forme technique à partir de laquelle nos clients développent leur propre enquête, une offre très accessible.
Les musées constituent-ils vos principaux clients ?
Nos interlocuteurs principaux sont des acteurs du tourisme et du patrimoine, des villes, des musées, ou des offices du tourisme qui cherchent des solutions de médiation. C'est le cas, par exemple, du château de Chantilly, et aussi du musée Fabre à Montpellier, ou encore de l'office du tourisme de Reims et de celui de Blaye (Gironde).
Depuis peu, nous travaillons aussi avec le Centre des Monuments Nationaux. Mais nous avons aussi des clients parmi des acteurs du petit patrimoine. C'est le cas de l'office du tourisme de Rethel, un village de 9 000 habitants dans les Ardennes. Il a créé un jeu autour d'un séjour que Verlaine a réalisé dans la commune, à partir de notre plate-forme : le joueur doit retrouver les textes que le poète s'est fait dérober…
Mais nous travaillons aussi avec le secteur scolaire, par exemple avec un collège de Thiers (Puy-de-Dôme) : nous formons les enseignants à notre plate-forme, le Studio, afin qu'ils puissent encadrer les élèves. Ceux-ci élaborent alors leur propre jeu, sur un sujet comme Georges Sand ou la Résistance. Ceux qui n'allaient à la bibliothèque qu'à reculons deviennent des passionnés...
Quelle a été la réaction des acteurs du tourisme à la crise, et comment voyez-vous le futur d'Atlantide ?
À cause de la pandémie, certains des projets que nous devions lancer ont été mis sur pause : les acteurs du tourisme et du patrimoine, dont l'activité était stoppée, étaient tétanisés. En revanche, depuis l'automne dernier, les projets sont repartis. J'ai l'impression qu'une dynamique nouvelle s'est enclenchée.
À l'exception du petit patrimoine, avant la crise, le secteur vivait un peu sur ses acquis. À présent, il a réalisé qu'il devait se renouveler. Nous voulons continuer à développer notre activité, en particulier avec le petit et moyen patrimoine, et dans la France entière.
Cela sera facilité par le fait que les modalités des marchés publics, qui les rendaient difficiles d'accès pour une structure comme la nôtre, ont été assouplies. Sur le marché de l'éducation, nous entrons dans une nouvelle phase : nous avons gagné l'appel à projets numérique d’Île-de-France "Lycées’ UP" et nous allons travailler avec sept établissements, soit 350 élèves environ. Dans l'équipe, nous sommes vraiment passionnés par ce que nous faisons. Si nous parvenons à continuer sur une bonne dynamique, c'est le job rêvé !