Apiculture

Découvrir le monde des abeilles grâce au Complexe apicole

Hors Covid, 10 000 visiteurs viennent chaque année dans l’entreprise de Chavignon, pour découvrir le métier d’apiculteur et l’univers incroyable qu’est celui des abeilles. Une passion que transmet le maître des lieux, Jean-François Villaire.

Jean-François Villaire est apiculteur depuis 50 ans. ©Aletheia Press/ Emma Castel
Jean-François Villaire est apiculteur depuis 50 ans. ©Aletheia Press/ Emma Castel

Il a troqué sa combinaison blanche pour une jolie chemise. Mais ses mains le trahissent : rugueuses, recouvertes de taches brunes de propolis et de quelques piqûres. « En ce moment, je suis en plein élevage de reines, alors je travaille à main nue, je peux avoir jusqu’à 50 piqûres par jour », sourit Jean-François Villaire. L’apiculteur a l’habitude d’être « marqué par les abeilles » et cela ne lui fait plus rien.

Le dirigeant du Complexe apicole, à Chavignon, petite commune à équidistance entre Laon et Soissons, a 50 ans d’apiculture derrière lui. Et une histoire intimement liée aux abeilles, puisqu’il est la quatrième génération à faire ce métier. Son père, surtout, lui a transmis cette passion, « je passais tout mon temps libre avec lui dans les ruches, aussi loin que je me souvienne, je voulais faire comme lui ». À l’époque, il n’y avait pas de formation, ni d’école, alors Jean-François Villaire fait des études d’expert-comptable. Un choix pragmatique, dans l’optique de reprendre un jour l’entreprise de son père. Ce qu’il fait à la fin de l’année 2000.

Jean-François Villaire perpétue une passion familiale. ©Aletheia Press/ Emma Castel

La transhumance des abeilles

Aujourd’hui, l’apiculteur possède 800 ruches et perpétue l’activité de transhumance développée par son père dans les années 80. Il envoie ses abeilles sur une trentaine de terrains dans toute la France, chaque année, pour varier les miels. « Dans le Sud-Ouest, ce sont les tournesols, au-dessus de Lyon, l’acacia, et dans le Sud-Est, la lavande. »

Fin mars, début avril, les ruches sont transportées par camion, pour les distances qui peuvent se faire en une nuit, et par camion frigorifique pour les destinations les plus lointaines. Sur place, des apiculteurs lui indiquent où en sont les abeilles, mais Jean-François Villaire utilise désormais la high tech. Sur son téléphone, une application l’informe sur le cycle de vie de la colonie.

Cette technologie est développée par une start-up axonaise, Hostabee. Des capteurs dans la ruche, mesurent, en temps réel, sa température et son taux d’humidité. « Si la température est élevée et que le taux d’humidité est faible, cela va veut dire par exemple, que les abeilles sont inactives. Cette application est vraiment importante, car elle nous permet d’être réactifs en cas de problème et d’anticiper », explique Jean-François Villaire.

La visite fait découvrir le métier et le monde des abeilles. ©Aletheia Press/ Emma Castel

Une année 2021 difficile

Mais cette année, il y a eu peu de transhumance. « Il n’y a pas assez de fleurs et donc de pollen pour les abeilles, à cause des mauvaises conditions météo du printemps, il a beaucoup plu avec des fortes gelées tardives. On espère rattraper notre miellée avec la luzerne, dans la Marne. »

La floraison des tilleuls, le miel dont c’est la spécialité ici, notamment grâce à la forêt de Saint-Gobain, a aussi été problématique. « Nous avions fait une très bonne récolte en 2020, donc cette année, même si c’est une mauvaise année, l’essentiel est de garder les cheptels en bon état. » Notamment contre le plus grand ennemi de l’abeille : les frelons asiatiques, de plus en plus nombreux en France et en Picardie. Ils tuent les abeilles, mais les déstabilisent également, « elles ne vont plus au champ, par peur ».



Les visites au Complexe apicole

Les premières ruches, dans un tronc d’arbre ou en paille, étaient utilisées dès 750 avant JC. ©Aletheia Press/ Emma Castel


L’entreprise s’est ouverte au public en 1984. « Mon père a créé "Les Ateliers de l’abeille", explique Jean-François Villaire, il ne voulait pas que l’on donne le nom de musée, car ici, rien n’est figé, l’idée est de montrer comment l’apiculteur travaille. »

Cet espace, entièrement à l’extérieur en raison de la crise sanitaire, propose de remonter le temps. Des premières ruches, dans un tronc d’arbre ou en paille, à l’arrivée de la ruche moderne en 1850. Il est également possible d’observer les abeilles dans leur ruche, à travers une vitre, et admirer leurs fameuses "danses du 8", qui indiquent aux congénères où trouver précisément des fleurs à butiner. La visite se poursuit par des panneaux expliquant comment le miel est récolté et mis en pot et se termine par une dégustation et un tour dans la boutique.

Les Ateliers de l’abeille sont ouverts de 9 h à 11 h, et de 14 h à 17 h, sauf le mardi, le dimanche et les jours fériés. Ils seront fermés entre le 8 août et le 22 août. La visite libre est gratuite, et avec l’audio-guide, 1 euro par famille. Les visites guidées en groupe sont possibles sur réservation : 03.23.21.61.62, www.complexe-apicole.fr.