De la Silicon Valley à la capitale des Flandres

Après les Etats-Unis, l'Amérique Latine et l'Afrique, l'école «alternative» de développeurs.ses en informatique arrive dans les Hauts-de-France pour implanter un nouveau campus. Si le lieu n'est pas encore défini – les fondateurs s'intéressent de très près à Euratechnologies –, on sait que la prochaine rentrée aura lieu en janvier 2021.

Le campus de Tulsa, aux Etats-Unis.
Le campus de Tulsa, aux Etats-Unis.

Pas de cours théorique, mais que la pratique. Un recrutement sans entretien, mais avec des challenges à réaliser pour montrer sa motivation. Holberton School navigue à contre-temps des circuits classiques. Mais ses 1 900 étudiants trouvent un job pour 99% pour d’entre eux à l’issue de leur formation qui dure entre un et deux ans. Car le secteur de l’informatique peine à recruter : en Hauts-de-France, 2 000 postes de développeurs sont créés chaque année et seuls 500 sont pourvus ; un nombre en augmentation chaque année de 15%. Derrière ce manque, une absence de formation, mais pas de profils, puisque le numérique attire. «On mise sur l’accessibilité. Il n’y a pas de connaissance attendue à l’admission ni de niveau académique. On ouvre les portes au maximum» explique Benjamin Dhellemmes, co-fondateur d’Holberton Hauts-de-France. Autre spécificité de l’école née dans la Silicon Valley en 2016 : l’étudiant ne paie aucun frais de scolarité tant qu’il n’a pas trouvé d’emploi. Les 6 120€ annuels sont assurés par les partenaires bancaires de l’école qui doit son nom à Elisabeth Holberton, l’une des six programmeuses de l’ENIAC, le premier ordinateur créé par l’armée américaine en 1943. Imaginée par deux ingénieurs français, Julien Barbier et Sylvain Kalache, l’école compte aujourd’hui 15 implantations dans 9 pays. Et si les deux fondateurs ont choisi les Hauts-de-France, c’est à la fois pour son vivier économique, son lien avec la French Tech et son bassin de population. L’école 100% online sera suivie d’un campus physique dont on ne connaît pas encore la date ni le lieu précisément.

Une «expertise tech et humaine»

Neuf mois de fondamentaux sur le langage, la programmation, le fonctionnement des machines, puis des spécialisations en trois mois (développement web) ou en neuf mois (réalité virtuelle, IA, block chain…). «Nos formations sont conçues avec les besoins du marché. Les étudiants vont apprendre du savoir-faire utile en entreprise et dans leur vie», explique Benoît Denot, co-fondateur de l’école en région. Pas de cours théorique donc mais des études de cas avec les partenaires régionaux (OVH, ÏDKIDS, Vade Secure…). Trois promotions d’une cinquantaine d’étudiants sont prévues en janvier, juin et septembre, avec rapidement une montée en puissance. Si la moyenne d’âge est de 28 ans, Holberton School a le mérite de compter 30% de femmes dans ses effectifs (alors que l’informatique ne compte que 5 à 7% de femmes), des étudiants allant de 18 à 58 ans, dont deux-tiers en reconversion professionnelle. C’est le cas de Laura Roudge qui a débuté sa formation à 23 ans après une carrière artistique et qui est aujourd’hui développeuse Web en CDI chez Deezer : «J’ai appris à coder sur mon temps libre, je ne viens pas du tout de l’informatique ! Pas de cours ni de profs, uniquement des projets, pour moi qui ai besoin de tester par moi-même, c’était l’idéal.»

Démystifier le métier

Le campus de Tulsa, aux Etats-Unis.

Du côté des entreprises, le besoin est identifié comme témoigne Georges Lotigier, PDG de Vade Secure à Hem : «Nous avons besoin de codeurs avec un sens pratique très développé. L’industrie du logiciel pèse malheureusement très peu en France et pourtant nous avons besoin de codeurs. C’est dommage d’avoir de la difficulté à recruter, il faut décomplexer ce métier.» Le groupe compte recruter 75 personnes en 2021, dont 30 à Hem. Les inscriptions sont déjà ouvertes pour accueillir une trentaine d’étudiants pour la rentrée du 25 janvier prochain au sein de l’école Holberton.