De la cuve à la table
A peine inauguré le 3 mars dernier, et déjà le lieu devait fermer ses portes 13 jours après, Covid-19 oblige. Malgré une certaine impatience durant deux mois avant d'accueillir à nouveau les clients, Brique House a profité de la période pour expérimenter de nouveaux canaux de distribution, tout en instaurant sa marque dans le paysage brassicole régional.
1 550 m2 d’espaces à quelques minutes de Lille pour exprimer leur passion pour la bière1. Baptiste Dufossez et Joseph Timmermans ont savamment distillé l’ADN de la région au concept de tap room implanté dans 80% des brasseries américaines. A la fois espace de brassage, de dégustation, mais aussi de restauration, les tap rooms sont de véritables laboratoires ouverts pour tester des créations hors du commun. Ancien d’AB InBev France – 1er brasseur mondial avec des références comme Leffe, Hoogarden… –, Baptiste Dufossez s’est construit une culture bière au fil de ses expériences et a rapidement voulu créer sa propre brasserie. Avec son associé Joseph Timmermans, maître fermenteur, il imagine une brasserie moderne, innovante, qui «détraditionnalise le produit». «On a voulu sortir de l’image de la bière de garde avec ses moines et son abbaye», sourit Baptiste Dufossez.
Deux ans de réflexion, de travaux et un investissement d’1,2 M€ plus tard, Brique House voit le jour à Saint-André-lez-Lille (aux Halls de la Filature) avec un concept résolument moderne : une tap room où l’on peut déguster les pizzas de l’incontournable Papa Raffaele, tout en savourant les bières brassées sur place, avec de grands espaces intérieurs et extérieurs. «On a imaginé des pizzas qui collent au lieu, avec des ingrédients locaux. La clé d’entrée de Brique House, c’est évidemment la bière. Quand on brasse, on profite en même temps de l’ambiance de la salle. Ça sent le moult, l’expérience est très différente de celle d’un bar», explique Baptiste Dufossez. A mi-chemin entre la micro-brasserie et la brasserie artisanale, Brique House compte huit cuves de brassage, pour une capacité d’environ 2 000 litres brassés par jour.
Le «Briqueur», maître des lieux
Parce que le lieu a été contraint de fermer au bout de quelques jours avec l’annonce du confinement, les deux associés ont rapidement dû rebondir. Et qui dit modernité dit réseaux sociaux : aujourd’hui Brique House fédère une communauté de 5 000 followers (ou plutôt de «Briqueurs» !) sur Instagram et Facebook, dont un tiers acquis durant le confinement. Des adeptes qui ont également pu suivre Brique House TV (retranscription des brassages sur Instagram) ou participer au concours “Do it your Brique” (50 brasseurs amateurs ont proposé leur bière à l’équipe qui en retiendra une seule pour être brassée à Saint-André). «On a voulu être au plus proche de la communauté et nous avons proposé la livraison à domicile à partir de fin mars», détaille le gérant avant de poursuivre : «Cela rebat les cartes de la distribution car nous n’avions pas imaginé au départ ce canal de vente à l’origine de notre projet. Mais nous pensons le conserver à l’avenir et, aujourd’hui, on propose également un drive.» Plus d’un millier de personnes ont été livrées sur deux mois. Une belle performance qui légitime la place de Brique House dans un univers fortement concurrentiel.
Les deux associés proposent aujourd’hui deux gammes : les éphémères avec les Experimental Beers (une nouvelle bière brassée chaque mois en quantité limitée) et les Forever Beers, une gamme permanente, élue par les Briqueurs au sein de la gamme éphémère. Et Baptiste Dufossez de confirmer l’essor de la bière : «Aujourd’hui il y a une alternative sur la bière, un produit plus accessible que le vin. Clairement, la bière prend des parts de marché sur le vin, tout en cassant les codes.»
1. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.