"Chaque territoire mérite de l'attention"
Après une première édition en 2017, la convention d'affaires internationales liée à la troisième révolution industrielle (TRI), Rev3Days, revient avec une volonté toujours plus forte d'inscrire les Hauts-de-France dans une démarche résolument tournée vers l'avenir. Philippe Vasseur, président de la mission rev3, revient sur cette unité régionale, qui fait toute la différence.
La Gazette : Quel bilan tirez-vous de la première édition des rev3days ?
Philippe Vasseur :
Cette idée est née de Didier Coppin, directeur rev3 et développement durable.
Cette convention d’affaires a trois objectifs : mettre en contact les
interlocuteurs concernés, exposer les réalisations de la TRI et
proposer des colloques et des tables rondes. Nous attendons 1 200 participants
et 750 rendez-vous business sont programmés.
Quelles sont les
nouveautés ?
Nous cherchons une connotion extrarégionale et même internationale. Des participants viennent d’autres pays, et nous avons un pays “invité” : la Pologne. En effet, la région de Gdańks s’est montrée intéressée par la démarche de la TRI et a pris contact avec nous pour participer aux rev3days. Ce qui est aussi complètement nouveau, c’est la présence des 14 territoires démonstrateurs en Hauts-de-France1 : le but n’est pas de tenir compte d’une entité administrative mais de se baser sur la volonté des acteurs qui ont tous des projets de TRI. Ils présenteront leur territoire ainsi que les contacts qu’ils ont noués avec des entrepreneurs et des investisseurs potentiels.
Comment et
pourquoi un territoire s’implique-t-il dans rev3 ?
C’est à la fois pour rendre son territoire dynamique et pour changer le quotidien de ses administrés. En général, il s’agit de territoires dynamiques ou qui ont connu la deuxième révolution industrielle, à l’image de Fourmies, du Dunkerquois, du bassin minier…, et qui n’ont pas envie de rater la troisième ! Mais j’insiste : il ne doit pas y avoir de territoire laissé pour compte. Tout territoire voulant s’impliquer dans la démarche mérite de l’attention. La mission rev3 est la conjonction de services du Conseil régional et de la CCI. Nous travaillons aussi avec d’autres acteurs comme l’Ademe, la Caisse des dépôts… Nous sommes une mission de coordination entre les différents acteurs.
Que recherchent ces territoires ?
Du réseau, de l’expertise, de l’ingénierie, y compris financière. Mais nous ne nous substituons jamais aux territoires. Il faut une volonté à la base, c’est indispensable. Nous sommes là pour les accompagner et créer une synergie entre les territoires et les entreprises. Prenons l’exemple de la Picardie : il s’y passe des tas de projets, que ce soit avec l’université Jules Verne d’Amiens – nous y organisons d’ailleurs un colloque universitaire en juillet 2020 –, Amiens Métropole ou encore l’UTC de Compiègne, qui est un vrai bijou. C’est à nous de montrer que l’on peut tirer parti de la fusion, au bénéfice de tous les territoires. Nous sommes dans une logique de projets et non pas de domination.
La TRI est-elle aussi un levier de développement économique ? On voit plusieurs start-up se créer dans le domaine…
Notre rôle d’incitation n’a pas été neutre et nous avons anticipé les évolutions technologiques mondiales. Notre ADN ? Informer et éclairer, mais les entrepreneurs eux-mêmes doivent faire preuve de leur engagement. On voit en effet arriver un certain nombre de projets attirés par la région ainsi que des grands acteurs institutionnels impliqués dans la démarche.
On parle de 46 600 emplois supplémentaires d’ici 2050 dans le domaine de la TRI.
Je me refuse à donner des chiffres, même si, bien sûr, on peut faire des prévisions chiffrées. Oui, la méthanisation représente 800 emplois et, en 2030, en représentera 11 000. Maintenant, dire exactement combien d’emplois seront préservés, transformés ou créés, c’est un exercice auquel je ne me risquerais pas. Personne ne peut dire ce que sera l’économie dans 10 ans, mais on peut tout de même prévoir sur le court terme les métiers en tension et identifier les besoins.
Justement, quels sont-ils ?
Nous essayons de monter, sur la volonté du président de Région Xavier Bertrand, une école des métiers rev3. Il ne s’agira pas de créer un nouveau bâtiment mais de mettre en réseau les formations existantes et de voir les formations qui ne correspondent plus aux nécessités. On note tout de même des besoins croissants dans les métiers liés au numérique, aux énergies renouvelables, à l’économie circulaire, au BTP…
Quels sont les projets structurants pour 2019 ?
Je pense notamment à l’implantation
d’une raffinerie nouvelle génération, mais qui n’est pas encore totalement
conclue. Mais aussi à une unité d’hydrogène sur le port de Dunkerque. Sur les
10 chantiers structurants que
nous avons identifiés, notre objectif est qu’il y ait un projet par chantier. Sur
les 14 territoires démonstrateurs, on aimerait plusieurs projets pour 2019.
Les Hauts-de-France font-ils des émules en France ou
d’autres pays ?
Nous avons été contactés par le grand-duché de Luxembourg, par l’agglomération de Rotterdam, par la région autour de Gdańks mais aussi par d’autres régions françaises, à l’image de la Corrèze ! Il n’y a pas de territoire exclu, c’est intéressant de voir qu’un territoire rural se pose ce type de questions. La grande différence, qui fait notre originalité et qui, pour le moment, n’est pas reproductible, c’est notre vision collective, mise en œuvre à droite comme à gauche, par le monde politique, économique et universitaire.
- Le territoire dunkerquois (3 pôles), Roubaix, la CC Pévèle-Carembault, Valenciennes Métropole, Fourmies, CA Saint-Quentinois, CC du Sud de l’Aisne, CC Oise picarde, Amiens Métropole, CU Arras, PM Artois, Pays de Saint-Omer.