Cevinor dans l'Avesnois s’y prépare activement

Yves Carpentier, directeur général de la coopérative et de ses filiales, constate toutefois le décalage entre le discours politique et la réalité des marchés publics.

Yves Carpentier, directeur général de Cevinor. La viande conventionnelle reste son domaine de prédilection mais le petit groupe agro alimentaire basé dans l’Avesnois s’est engagé dans la filière bio, en pariant sur son développement dans le Nord, Pas-de-Calais.
Yves Carpentier, directeur général de Cevinor. La viande conventionnelle reste son domaine de prédilection mais le petit groupe agro alimentaire basé dans l’Avesnois s’est engagé dans la filière bio, en pariant sur son développement dans le Nord, Pas-de-Calais.
D.R.

Yves Carpentier, directeur général de Cevinor. La viande conventionnelle reste son domaine de prédilection, mais le petit groupe agroalimentaire s’est engagé dans la filière bio, en pariant sur son développement dans le Nord-Pas-de-Calais.

Cevinor, rappelons-le, est une coopérative d’environ un millier d’éleveurs bovins (soit un cheptel d’environ 40 000 animaux) qui vend des animaux vivants dans toute la France et à l’étranger. Basée à Haut-Lieu, près d’Avesnes-sur-Helpe, Cevinor dispose également, en Nord-Pas-de-Calais, d’unités de transformation et de commercialisation : une filiale d’abattage et de négoce de gros à Valenciennes (Agriviandes) et un réseau de vente (six «Boucheries du Bocage»). L’ensemble représente une centaine d’emplois.

Yves Carpentier, directeur général de la coopérative, insiste sur le fait que ce petit groupe, unique en son genre dans la région, travaille à 95% dans la filière conventionnelle, mais que la viande bio y a fait son apparition depuis une quinzaine d’années.

En 2010, la création de ce qu’il appelle un «club bio» − à l’initiative du Conseil régional et avec l’appui de l’association A Pro Bio − a fait apparaître un objectif issu des «Grenelle» : celui d’introduire dans la restauration collective, à hauteur de 20%, les produits issus de l’agriculture biologique.  

Des volumes en progression. «On espère, dit-il, que la part du bio dans la restauration collective, c’est-à-dire les cantines des lycées, collèges, maisons de retraite, centres hospitaliers, entreprises, atteindra 5 à 10% à l’horizon 2015. Nous nous y préparons. Depuis trois à quatre ans, nos éleveurs convertis en bio sont passés de 25 à 35 environ et le nombre des bovins commercialisés, de 50 en 2012 à 150 en 2014. Nos volumes de viande bio ont été multipliés par deux, même s’ils représentent encore une faible part de notre activité et une petite part du marché régional de la viande.»

Le directeur de Cevinor fait au passage une distinction entre l’approvisionnement des boucheries spécialisées de la métropole lilloise, qui, à l’écouter, se développe du fait de l’engouement des consommateurs, et l’approvisionnement des restaurations collectives.

Des freins. Concernant ces dernières, il ne cache pas, en effet, sa déception et constate le décalage entre la volonté politique affichée et les réalités des marchés publics qui n’accordent au bio que la partie hors marchés. Pour lui, ce n’est pas un problème de coût, mais tout simplement une absence de reconnaissance du bio en tant que tel. Peut-on parler d’une marginalisation ? «Le bio, dit-il, reste en général une affaire de convaincus, qu’ils soient élus, cuisiniers, intendants, gestionnaires…» Du coup, l’offre en bio se limite à des opérations ponctuelles. «Et ce sont souvent, note-t-il, les communes qui sont les plus ouvertes au bio, pour leurs écoles maternelles et primaires.» Plus facilement encore si elles ont gardé une gestion directe de leur restauration municipale (enfants ou aînés d’ailleurs).

Il reconnaît au passage que ce sont plus souvent les fruits et légumes qui sont demandés, plutôt que la viande. Pour l’instant…

Des projets. Pour le bio dans la restauration collective, Yves Carpentier attend donc des jours meilleurs. Cela dit, Cevinor s’y prépare, on l’a dit, et a même lancé deux projets. «Dans les 12 à 18 mois, on envisage de développer une offre de porc en bio. S’il y a une filière porcine régionale, le bio est quasi inexistant. On travaille pour cela avec deux coopératives spécialisées, une dans la Somme et une dans les Flandres, afin de développer une offre dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie.»

L’autre projet du groupe − qui ne concerne pas que le bio − a, lui, déjà commencé. «Entre septembre et mars, on va rénover et agrandir notre laboratoire de transformation de l’Avesnois, à Haut-Lieu, y faire venir l’atelier de découpe de gros de Valenciennes et réhabiliter en même temps la surface de vente, en la maintenant ouverte pendant les travaux… Cela représente un investissement d’1,4 million.»

Dans le domaine du bio, le projet vise à lancer des produits élaborés, de la charcuterie par exemple, et donc à ne pas rester dans la viande crue classique. Cevinor vise aussi le libre-service en magasins bio.