Calais : le port attend des retombées rapides de ses investissements
Après six années de travaux, le nouveau port de Calais est terminé. Livré le 5 mai dernier, il sera inauguré le 9 septembre et mis en service officiellement le 4 octobre. Entre l’augmentation du trafic et l’arrivée de nouveaux bateaux, le port de Calais promet d’être compétitif.
Le chantier d’extension du port de Calais, qui a demandé 863 millions d’euros et une main-d’œuvre de plus de 3 500 personnes, s’est achevé le 5 mai dernier. Un chantier colossal, pour lequel le port entend bien bénéficier de retombées rapides, comme l'a détaillé Jean-Marc Puissesseau, président du port de Boulogne-Calais à l'occasion d'une conférence organisée par le Cercle Côte d'Opale Synergie, le 30 juin. Imaginé depuis 2001, ce projet Calais port 2015 avait pour but de créer un nouveau bassin de 90 hectares facilitant la fluidité entre l’arrivée et le départ des différents bateaux.
Augmentation du trafic et nouveaux bateaux
«Les raisons existantes en 2002 pour construire ce nouveau port étaient l’arrivée de nouveaux bateaux et l’accroissement de la démographie anglaise, qui sont nos premiers clients», explique Jean-Marc Puissesseau. En effet, de nombreux ferrys traversent le Détroit chaque jour ; il faut compter environ 50 départs de voyageurs de Calais vers Douvres par jour, assurés par P&O et DFDS, et environ 45 millions de tonnes de marchandises qui traversent la Manche à l’année. Et d’ici 2030, le port de Calais devrait connaître une augmentation générale du trafic de 40%, et ce, malgré le Brexit et la Covid-19.
«Dès que les frontières seront ouvertes et qu’un grand nombre de personnes pourra être vacciné, le flux de touristes va revenir et la Côte d’Opale pourra en profiter, se réjouit Jean-Marc Puissesseau. Et quand on voit nos installations sur le nouveau port, ainsi que nos nouveaux bateaux, je pense que cela va concourir à atteindre un cap pour traverser la Manche.»
En effet, avec ce nouveau bassin, des ferries plus grands, faisant jusqu’à 245 mètres de long, pourront désormais accéder au port. Toujours dans de grandes proportions, grâce à toutes ces nouvelles infrastructures, la compagnie maritime DFDS mettra un nouveau navire à l’eau qui sera inauguré le 15 juillet prochain : le Côte d’Opale de 216 mètres de long. «On arrive à cinq bateaux P&O et trois bateaux DFDS. Au total dix bateaux qui font chacun cinq allers-retours, soit 50 départs, donc un départ toutes les demi-heures. Alors qu’en 2018 on avait neuf bateaux», détaille le président du port Boulogne-Calais.
Un port compétitif et concurrentiel
Côté fret, le port de Calais a souhaité valoriser sa carte du multimodal. Rappelons le, c'est le seul port de France à disposer d’un terminal ferroviaire. «Il est préférable d’avoir des remorques sur des trains plutôt que sur la route, constate Jean-Marc Puissesseau. Cela évite d’accentuer le CO2 et c’est un trafic très sûr et très compétitif.» D’ailleurs, une nouvelle ligne de fret voit le jour et ouvre le 12 juillet prochain : «la ligne vers Sheerness par DFDS». «Sans le nouveau port, le trafic transmanche était compromis, nous ne serions pas avec de nouveaux bateaux et les compagnies ne viendraient pas chez nous.»
Au sein du 1er port français de voyageurs et 2e port européen Ro-Ro (Roll-on/Roll-off), le nouveau bassin va renforcer l'attrait concurrentiel. «D’ici les prochaines années, le port de Calais sera à même de faire de nouvelles adhésions, exprime, plein d’espoir, Jean-Marc Puissesseau. Il pourrait y avoir huit zones d’embarquement. Je ne suis pas inquiet pour sa rentabilité, c’est un joyau de la Côte d’Opale. Grâce à ce nouveau port nous pouvons largement être compétitif.»
D’ailleurs, le port aux 96 823 000 euros de chiffre d’affaires en 2019 se projette dans l’avenir et souhaite préserver au maximum le littoral, avec deux buts : respecter l’enjeu écologique et le cadre de vie, en prenant en compte le critère environnemental.