Bercy veut mettre la commande publique à portée de PME
Bercy publie un guide pratique destiné à inciter les PME à participer aux appels d’offres publics. Un marché qui pèse 200 milliards d’euros et qui peut permettre de se doter de références séduisantes pour d’autres clients.
Un outil pour s’y retrouver dans les marchés publics. Le 25 octobre, à Bercy, a été présenté un guide pratique, « Chefs d’entreprise, osez la commande publique », destiné à aider les PME à affronter les démarches des marchés publics. Ces derniers représentent un marché de 200 milliards d’euros. En outre, pour Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Economie numérique, la commande publique constitue aussi un enjeu important pour les PME, en leur permettant de « renforcer leur crédibilité » auprès de leurs autres clients et investisseurs potentiels. « Malheureusement, les PME répondent trop peu à cause de la complexité de la démarche », estime Fleur Pellerin. D’après l’Observatoire économique de l’achat public, par exemple, en 2010, la part des PME dans les marchés publics représentait 27% en valeur, soit une part bien inférieure au poids de ces entreprises dans l’économie. Et les PME sont moins présentes sur les marchés les plus importants en termes de montant et de durée longue, ce phénomène étant plus sensible pour l’Etat. Le guide vise donc à « mettre fin aux préjugés concernant les marchés publics, à expliquer et à guider à toutes les étapes », explique Jean-Lou Blachier, le Médiateur national des Marchés publics, qui explique avoir recueilli une demande de « simplicité » auprès des chefs d’entreprises rencontrés depuis son entrée en fonction, fin 2012. Composé de 28 pages, le guide comporte également des flash codes : l’utilisateur qui les scanne avec son mobile accède à des fiches d’informations complémentaires, par ailleurs disponibles sur le site Internet de la Médiation. Et Bercy compte sur les syndicats patronaux et les chambres de commerce pour en aider la diffusion.
Les trois testeurs
Trois entrepreneurs, qui ont testé le guide en avant-première, ont témoigné de leur démarche, à Bercy. Pour le premier, la responsable d’une entreprise de deux personnes dans les Hauts-de-Seine, le guide est un « outil opérationnel ». « Nous avions plusieurs fois candidaté, mais sans aboutir. (…) Avec ce guide, nous nous sommes rendus compte que l’idée selon laquelle les marchés publics étaient fermés aux TPE était une rumeur », affirme-t-elle. Le dirigeant d’une PME de nettoyage écologique de 40 salariés, située en Seine-Saint- Denis, s’est également laissé convaincre. « Jusqu’à présent, je ne participais pas. Trop compliqué. J’avais l’impression que c’était toujours les moins-disants qui étaient retenus. (…) Je pensais aussi qu’ils n’allaient pas prendre le risque d’une petite PME de la Seine-Saint- Denis », raconte-t-il. Pour ce chef d’entreprise aussi, le fascicule est bien conçu, et il explique avoir rempli un dossier d’appel d’offre en « une demi-journée ». Le nouvel outil de Bercy pourrait bien faire aussi évoluer les pratiques des PME qui travaillent déjà avec les marchés publics. « Le guide accélère fortement le processus de simplification », estime le patron d’une grosse PME qui vend à l’Etat des vêtements professionnels. Dans l’entreprise, une personne s’occupe spécifiquement de ces appels d’offres. Avec ce guide, « on s’est dit que l’on pouvait former plusieurs personnes à cette démarche », explique ce patron.
Les acheteurs et la patrie
En parallèle, Bercy prépare un guide pour les acheteurs publics. « il s’agit de sensibiliser les acheteurs publics, leur démontrer qu’un achat responsable va dans le sens du ‘Made in France’, tout en respectant le Code des marchés publics », explique Jean-Lou Blachier. « L’esprit patriotique doit maintenant souffler chez les acteurs publics », a surenchéri Arnaud Montebourg. Le ministre du Redressement productif a notamment expliqué avoir demandé à la Direction générale de l’industrie de dresser une carte du monde des Etats qui ferment leurs marchés publics aux offres françaises, qui sera adressée aux acheteurs publics afin qu’ils « fassent la réciproque ». Plus largement, Arnaud Montebourg a annoncé une réforme du droit de la commande publique, qualifié de « chantier stratégique », mais sans en préciser le calendrier.