Implanté à Lille
Azfalte remet en selle les entreprises
Alors que les ventes de vélo avaient explosé tous les records post Covid (+134% sur la première semaine de déconfinement1), pour Azfalte, entreprise lilloise, enfourcher son deux roues n'est pas qu'une question de mode. C'est même un usage pour lequel les employeurs ont un rôle indispensable à jouer.
Evidemment, Jean-François Dhinaux se
déplace quasiment exclusivement en vélo et pour lui, c'est bien
plus qu'un mode de transport, c'est une façon de vivre : «Quand
on prend son vélo, on vit différemment : on réfléchit à son
impact, on ne mange plus de la même façon... Je ne dis pas qu'il
faut totalement abandonner sa voiture mais il faut savoir que plus de
60% des trajets en ville effectués en voiture ne font qu'entre 3 et
4 kms ! Ce n'est plus supportable pour la planète».
Ce
«passionné de
mobilités», qui
s'est longtemps mis au service des grands groupes pour les
accompagner dans leur transformation digitale, en est déjà à sa
cinquième création d'entreprise. La toute dernière, Azfalte, est
née de son expérience chez Mobivia (ex-Norauto) : «J'y
ai co-dirigé Via ID, le fonds d'investissement de Mobivia,
spécialisé dans les mobilités durables. On lui doit Altermoove,
Xee... et tout un tas de start-ups partout dans le monde. J'ai ensuite
eu l'idée de lancer une offre adaptée pour que les entreprises
puissent intégrer le vélo dans leur package de rémunération.
Encore aujourd'hui, les automobilistes pensent que les cyclistes sont
en train de se balader mais non, on se déplace pour aller
travailler, comme eux !».
Et
le fondateur de souligner qu'en Allemagne – pays où la part modale
est 4 fois plus élevée qu'en France –, on compte entre 2 et 3
millions de packages vélo en entreprise, contre... 50 000 en
France. Seulement 3% des trajets quotidiens sont effectués en vélo,
contre 12% chez notre voisin allemand.
Jusqu'à
100 vélos par flotte
Il y a donc des efforts à faire et le Plan de Mobilité du Gouvernement, via la Loi Orientation des Mobilités (2019), prévoit que cette part modale grimpe à 12% à horizon 2030. Si Jean-François Dhinaux considère cet objectif difficilement atteignable, il ne peut que prôner les efforts mis en place : «On est en forte croissance depuis le Covid et on a remis le vélo à sa place mais il faut surtout qu'en ville, circuler en vélo soit plus simple qu'en voiture.» Ce qui pêche en France selon lui, au-delà des infrastructures, c'est aussi le manque de revendeurs indépendants, souvent encore très présents dans certains pays utilisateurs du vélo.
La
PME propose donc une alternative aux voitures statutaires :
l'idée n'est pas de remplacer la voiture d'un commercial qui
parcourt la France avec un vélo mais de combiner par exemple, une
plus petite voiture avec un vélo à assistance électrique pour les
trajets plus courts. «L'essentiel de nos clients sont justement
ceux qui n'ont pas de voiture de fonction. Nous voulons être un
acteur de référence et de confiance pour les grandes entreprises
qui veulent décarboner leurs mobilités».
Domicile-travail : près de 30% du bilan carbone d'une entreprise
Azflate
travaille ainsi avec un minimum de trois à cinq vélos pour aller
jusqu'à une flotte d'une centaine de deux roues. Dans ce métier où
le volume est la clé de la rentabilité , il faut aussi faire preuve
de pédagogie : «Les trajets domicile-travail font partie du
bilan carbone de l'entreprise et ils peuvent représenter jusqu'à
30% pour les entreprises de conseil et de services. Mais le but, ce
n'est pas d'installer des vélos pour qu'ils restent dans un garage».
Puisqu'on
ne s'improvise pas cycliste du jour au lendemain, Azfalte met en
place des formations, prend en charge la gestion du risque et propose
une flotte de plusieurs centaines de références, choisies chez
des fabricants européens (et pour une valeur autour des 2 500€)
: Douze Cycles, Wayscral (dont le siège est à Villeneuve d'Ascq),
Voltaire ou encore Gazelle.
«On
se doit d'avoir un large panel car tout le monde n'a pas besoin du
même vélo. Pour chaque entreprise, on constitue un catalogue
électronique de 5 à 6 vélos à assistance électrique, qu'on livre
à chaque fois avec un gilet de sécurité, un casque et deux
cadenas». L'entreprise les met ensuite à disposition de ses
collaborateurs, gratuitement ou via une contribution. Globalement,
Azflate peut faire grimper le taux de cyclistes à 5 à 10% d'un
effectif (contre 2 à 3% avant son arrivée).
Une
offre spéciale J.O
La
PME a eu le nez creux : elle a créé un service spécifique de
location de moyenne durée (2, 4 à 6 mois), en prévision des
Jeux Olympiques, qui risquent de congestionner une bonne partie des
villes accueillantes : «Blablacar est né des grèves de 1999 et
du blocage du pays. Avec les J.O, les villes vont être bouchées
pendant quatre à six mois mais les entreprises auront besoin de
continuer de travailler dans des villes fermées à la voiture».
Des entreprises parisiennes ont d'ores et déjà pris les devants en
contactant Azfalte (l'Île-de-France reste son premier marché, ndlr).
Après
un ralentissement de l'activité en 2022, Azfalte a ajusté son
développement et ses équipes et est aujourd'hui à l'équilibre,
pour un effectif de 10 salariés, qui devrait doubler en 2024. «On
envisage de créer des antennes à Paris, Lyon et Toulouse
avec à chaque fois, un bureau, un atelier et un camion de livraison»
poursuit Jean-François Dhinaux dont l'objectif est aussi de faire
d'Azfalte une entreprise à mission.
1. Union Sport et Cycle