Au travail comme à la maison... ou presque !

Face à des organisations du travail de plus en plus nomades – amplifiées par le télétravail adopté par une majorité d'entreprises durant la crise de la Covid-19 –, les postes de travail en dehors du lieu habituel de l'entreprise deviennent très prisés.

"Nous voulons que les coworkers échangent entre eux leurs bonnes pratiques" explique Paul Toulemonde, créateur de La Maison du Coworking.
"Nous voulons que les coworkers échangent entre eux leurs bonnes pratiques" explique Paul Toulemonde, créateur de La Maison du Coworking.

Quand il a ouvert sa première adresse à Villeneuve-d’Ascq en 2014, le coworking en était à ses prémices (alors qu’aujourd’hui on compte une dizaine d’acteurs sur la MEL, ndlr). Depuis, Paul Toulemonde a étendu La Maison du coworking en dehors du territoire, pour ouvrir ses premières adresse en 2019 à Levallois-Perret, Orléans, Tours et Rennes. La dernière-née du concept a ouvert mi-juin, juste en face de la gare Lille-Flandres. «C’est ici l’un de nos plus petits espaces – 300 m2 tout de même –, mais qui répond aux besoins d’une clientèle qui se partage entre Lille et Paris», explique Paul Toulemonde, lui-même originaire de la région mais domicilié à Paris. Pour les autres adresses de La Maison du coworking, l’entrepreneur a plutôt misé sur des maisons de caractère, en dehors des centres-villes, à l’image de l’adresse de Marcq-en-Barœul, en bordure d’autoroute mais entourée de champs, ou de Bois-Grenier, en plein cœur des Weppes.

Surtout, Paul Toulemonde tient à un agencement intérieur subtilement pensé pour que chacun soit dans sa bulle, et à des espaces de vie communs ouverts à tous : «Ce n’est pas du coworking ultra-nomade. On peut parfois se perdre un peu dans la notion du mot ‘coworking’. Chez nous, cela correspond à un espace de vie partagé, avec des open spaces mutualisés.» Il est donc tout à fait envisageable de louer un poste fixe ou un bureau privatif. «La crise de la Covid-19 a clairement changé les besoins. Celles et ceux qui avaient prévu de s’installer ont mis leurs projets en stand-by et d’autres réfléchissent à une nouvelle façon de travailler. Les grands groupes qui veulent attirer de nouveaux collaborateurs devront s’y adapter, cela joue sur la marque employeur.» La vision de Paul Toulemonde est claire : permettre de réduire les coûts au siège d’une entreprise et leur faire disposer d’antennes localement implantées, via des bureaux loués à La Maison du coworking, adaptés aux besoins des salariés. Derniers arrivants, par exemple, Just Eat et Lidl en région parisienne et, régionalement, Intertek à Villeneuve-d’Ascq, Keller à Bois-Grenier – qui a fermé ses bureaux pour louer des espaces de coworking – ou encore Disruptual à Villeneuve-d’Ascq, qui a commencé le développement de son entreprise en louant des espaces (voir encadré).

Vers des économies de fonctionnement

Alors que le coût d’un collaborateur en entreprise oscille entre 400 et 1 500 € par mois, un espace de coworking se réduit à 150 € environ par mois en périphérie de ville. Et surtout, cela peut répondre à un besoin ponctuel, comme Pierre-Louis, 24 ans, qui a bénéficié d’une offre spéciale à La Maison du coworking, pour venir préparer le concours de médecine : «Avec le confinement, je commençais à ne plus savoir travailler chez moi. Avant j’allais à la bibliothèque universitaire, mais elle a fermé. En venant ici, je retrouve un vrai rythme de travail.» Pour répondre aux besoins d’entrepreneurs, d’associations de l’ESS, d’indépendants et d’étudiants déjà tous éprouvés par la crise, La Maison du coworking a mis en place des bureaux en open space à des prix défiant toute concurrence (75 € HT/mois). S’ensuivent plusieurs types d’abonnement pouvant aller jusqu’à 300 €/mois.

Le site de Lille est l’un des plus petits en taille mais bénéficie d’un accès direct à la gare Lille-Flandres.

Huit ouvertures en deux ans

En 2019, date de l’expansion sur le territoire national, Paul Toulemonde a ouvert huit espaces, et prévoit plusieurs déploiements pour 2020, à Nantes, Bordeaux, Lyon, Marseille et dans le Grand Est. «Nous n’accueillons pas de personnes de passage. C’est une offre de résidents, même si les coworkers peuvent aller d’une maison à l’autre, quelle que soit la région», détaille Paul Toulemonde. Une communauté aux petits soins puisque des ateliers sont régulièrement organisés pour faciliter la communication. Avec 10 salariés, Paul Toulemonde espère agrandir son équipe, notamment par le recrutement de coworking managers qui accompagneront les ouvertures à venir sur le territoire. «Ce sont de vrais couteaux suisses : ils facilitent le quotidien de nos coworkers.»

Le cachet préservé des demeures bourgeoises dans la Maison de Roubaix.


Quelques chiffres sur le coworking

• 11 070 espaces de coworking en France

• Le nombre d’espaces de coworking a triplé depuis 2017

• 20% des usagers issus de grands groupes


La seconde vie, un marché gigantesque qui séduit de plus en plus

Rien que sur Vinted, ce sont 900 M€ de chiffre d’affaires de vente qui sont générés par cette plateforme dédiée à la seconde main. Disruptual, PME de 15 salariés basée à Villeneuve-d’Ascq, propose aux distributeurs et marques du retail de reprendre la main sur la vente de leurs produits d’occasion avec une solution clés en main qui les libère des contraintes techniques, tout en générant du trafic et de la fidélisation de clients avec du chiffre d’affaires additionnel. En pleine croissance, la PME est passée en trois ans de 2 à 15 salariés et a débuté son développement dans les locaux de La Maison du coworking de Villeneuve-d’Ascq, comme l’explique Bruno Vanhove, directeur commercial : «Cela nous a permis de démarrer et de grandir sans avoir de préoccupations sur la gestion des bureaux ou de connexion Internet. C’est très réactif et flexible par rapport à l’évolution d’une entreprise. Dès que nous avions intégré un nouveau collaborateur, on louait un nouvel espace. On s’est donc totalement concentré sur notre expertise métier.» Aujourd’hui, l’entreprise a loué des bureaux à deux pas de La Maison du coworking, afin que tous les salariés soient sur un même étage. «Ce n’était pas un effet de mode d’aller en coworking en 2016. On en parlait beaucoup moins qu’aujourd’hui. On a vraiment voulu rester agile sur notre business en nous affranchissant des contraintes de la location de bureaux.»