Au Salon de l'agriculture, Macron tente de rassurer sur les accords commerciaux internationaux

Emmanuel Macron a affirmé samedi vouloir protéger l'agriculture française de la concurrence des produits étrangers et des taxes douanières américaines à l'inauguration du 61e Salon international de l'agriculture à Paris, une visite plus apaisée que l'an...

La vache limousine Oupette au Salon de l'agriculture à Paris le 22 février © Thibaud MORITZ
La vache limousine Oupette au Salon de l'agriculture à Paris le 22 février © Thibaud MORITZ

Emmanuel Macron a affirmé samedi vouloir protéger l'agriculture française de la concurrence des produits étrangers et des taxes douanières américaines à l'inauguration du 61e Salon international de l'agriculture à Paris, une visite plus apaisée que l'an passé mais face à des paysans toujours remontés.

Après les huées et les violences qui avaient entouré sa venue en 2024 en pleine mobilisation des agriculteurs pour demander un "revenu décent" et de la "considération", la déambulation présidentielle a retrouvé ses allures de marathon des produits du terroir.

La visite présidentielle s'est achevée peu avant 20H00, après douze heures passées dans les travées du parc des expositions situé au sud de la capitale. Emmanuel Macron était resté une heure de plus l'année dernière.

Mais l'actualité a vite rattrapé le chef de l'Etat, qui a interrompu sa déambulation pour s'entretenir à plusieurs reprises avec le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau après l'arrestation en Roumanie du narcotrafiquant multirécidiviste Mohamed Amra, avant que ne survienne l'attaque mortelle au couteau à Mulhouse, un "acte de terrorisme", "islamiste", selon Emmanuel Macron.

En début de matinée, à la suite d'une rencontre avec les principaux syndicats agricoles, le président français a appelé à un "dialogue respectueux" avec les agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être "la variable d'ajustement" du pouvoir d'achat et d'accords commerciaux.

Emmanuel Macron a assuré continuer de chercher une "minorité de blocage" au sein de l'Union européenne sur l'accord de libre-échange avec des pays du Mercosur.

Cet automne, l'opposition à ce traité commercial a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui se disent étouffés par la concurrence des produits étrangers produits avec des normes "moins disantes" sur les pesticides ou les antibiotiques par exemple.

Lors de sa déambulation parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux, il a ensuite évoqué sa visite prévue lundi à Washington: "entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre" avec des droits de douanes.

Il a dit vouloir aborder le sujet avec le président américain Donald Trump, qui menace régulièrement les pays européens de réaugmenter les taxes douanières, comme il l'avait fait au cours de son premier mandat.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son autre gros marché.

Grande incertitude

"On a redit au président que les choses n'avancent pas assez vite et (...) que la situation géopolitique nous mettait dans une grande incertitude", a déclaré à l'AFP Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, après sa rencontre avec le président.

"On veut que, demain, les producteurs puissent produire, pas pour exporter mais pour remplir nos assiettes", a souligné de son côté Véronique le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat qui a effectué une percée aux élections professionnelles avec un discours dégagiste, à la fois libéral et souverainiste.

Véronique Marchesseau, secrétaire générale du troisième syndicat agricole, la Confédération paysanne, a elle rappelé l'importance de garantir des prix minimum payés aux agriculteurs, face "aux problèmes climatiques et aux problèmes sanitaires".

En 2024, le Salon s'était ouvert après dix jours de colère agricole. Des milliers de visiteurs avaient été bloqués à l'extérieur du parc des expositions pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron.

Samedi, quelques altercations ont eu lieu entre les forces de l'ordre et des militants de la Coordination rurale, coutumière des actions coup de poing. Patrick Legras, porte-parole du syndicat, a fait état d'un militant en garde à vue et affirme avoir appelé ses membres à "calmer le jeu et ne pas répondre aux provocations".

La star Oupette

L'ambiance générale est plus apaisée.

"C'est une belle journée comparé à l'an passé. C'est une respiration politique, probablement, mais c'est surtout une respiration pour le Salon qui a énormément de visiteurs aujourd'hui", s'est réjoui auprès de l'AFP Arnaud Lemoine, directeur du Ceneca, organisation propriétaire du Salon.

Pour le gouvernement, ses engagements pris après l'édition 2024 ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales", "soutien à la trésorerie", "indemnisations" pour les cheptels touchés par les épizooties"...

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession et qui érige notamment l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur".

Mais dans les allées, les agriculteurs se pressent encore auprès du président, avec un cahier de doléances fourni: rémunération, maladies animales, formation des jeunes agriculteurs, prédation du loup, simplification administrative...

Le président a aussi assisté en fin d'après-midi à la signature d'un accord de la filière pêche, qui a fixé sa stratégie notamment pour le renouvellement de sa flotte vieillissante.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui a ouvert ses portes au public peu après la ration du matin pour les veaux, vaches, moutons et brebis.

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