Agriglaces, le palais des gourmandises rafraîchissantes
Depuis plus de dix ans, les amateurs de crèmes glacées et autres sorbets se régalent des créations de Claire Lejeune. Des parfums classiques ou originaux, mais toujours savoureux. Histoire d'un savoir-faire local.
Au départ, l’objectif de Claire Lejeune était de valoriser au mieux la production laitière de son compagnon, Benoît Jacques, dans leur ferme de Bouvresse, un petit village du nord de l’Oise. Cette ancienne salariée dans un négoce agricole s’est d’abord formée pour obtenir son Brevet de responsable d’exploitation agricole en juin 2009, puis a construit un petit laboratoire de transformation et un lieu de vente dans un ancien poulailler de la ferme familiale et a démarré son activité, en association avec son conjoint, en octobre 2009. « Ce projet répondait pour nous à plusieurs attentes, explique Claire Lejeune. D’une part nous voulions maîtriser la filière de A à Z en supprimant les intermédiaires et décider nous-mêmes de nos prix de vente, ce qui n’est pas le cas avec les coopératives laitières. Mais c’était aussi pour s’ouvrir aux consommateurs, leur parler de nos produits que nous connaissons parfaitement ». Elle s’appuie sur une société hollandaise, Glaces de la ferme, qui lui fournit matériel, recettes et formation. « Dès le premier Noël, nous avons vendu une centaine de bûches glacées », se souvient-elle. Les parfums sont d’abord fournis par Glaces à la ferme mais très vite l’agricultrice ne s’en satisfait pas.
Dès 2011, elle se sépare de ce fournisseur et s’approvisionne elle-même avec les jaunes d’œufs pasteurisés de la Ferme du Pré dans l’Oise ou encore les fruits rouges de l’Aisne : « Je voulais maîtriser l’ensemble des matières premières, pas seulement le lait, en termes de composition et de coût. » La production est alors vendue à la ferme, mais aussi sur des marchés des alentours, foires, marchés fermiers, salons gastronomiques. « J’étais toute seule à la fabrication et à la vente, je n’arrêtais jamais ! », confie Claire Lejeune.
Création d’une franchise
En 2012, Agriglaces ouvre un petit local de vente à Senlis, avec un salarié. L’expérience ne sera pas très concluante et ne durera qu’un an. Mais le chiffre d’affaires global est en progression constante, la carte s’est enrichie de nouvelles saveurs. En 2017, une nouvelle étape est franchie avec la création d’une franchise Agriglaces : d’une part pour étendre la diffusion des recettes et d’autre part pour permettre à d’autres producteurs laitiers de bénéficier de plusieurs années de recherche et développement, d’apporter une valeur ajoutée à leur exploitation et de la pérenniser.
En septembre 2017, la première franchise voit le jour en Mayenne, puis en octobre dans la Sarthe, un an plus tard dans le Tarn-et-Garonne et en 2019 dans le Pas-de-Calais. Claire Lejeune s’attache à apporter à ses franchisés tout le soutien dont elle a manqué à ses débuts. Cet accompagnement va encore se renforcer avec la mise en place prochaine d’un site Internet dédié au réseau.
Pignon sur rue
Mais ce qui aura surtout fait franchir un cap à l’entreprise, c’est l’ouverture, en octobre 2018, d’un vaste magasin de vente et salon de thé à Grandvilliers. Dans le local du drive de l’ancien Intermarché, la dirigeante aménage un laboratoire de 60 m² ainsi qu’une boutique – salon de thé de 120 m² -, et dispose d’une surface de stockage de plus de 300 m². Cette nouvelle installation procure des conditions de travail incomparables au niveau de la fabrication, et une visibilité accrue auprès des clients. Le chiffre d’affaires a doublé entre 2018 et 2019 et l’équipe s’est évidemment renforcée : aux côtés de Pauline, arrivée comme apprentie en 2012 et salariée depuis 2016, s’ajoutent les deux enfants de Claire Lejeune, sa fille Lola et son fils Étienne à temps partiel pour les livraisons. À la production, Zoé a été recrutée en juillet 2019 et Lucas en septembre 2019, avec également le renfort pour cet été de la stagiaire Émilie-Rose. « Au début de cette aventure, c’était la ferme qui faisait vivre l’activité glaces compte-tenu des investissements nécessaires. Mais peu à peu la tendance s’est inversée et aujourd’hui c’est Agriglaces qui est loin devant », se félicite Claire Lejeune.
La ferme a d’ailleurs arrêté la production laitière, le lait utilisé pour la fabrication des crèmes glacées venant depuis un an de la ferme Roose de Haute-Épine, avec le label bio. La carte compte désormais plus d’une centaine de parfums, des plus traditionnels aux plus originaux comme la glace au mimosa, que Claire Lejeune va cueillir tous les ans en Italie, au camembert-poire, le sorbet aux baies d’argousier ou au basilic. Sans compter toute une déclinaison de bûches glacées, de vacherins ou d’omelettes norvégiennes, ou encore des macarons glacés…
Agriglaces livre les professionnels et les particuliers gratuitement dans un rayon de 50 kilomètres et prépare pour début 2021 un site de vente en ligne de ses produits, avec des expéditions dans toute la France par Chronofresh.
Solidarité entre producteurs
Si la boutique de Grandvilliers fait le plein, Claire Lejeune continue néanmoins à vendre sur les foires et marchés fermiers. Certains de ses collègues n’ont que ces manifestations pour distribuer leur marchandise, et leur annulation liée à la crise sanitaire les mettent en grande difficulté. Claire Lejeune a donc organisé devant sa boutique un petit marché de producteurs le samedi toute la journée, et installé dans sa boutique une « petite épicerie du terroir » : fromages et tartes au maroilles, rhum arrangé dans l’Oise, bières et pâtes à tartiner de la Somme, confitures de Saint-Germer, vinaigres de cidre aromatisés d’un naturopathe de Fouilloy… le client peut acheter à l’unité ou préparer un panier garni de tous ces délices. Cette solidarité, on la retrouve chez la plupart des producteurs qui ont choisi le circuit court : une raison supplémentaire pour les soutenir !