Aborder la santé régionale sous un angle nouveau
L’Observatoire régional de la santé veut bousculer les croyances. En publiant "Notre Santé" − un guide pour mieux comprendre la santé et ses enjeux en région –, il souhaite affirmer haut et fort que les chiffres méritent d’être analysés différemment. Et que la région n’est pas si mauvaise qu’on le croit !
«Nous apportons un regard renouvelé sur la santé, au courant des évolutions des différentes disciplines. La santé n’est pas une île, elle ne fonctionne pas en vase clos. La santé en région n’était vue que d’un œil et on se sentait responsable de fournir ces mauvaises nouvelles. C’est pour cela que l’on a voulu apporter un autre regard», explique Olivier Lacoste, directeur de l’ORS Nord-Pas-de-Calais depuis 1988. Las d’entendre que la région est dernière de la classe, il a voulu mettre en évidence un nouvel outil : l’ICEM, indice comparatif d’évolution de la mortalité. Une autre manière d’appréhender les chiffres qui placent depuis 50 ans le Nord-Pas-de-Calais en queue de peloton. Et pourtant… En appliquant l’ICEM (à la place de l’ICM, indice comparatif de mortalité, qui s’obtient en faisant le rapport entre le nombre de décès observés et le nombre de décès attendus ,mais qui ne permet pas d’estimer la progression de l’état de santé), on observe que Lille a bénéficié d’une évolution de la baisse de mortalité plus rapide que la tendance nationale. Mais aussi qu’il n’y a pas de tendance globale régionale mais bien des tendances sur chacun des territoires. Calais, Hénin-Carvin et Douai ont par exemple progressé entre 6 et 11%, plus rapidement que la moyenne nationale en ce qui concerne la mortalité prématurée (avant 65 ans). «Ce n’est pas en martelant qu’on est toujours les derniers que l’on va garder des acteurs de santé motivés», poursuit Olivier Lacoste. D’autant plus que l’ORS démontre également que LMCU arrive en 3e position nationale avec 19 695 professionnels de proximité en 2012 (médecins généralistes, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, opticiens-lunetiers et pédicures-podologues). «Il faut aussi avoir conscience d’une chose : l’importance de la structuration de l’offre de soins en région. Nous avons tout pour attirer de nouveaux professionnels !» La région est la moins exposée à la désertification médicale grâce à un maillage fort. Autre donnée, pas nouvelle cette fois-ci : le Nord-Pas-de-Calais se positionne comme la dernière région de France en ce qui concerne la prévalence de l’obésité. Mais si l’obésité n’a cessé de progresser en région (+57% entre 1997 et 2012), cette augmentation est bien moins marquée que la moyenne nationale (+76,5% !). «C’était une réalité et une nécessité de montrer que la région n’est pas une concentration de problèmes !», poursuit Olivier Lacoste. L’ensemble de l’étude est téléchargeable sur le site de l’ORS (www.orsnpdc.org) ou peut être envoyée par courrier sur simple demande.
L’Observatoire régional de la santé, qu’est-ce que c’est ?
Les 26 ORS de France (un par région) sont nés en 1982. Ces outils d’aide à la décision réunissent toute l’information relative à la santé de la région dans laquelle ils sont implantés et en font part à toute personne qui le demande. Soit 1 million de téléchargements d’études ou brochures par an ! Dans le Nord-Pas-de-Calais, l’ORS fonctionne avec un budget de 850 000 €, financé par le Conseil régional et l’ARS, et compte une petite quinzaine de salariés. «Un budget stable depuis deux ans, mais en baisse sur les cinq années précédentes», déplore Olivier Lacoste. L’ORS travaille avec deux systèmes d’étude : les partenaires publics qui «prennent commande» ou des activités sur convention avec des prestations précises (par exemple, avec RTE sur la ligne de haute tension Avelin-Gravelle). Et de trois façons : en étant présent sur le terrain, en produisant des statistiques ou en mettant à jour la bibliographie actuelle. «Nous n’avons pas l’image d’un bureau d’études privé, nous ne réalisons pas de contrôles», précise le directeur.