20 ans à relever des défis aussi techniques que créatifs

C’est en 1994 que Lille Grand-Palais prend forme, dans un quartier qui n’avait pas encore le visage qu’on lui connaît aujourd’hui. Géré par une société anonyme d’économie mixte − dont 62% sont détenus par la Ville de Lille –, le mastodonte lillois de l’événementiel réussit au fil des années à se fixer de nouvelles ambitions, techniques, technologiques et créatives.

Le Zénith : 147 événements pour 435 000 spectateurs en 2013.
Le Zénith : 147 événements pour 435 000 spectateurs en 2013.

Adossé au Zénith Arena dirigé par Aurélien Binder, Lille Grand-Palais est devenu en quelques années une référence en termes d’événementiels, qu’ils soient régionaux, nationaux ou internationaux. En 2013, les deux structures ont accueilli pas moins de 355 événements : 208 côté Lille Grand-Palais et 147 pour le Zénith. Pour l’anecdote, le «premier Zénith de France après Paris»avait frappé fort pour son concert inaugural du 26 novembre 1994 en accueillant les Texans de ZZ Top ! «L’année 2013 a été particulièrement bonne, notre rythme de croisière tourne entre 300 et 320 événements habituellement», détaille Cédric Fiolet, directeur général depuis 2009, arrivé dans la structure en tant que directeur financier un an auparavant.

D.R.

Cédric Fiolet, directeur général. Derrière lui, les 20 000m2 d’expositions.

 Location, création et organisation. «Si l’on peut retenir une date clé dans l’historique de Lille Grand-Palais, c’est le choix politique de créer un parc des congrès et d’exposition dans un centre-ville. Même si, à sa création, ce n’était pas le centre-ville tel qu’on le connaît aujourd’hui ! Cette prise de décision a, de ce fait, donné lieu à une structuration du marché hôtelier. C’est une économie qui s’auto-alimente», poursuit-il. Si Lille Grand-Palais a d’abord été un lieu d’accueil d’événements, le virage a été pris en 2005 lorsqu’il ne devient plus seulement organisateur mais créateur. Une activité complémentaire qui décollera en 2007 avec la première édition du salon Créer (plus de 17 000 visiteurs cette année-là !). Ce site trimodal – expositions, congrès, spectacles – tire son épingle du jeu par une situation géographique privilégiée : il est l’un des rares palais des congrès accessible à pied ou en métro. Et accueille des événements aussi sérieux que ludiques. «Nous avons accueilli pour la première fois le congrès mondial des instructeurs de zumba, qui a rassemblé 2 500 personnes. Il n’y a que deux dates dans le monde pour ce congrès : Los Angeles et Lille ! On a remporté le marché contre Berlin», se souvient Cédric Fiolet. Des profs de zumba qui côtoient des créateurs d’entreprise ou des éminents médecins, il faut avouer que ce n’est pas courant… Depuis 2005, ce ne sont pas moins de 40 événements et 28 millions d’euros de chiffres d’affaires qui ont été menés d’une main de maître par la structure.

 Du B to B au B to C. Le défi que s’est fixé la direction depuis quelques années consiste notamment à combler les périodes creuses… C’est par exemple le cas de Kids Parc, parc de jeux indoor, qui a rassemblé 30 000 parents et enfants pendant les vacances de février, une période inexploitée depuis 14 ans ! «La période 15 juin-15 décembre concentre à elle seule un taux d’occupation de 95%, et 60% du chiffre d’affaires de Lille Grand-Palais est réalisé entre le 15 septembre et le 15 décembre», détaille Cédric Fiolet. Des périodes ultra-chargées où tout est démonté la nuit, remonté le matin, avec des manifestations qui laissent place à d’autres sans reprendre leur souffle. Parallèlement, d’autres disparaissent comme la Foire de Lille qui n’aura plus lieu – elle n’aura connu que trois éditions –, pour laisser place à des inédits comme le Salon de la chasse ou RandoRêva. Manque de place ? «Notre zone d’exposition s’étale sur 20 000 m2 au maximum alors que la majorité des palais des congrès en propose entre 50 000 et 100 000. Nous avons le défaut de notre qualité : être en centre-ville induit forcément d’avoir moins de place. Un salon est un produit et un produit a un cycle de vie. Certains disparaissent pour laisser la place à d’autres», analyse, lucide, Cédric Fiolet. Un agrandissement serait-il donc à l’étude ? Peut-être… «Il reste un foncier de 10 000 m2 entre Lille Grand-Palais et le Conseil régional. Cela fait partie des programmes présentés par les nouveaux élus. Mais un projet d’aménagement urbain pendra entre 10 et 20 ans, mes prédécesseurs en parlaient déjà.»

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Un palais à l’heure du numérique. 15 totems mobiles et 74 écrans fixes ornent le bâtiment.

 A la pointe des nouvelles technologies. Si à la création de Lille Grand-Palais les clients louaient des lignes téléphoniques sur leurs stands, aujourd’hui place au wifi et à l’ultra-connectivité. «Les offres techniques ont considérablement évolué. Aujourd’hui, nous disposons d’équipements techniques dignes des sites qui sortent actuellement de terre. Nous avons doublé notre réseau wifi. Que ce soit sur les réseaux informatiques, la signalétique, les vidéos ou l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, nous ne prenons aucun retard», poursuit-il. Sur ce dernier point, le site sera complètement accessible dès fin juin 2014, suite à un investissement de plus d’un million d’euros, partagé entre la Ville de Lille et Lille Grand-Palais. Chaque année, entretien et rénovation sont aussi de rigueur pour remettre à neuf les moquettes foulées par le million de visiteurs annuels. Ou, plus exactement, 1 120 000 personnes en 2013, dont 450 000 au Zénith. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à 2012. Salon des vignerons indépendants, 60 000 visiteurs, Art UP !, 28 000, salon Créer, 15 000… Certes les «grosses machines» génèrent du trafic mais bon nombre d’événements plus confidentiels ont trouvé leur légitimité à Lille Grand-Palais : Congrès de sénologie (1 000), NutrEvent (500), soirées santé (500), etc. Tous drainent de l’activité économique dans la Métropole. Et 4 000 participants sont attendus en octobre 2016 pour le Congrès des experts comptables – une première à Lille –, 5 300 pour le Congrès de la pneumologie française, 2 000 pour celui de l’espéranto… Les hôteliers n’ont qu’à bien se tenir, à Lille comme dans les environs. Longtemps décrié par son manque de nuitées disponibles lors de grands événements, le marché hôtelier semble aujourd’hui avoir trouvé son rythme de croisière, notamment avec l’arrivée du Casino Barrière avec ses 125 chambres et 17 suites. «La ville peut aujourd’hui absorber une manifestation de 5 000 congressistes sans problème», assure Cédric Fiolet.

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Le Zénith : 147 événements pour 435 000 spectateurs en 2013.

 Ambitions. 20 ans, un anniversaire marquant qui incite à faire des projets ! «Apporter toujours plus de valeur ajoutée à la location d’espace ! On ne fait pas que louer, on apporte des services associés : hôtesses, décoration, mobilier… Il faut poursuivre notre stratégie de de développement pendant les heures creuses, tout en maintenant les ‘block busters’. L’enjeu ? Démontrer notre capacité d’accueil sur la location mais aussi sur l’hôtelier. Nous travaillons donc avec l’Office de tourisme et des congrès pour candidater.» Le rêve du directeur général ? Accueillir le congrès de la Mutualité française ou Rendez-vous en France (une réunion de 800 tour-opérateurs mondiaux pour faire découvrir les régions de France). Et le Grand Stade dans tout ça ? Concurrent ou allié ? «Cela a un impact positif car la destination ‘Lille’ est identifiée. Notre concurrence est nationale et non pas locale. Cela ne crée pas de pénurie. Plus Lille est identifiée, plus elle est susceptible de venir aux oreilles des organisateurs français ou européens.» Bien ancré dans son territoire et rayonnant en dehors, Lille Grand-Palais confirme son rôle de turbine économique dans le Nord-Pas-de-Calais. Pour 20 ans encore ?

 

Lille Grand-Palais en chiffres clés
 
Chiffre d’affaires : 19 447 000 euros
Budget de fonctionnement : entre 17 et 19 millions d’euros
355 événements sur la saison 2013-2014 : 208 Lille Grand-Palais, 147 Zénith Arena
1 120 000 visiteurs : 685 000 Lille Grand- Palais, 435 Zénith
Origine des visiteurs : 57% régionaux, 33% nationaux et 10% internationaux