Wimo fait confiance à l’intelligence artificielle pour retrouver les commandes
La start-up Wimo, basée à Roubaix, s’assure que chaque entreprise installée dans une supply chain puisse suivre la traçabilité de ses commandes, alors qu’au niveau mondial, 8 % des commandes se perdent. Rencontre avec l’un de ses fondateurs, Julien Hequennart.
Avec l’ampleur prise par le e-commerce depuis la crise sanitaire en 2020, le nombre de commandes a considérablement augmenté. En France en 2023, le chiffre d’affaires du secteur du e-commerce a atteint 159,9 milliards d’euros, soit une hausse de 10,5 % par rapport à 2022 selon la Fevad, la Fédération du e-commerce et de la vente à distance. Avec cet afflux de commandes, il est parfois compliqué pour les entreprises de retrouver la trace de certaines commandes, qui ont pour point de départ, pour la plupart, la Chine. Pour faire en sorte d’avoir toujours le suivi des commandes sous les yeux, François Guerlez et Julien Hennequart ont créé WIMO en janvier 2023, pour Where Is My Order ("Où est ma commande" dans la langue de Shakspeare), et sont installés à Roubaix, sur le site de l’incubateur Euralotechnologie Blanchemaille.
La start-up créée donc des logiciels afin de permettre aux entreprises de suivre à la trace leurs commandes, du départ du port de Chine, jusqu’à la livraison finale, ce qui peut parfois être compliqué. «Il y a plusieurs indicateurs assez forts qui nous montrent que les supply chain manquent de visibilité quand il s’agit des commandes. C’est lié au fait qu’il y ait des systèmes d’informations de plus en plus complexes», explique Julien Hennequart.
Toujours
avoir un œil sur la commande
L’objectif de la solution proposée par Wimo est donc de regarder où se trouve le problème au niveau du suivi des commandes. Est-ce du côté des fournisseurs, de l’entrepôt ou du transporteur ? C’est donc là que le logiciel de Wimo intervient, en collectant les données sur les informations logistiques des commandes : la commande est arrivée, en cours de préparation, prête à partir, est partie. «Si je dois livrer mon magasin à 14 h et qu’à 13 h, la commande est encore en cours de préparation dans l’entrepôt, nous savons que nous allons avoir du retard. Actuellement, l’entrepôt sait qu’il est en retard, mais il n’y a pas de système de communication qui se fait correctement avec le magasin», ajoute le co-fondateur.
Et plus l’entreprise est importante, plus la complexité concernant la communication et la traçabilité des commandes s’intensifie. Et quand des groupes de grande taille fusionnent, ils fusionnent également des systèmes d’informations. Dans ces situations, ce sont en moyenne sept logiciels qui fusionnent entre eux, et dans certains cas, le chiffre grimpe à 13. Un vrai sac de nœuds à démêler. L’objectif de la solution portée par WIMO est donc d’agréger tous ces logiciels pour «simplifier la vision sur les commandes uniquement. Parce qu’aujourd’hui, le nerf de la guerre, c’est la commande».
L’intelligence
artificielle comme support
Pour «simplifier cette vision», les deux fondateurs de WIMO ont décidé d’ajouter de l’intelligence artificielle dans leur solution. Mieux que cela, ils souhaitent même prédire les retards de commandes grâce au machine learning. «Comme on arrive à analyser les performances des fournisseurs, des transporteurs et de l’entrepôt, nous allons récupérer tous ces historiques et cela va nous permettre de prédire, dans le futur, si la commande a un risque d’être en retard ou pas», déclare Julien Hennequart.
Ainsi, en mettant en lien les risques du fournisseur, du transporteur et de l’entrepôt, le logiciel va mettre un score. Et ce score va permettre à l’entreprise de savoir que la commande à, par exemple, seulement 20 % de chances d’arriver à l’heure. L’entreprise aura donc un suivi particulier sur cette fameuse commande et saura d’où vient le problème en cas de retard, et pourra faire en sorte de régler ce problème directement. Cette utilisation de l’intelligence artificielle est «une aide à la décision» et n’a pas pour objectif de replacer les employés dédiés à la traçabilité des commandes. Toutefois, Julien Hennequart n’exclut pas une plus grande place de l’intelligence artificielle dans la solution, si «la demande a du sens». «On arrive à faire des solutions logistiques un peu sur mesure à nos clients. On pourrait imaginer de l’IA générative chez des clients qui le demandent et qui ont besoin, par exemple, d’interroger des bases de données et d’informations sur leur réseau logistique, et sur lesquels l’IA générative pourrait leur donner des réponses et leur permettre de faire des arbitrages» confit-il.
Pour l’instant, cela ne reste qu’une éventualité, et WIMO est encore une jeune start-up en recherche de clients. Actuellement, une entreprise de transport s’est engagée avec elle pour trois ans, mais cette dernière est basée en Normandie, et non dans les Hauts-de-France, terre privilégiée par les deux fondateurs. Ce qui ne les empêche pas de travailler pour trouver des références importantes dans le Nord et le Pas-de-Calais, avec la possibilité d’un projet de traçabilité avec le Port de Lille, qui pourrait déboucher d’ici 2026. Dans l’attente de la concrétisation de ce projet, WIMO a des ambitions. La start-up souhaite tripler son chiffre d’affaires et passer de 50 000 à 200 000 euros, avec la volonté, sur le long terme, de devenir une PME avec une vingtaine d’employés. Pour l’instant, ils ne sont que deux. Les fondateurs gardent les pieds sur Terre et assurent ne pas «rêver pas de devenir une licorne» alors que «l’El Dorado au niveau des start-ups est un peu terminé. Dans l’écosystème, il ne va rester ceux qui ont des solutions pertinentes», et la volonté première de WIMO est de se pérenniser, afin que plus personne ne se demande où est passé sa commande.