Voir le handicap autrement avec U Exist

Pour l'heure, une quarantaine de motifs est proposé aux patients.
Pour l'heure, une quarantaine de motifs est proposé aux patients.

Créée en octobre 2014, la start-up U Exist, lauréate des derniers LMI Awards, entend changer le regard sur le handicap. Comment ? En proposant des prothèses design et personnalisables…

 

D.R.

Simon Colin a crée U Exist en octobre 2014.

Donner une autre vision du handicap“, tel est le défi que s’est lancé Simon Colin, à l’origine du projet axé sur le design orthopédique. En 2008, cet étudiant en formation d’orthoprothésiste à Bruxelles réalise son mémoire sur l’impact psychologique et le regard extérieur sur le handicap. D’abord décrié, le dossier reçoit finalement la distinction du jury, un grand pas vers l’avant pour Simon Colin. “C’est à ce moment que j’ai compris qu’il y avait vraiment quelque chose à faire dans ce domaine. Mon but est d’intégrer le patient dans la phase d’appareillage et surtout de l’aider à sa reconstruction identitaire. J’ai vu des gens fondre en larmes en recevant leurs prothèses“, indique le jeune entrepreneur. En 2009 naît le collectif Custoprothétik, formé à la fois de professionnels orthoprothésistes mais aussi d’artistes (tatoueurs, designers…). Ensemble, ils vont utiliser l’art pour sensibiliser les valides au sujet du handicap et étudier son impact. “Suite à ça, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

 

U Exist intègre l’incubateur Inotex en 2012 et bâtit son business model avant la création officielle de la société en octobre 2014. Les compétences techniques de Simon Colin, associées aux compétences en stylisme d’Amandine Labbé, styliste et directrice artistique, apportent une force de proposition modulable et sur mesure. En collaboration avec des orthoprothésistes français, belges ou encore norvégiens, la jeune société “commence à rayonner en Europe” se réjouit Simon Colin. Pour élargir le fichier clients, l’équipe participe à plusieurs salons en Europe, notamment en Norvège en juin prochain.

 

Diversification de l’offre. Désireux de rendre plus esthétique sa prothèse ou son orthèse, le patient a deux possibilités. Choisir un motif de la collection ou faire appel à l’un des artistes du collectif Custoprothétik qui offre un style de graphisme original, pour un rendu totalement au goût de la personne. “L’habillage textile de l’appareillage peut varier selon la tenue, l’humeur des gens. Le handicap touche tout le monde, de 6 à 70 ans, il n’y a pas de sociotype pour notre activité“, indique Simon Colin. U Exist propose une quarantaine de motifs et des collections thématiques pour les différents profils ciblés à l’image de Star Wars pour les enfants. Les motifs sont déclinés sur du papier transfert afin de personnaliser les orthèses. Tandis que pour les prothèses, un tissu de stratification dans lequel on vient injecter une résine est privilégié. “Nous utilisons également un tissu 3D pour garnir les corsets sièges“, relève également l’intéressé.

 

D.R.

Pour l'heure, une quarantaine de motifs sont proposés aux patients.

Objectifs 2016. Après une première année de test “réussie” mais marquée par les difficultés administratives, U Exist peut enfin voir plus loin. “J’ai construit un avion, nous l’avons mis sur le tarmac avec le carburant nécessaire pour la première année. Il nous faut maintenant du nouveau carburant, de nouveaux financements pour décoller“, ironise le jeune entrepreneur. Priorité ? “La vente ! C’est maintenant ou jamais. Nous avons un beau potentiel, mais il faut vendre nos solutions avant de continuer à développer nos produits“, glisse ce dernier. Un facteur vient tout de même freiner le développement : “Avant, il fallait cacher le handicap. Aujourd’hui, nous souhaitons que les patients assument. Mais certains professionnels ne veulent pas changer leurs réflexes de fabrication…” La route est encore longue pour la jeune entreprise nordiste, qui ne connaît pour l’heure aucun concurrent.