Violences: Borne veut le retour à "l'ordre", les groupes politiques divisés

Elisabeth Borne a souhaité lundi le retour à "l'ordre" après plusieurs nuits de violences qui ont suivi la mort du jeune Nahel tué par un policier, à l'issue d'une réunion avec l'ensemble des groupes politiques, qui sont...

La Première ministre Elisabeth Borne (au centre) réunit à Matignon les représentants des groupes politiques, le 3 juillet 2023 à Paris © Geoffroy Van der Hasselt
La Première ministre Elisabeth Borne (au centre) réunit à Matignon les représentants des groupes politiques, le 3 juillet 2023 à Paris © Geoffroy Van der Hasselt

Elisabeth Borne a souhaité lundi le retour à "l'ordre" après plusieurs nuits de violences qui ont suivi la mort du jeune Nahel tué par un policier, à l'issue d'une réunion avec l'ensemble des groupes politiques, qui sont apparus divisés dans leurs propositions après ce drame.

"La priorité, c'est d'assurer le retour de l’ordre républicain, ce qui nous conduit notamment à maintenir le dispositif de sécurité pour la nuit qui vient", a déclaré la Première ministre, soit 45.000 policiers et gendarmes.

Elisabeth Borne a admis que cette crise soulevait "de nombreuses questions" mais qu'"on aura l’occasion de se revoir, de poursuivre et d’approfondir ces sujets".

Elle s'est aussi exprimée sur la cagnotte de soutien à la famille du policier auteur du tir qui a tué le jeune Nahel, mardi à Nanterre. Le fait qu'elle a été lancée "par une personne proche de l'extrême droite" ne "contribue pas" à "l'apaisement", a-t-elle dit.

"J'aurais aimé qu'on ait plus de concorde", a affirmé à la sortie de cette réunion la cheffe de file des députés Renaissance Aurore Bergé, qui refuse d’établir "un lien" entre la mort du jeune Nahel et les émeutes qui ont suivi et que "rien ne peut justifier".

La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot a quitté la réunion au bout d’une heure, jugeant "insupportable" de ne pas obtenir de "réponses" du gouvernement. 

"La première mesure de l’apaisement c’est la justice" et "poser des actes", a-t-elle estimé en proposant d'abroger une loi de 2017 sur l'usage des armes par les policiers.

Parti plus tôt lui aussi pour présider une séance à l'Assemblée, le député RN Sébastien Chenu, qui remplaçait Marine Le Pen, a pointé "l’immense responsabilité" du gouvernement, en réclamant un "virage à 180 degrés (…) sur les politiques de sécurité, de justice, et la nécessité d’un moratoire sur l’immigration".

Pour les sénateurs LR, Bruno Retailleau a réclamé "de l'ordre" et "de l’autorité".

Pour lui, ces violences ne sont "pas un cri de détresse" et les émeutiers "ne sont certainement pas les déshérités de la République (qui) depuis des années déverse des milliards" dans les quartiers dits sensibles ou prioritaires. Il a demandé notamment de pouvoir priver leurs familles de prestations sociales. 

Ses propos ont été critiqués par la gauche. "Il n'y a pas d'ordre sans justice, et nous avons essentiellement parlé d'ordre aujourd’hui", a déploré le chef de file des députés PS Boris Vallaud.

Son homologue au Sénat Patrick Kanner a souhaité que la "réponse forte (...) sur l’ordre, la police, les sanctions soit contrebalancée au plus vite aussi par des politiques de prévention", refusant que le "pacte républicain" ne "fonctionne que sur une seule jambe, celle de la répression".

Cyrielle Chatelain, pour les députés EELV, a dénoncé un "gouvernement sans propositions, sans vision".

Au nom des députés PCF, André Chassaigne a réclamé une "politique de plus long terme", refusant la solution de "la matraque".

Le gouvernement multiplie les consultations sur cette crise, après une sixième nuit plus calme que les précédentes.

Le chef de l'Etat, qui avait demandé à Mme Borne de recevoir les groupes politiques, s'est pour sa part entretenu lundi avec les présidents de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du Sénat, Gérard Larcher, avant de recevoir mardi les maires des "plus de 220 communes victimes d'exactions" lors des émeutes.

Pendant ces réunions, élus et population se sont retrouvés lundi devant de nombreuses mairies au lendemain d'une violente attaque contre le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun. "Ne nous laissons pas abattre", a-t-il dit.hr

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