Transition écologique

Villers-Faucon : la sucrerie Sainte-Émilie en marche vers sa décarbonation

La sucrerie Cristal Union Sainte-Émilie de Villers-Faucon a investi dans une unité de séchage de pulpes de betterave. Le nouveau sécheur en action durant la période de campagne permet d’économiser 40 000 tonnes de COet de mettre 130 000 md’eau à la disposition des agriculteurs.


Thibaut Vaissière, directeur du site Cristal Union de Sainte-Émilie.
Thibaut Vaissière, directeur du site Cristal Union de Sainte-Émilie.

En cette fin de campagne betteravière à la sucrerie Sainte Emilie, le tout nouveau sécheur qui permet économiser 40 000 tonnes de CO2 fait son œuvre. La sucrerie Sainte-Émilie de Villers-Faucon a en effet investir 35 millions d'euros dans une unité de séchage de pulpes de betterave afin de réduire ses émissions de CO2 et réutiliser l'eau des betteraves. 

« Jusque 2022, les pulpes étaient surpressées ici puis transportées sur le site d'Eppeville à 28 kilomètres pour être déshydratées et granulées. Depuis cette dernière campagne 2023, les pulpes sont déshydratées sur site grâce à ce nouveau sécheur intégré au schéma thermique de la sucrerie. Il utilise la vapeur produite par nos chaudières au gaz naturel pour déshydrater 75 tonnes/ heure de pulpes surpressées et ainsi produire 25 tonnes/ heure de pellets de pulpes destinés à l'alimentation animale », explique Thibaut Vaissière, directeur du site Cristal Union de Sainte-Émilie. 

La différence, 50 tonnes/ heure, est récupérée sous forme de vapeur d'eau dont les calories servent au réchauffage et à la concentration des jus. L'eau condensée est stockée pour la rendre disponible aux agriculteurs en période de déficit hydrique, soit 130 00 mpar campagne. 

Avec la mise en service de cette nouvelle unité de séchage indirect de pulpes de betteraves en septembre 2023, la sucrerie Cristal Union de Sainte-Émilie accélère sa décarbonation. Le site qui affiche déjà d’excellents ratios énergétiques avec des consommations en baisse de 15% depuis 2010 et une totale autonomie en eau depuis 2018, déshydrate donc désormais ses pulpes sans consommer plus de gaz grâce à la pleine valorisation des flux de vapeur de la sucrerie et de la déshydratation qui fonctionneront en totale synergie sur le site de Sainte-Émilie qui est alimenté par plus de 1 200 coopérateurs qui cultivent 21 000 hectares de betteraves dans un rayon moyen de 22 kilomètres autour de l’usine.

Le nouveau sécheur permet d’économiser 40 000 tonnes de CO2 et de mettre 130 000 m3 d’eau, en plus des 600 000 déjà produits chaque année, à la disposition des agriculteurs.

Une démarche d’économie circulaire

L’usine emploie 115 salariés et 86 saisonniers pendant la campagne. La sucrerie livre plus de 360 clients dans un marché du sucre dynamique et avec une rémunération attractive des betteraves valorisées à 100% dans une démarche d’économie circulaire. « Il s'agit d'un véritable projet stratégique pour Sainte-Émilie mais surtout pour le groupe Cristal Union qui mène une politique de décarbonation affirmée. C'est une première étape pour que demain, grâce à cet équipement, nous puissions devenir autonomes en énergie en remplaçant le gaz naturel par une partie des pulpes comme combustible primaire », ajoute le directeur. 

Ce projet de récupération d'énergie fatale, salué par France Relance et soutenu par l'Ademe, est très vertueux mais complexe à mettre en œuvre. Les simulations thermiques et l'intégration dans le process existant ont été menées en interne par les équipes Cristal Union. « Ces 40 000 tonnes de COnon émis, c'est 20 000 allers-retours Paris-New-York, 2 500 transports allers-retours entre Sainte-Émilie et Eppeville non réalisés, donc autant de carburant, d'émissions et de nuisances en moins, souligne-t-il. C'est aussi une consommation d'énergie divisée par six pour la production de pellets par rapport à un sécheur traditionnel. » 

La vapeur de séchage produite par la chaufferie de la sucrerie est donc récupérée à l’issue du séchage des pulpes, alors qu’elle était auparavant perdue dans l’atmosphère, puis réutilisée dans le processus de fabrication du sucre. Ce sont ainsi 130 000 md’eau supplémentaires qui seront mis à la disposition des agriculteurs à proximité de l’usine pour l’irrigation, en complément des 600 000 md’eau déjà produits par la sucrerie chaque année. « Cette première campagne nous a beaucoup appris et nous avons encore beaucoup de pistes d'amélioration pour la campagne 2024, conclut Thibaut Vaissière. Pour demain, c'est un schéma duplicable sur les autres sites du groupe Cristal Union que nous envisageons. »

Le projet de récupération d'énergie fatale s'inscrit dans une dynamique d'économie circulaire. Il utilise la vapeur produite par les chaudières au gaz naturel et produire 25 tonnes/ heure de pellets de pulpes destinés à l'alimentation animale.

Un projet à la pointe de la technologie

Le nouveau sécheur de technologie brevetée, d’un poids total à vide de 400 tonnes, fonctionne en synergie avec la chaufferie haut rendement et haute performance de la sucrerie mise en service en 2019. Les technologies de pointe sélectionnées pour le projet et l’ensemble du nouveau dispositif de séchage indirect des pulpes permettent d’optimiser le schéma énergétique de l’usine, en maintenant à la fois l’autonomie en électricité du site, qui auto-produit l’électricité nécessaire à son activité par cogénération, et l’équilibre thermique global de l’usine. 

Le site de Sainte-Émilie est autonome en eau depuis 2018, grâce à un système de récupération et de stockage des eaux qui permet à l’usine de fonctionner sans prélever d’eau dans le milieu naturel, rien qu’en valorisant au maximum le potentiel de sa première ressource, à savoir la betterave qui contient 75% d’eau. Les bassins de la sucrerie peuvent stocker 1 million de md’eau. Cette eau est ensuite réutilisée pour assurer les besoins de l’usine ainsi que pour l’irrigation des parcelles agricoles proches de la sucrerie.