Villeneuve-d'Ascq : Disruptual aide les marques à s'emparer du marché de la seconde main

En France, le marché de la seconde main pèse près de 7 milliards d'euros. Un chiffre qui devrait atteindre 45 milliards d'euros dans le monde en 2023, et qui pousse les marques à revoir leurs modèles. A Villeneuve-d'Ascq, Disruptual leur donne un coup de pouce en développant des plateformes dédiées, pour s'installer durablement sur ce marché.

A droite, Olivier Clair avec une partie de son équipe.
A droite, Olivier Clair avec une partie de son équipe.

En 2018, 30% des Français ont acheté un vêtement d'occasion, deux fois plus qu'en 20101. C'est la génération des "millenials" qui tire les chiffres vers le haut de ce marché, évalué en France à 1 milliard d'euros, animés d'une conscience écologique et économique. Autant dire que le marché de la seconde main pèse lourd et surtout devient fashion ! Si bien que d'ici quatre à cinq ans, la seconde vie devrait être supérieure à la fast fashion.

Les chiffres de l'application Vinted en sont un bel exemple : selon Médiamétrie, 1,5 million de visiteurs français la consultent quotidiennement (sur 37 millions d'utilisateurs en Europe), la plaçant ainsi dans le top 5 du e-commerce, à quelques places d'eBay. Ils sont près de 16 millions de Français à utiliser la plateforme, qui a réalisé une levée de fonds de 128 M€ en 2019 et qui a littéralement explosé en 2020 – le nombre d'annonces a crû de 17% en Europe au début du confinement. Une belle croissance pour l'entreprise lituanienne mais une menace pour les marques d'habillement qui voient là s'évaporer une partie de leur clientèle...

Présente depuis 2017 dans l'habillement

Bien plus près de chez nous, l'entreprise Disruptual (Villeneuve-d'Ascq) s'est saisie de cette niche il y a près de quatre ans pour aider les marques à reprendre la main sur le marché de l'occasion. Elle travaille aujourd'hui avec une quinzaine de plateformes de l'habillement mais aussi de la décoration. C'est à Disruptual que l'on doit le récent site de La Reboucle, le site de seconde main entre particuliers de La Redoute.

«Nous avons lancé un premier site de seconde main pour Cyrillus fin 2017. Les grandes marques y réfléchissaient déjà mais ne savaient pas comment appréhender ce nouveau marché», explique Olivier Clair, fondateur de Disruptual, tout en précisant : «Il ne s'agit pas d'un 'copier-coller' de Vinted.» Le point fort des plateformes développées par Disruptual plaît aux marques : quand une consommatrice vend un produit, elle peut récupérer l'argent ou un bon d'achat deux à trois supérieur à la somme, un choix plébiscité par huit vendeurs sur dix.

«La majorité des vendeuses choisit le bon d'achat et cela crée donc du trafic en magasin. Nous proposons la livraison à domicile mais aussi le retrait en magasin. Cela permet aussi aux marques de renouveler la clientèle. C'est souvent une clientèle plus jeune qui utilise la seconde main, c'est devenu tendance», ajoute le fondateur.

Un passage obligé pour tous les secteurs ?

Avec pour l'enseigne Jacadi, par exemple, un contrôle qualité à la réception du colis. Un vrai plus quand on sait que la livraison et la réception du colis sont, pour l'acheteur, une source d'angoisse dans la logistique e-commerce. A partir du mois d'avril, Disruptual va développer des corners physiques d'occasion en magasin.

Après une levée de fonds de 1 million d'euros en 2019, Disruptual a subi un coup d'arrêt lors du confinement, rattrapé en ce premier trimestre 2021 avec un chiffre d'affaires équivalent à celui de l'année 2020. Olivier Clair en est persuadé : d'ici cinq ans, l'ensemble des secteurs auront leur site d'occasion. Plus qu'un passage obligé, c'est surtout une demande accrue du consommateur, animé d'une conscience écologique et... économique.