Vaste coup de filet anti-pédocriminalité en France, 80 interpellations
Un élu, deux professeurs des écoles, un surveillant: 80 hommes soupçonnés de pédocriminalité ont été interpellés cette semaine en France, dans un vaste coup de filet montrant que ce...
Un élu, deux professeurs des écoles, un surveillant: 80 hommes soupçonnés de pédocriminalité ont été interpellés cette semaine en France, dans un vaste coup de filet montrant que ce fléau touche toutes les catégories sociales.
Les interpellations ont eu lieu dans 53 départements, dont deux d'outre-mer, a précisé à l'AFP le commissaire Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel du nouvel Office des mineurs (Ofmin) de la police judiciaire, qui a coordonné l'opération.
Parmi les mis en cause, âgés d'une trentaine à plus d'une soixantaine d'années, "cela va de l'élu local au chômeur, en passant par l'ingénieur", détaille le commissaire. "Dans la pédocriminalité, il n'y a pas de profil type, on retrouve toutes les catégories socioprofessionnelles".
Pour cette vaste opération, d'une ampleur "jamais vue" en France selon le commissaire, les policiers ont ciblé les profils étant en contact régulier avec des enfants.
Deux professeurs des écoles, des entraîneurs sportifs, ou un surveillant dans un foyer d'enfants en situation de handicap ont ainsi été interpellés.
L'un des professeurs possédait des "photos et vidéos volées de ses élèves à connotation sexuelle. Il avait sexualisé ces images", détaille M. Bevan. Le professeur est aussi mis en cause pour avoir agressé sexuellement au moins une de ses élèves, ajoute-t-il.
Comme lui, une "dizaine" d'interpellés sont également soupçonnés de viols sur mineurs ou d'agressions sexuelles.
Passer à l'acte
Le surveillant avait lui été condamné pour viol il "y a plusieurs décennies". Il avait bénéficié légalement d'un changement d'identité, ce qui explique qu'il a pu retravailler au contact d'enfants, ajoute M. Bevan.
"Cela montre que la pédocriminalité en ligne, ce n'est pas juste des activités solitaires sur internet", certains "sont déjà passés à l'acte ou risquent de le faire" dans la vie réelle, poursuit le policier.
"Ces photos ne sont pas virtuelles, il y a des milliers de victimes, des êtres vulnérables, qui ont été violés, et ont pour beaucoup subi des actes de tortures et de barbarie", abonde Martine Brousse, cofondatrice et présidente de l'association La Voix de l'enfant, interrogée sur BFMTV.
"Nous souhaitons que la Justice et le ministère de l'Intérieur mettent tout en oeuvre pour retrouver ces enfants (...) et qu'un procès ait lieu pour qu'ils soient reconnus comme victimes", a-t-elle ajouté, en assurant que l'association allait se constituer partie civile.
La secrétaire d’État à l'Enfance Charlotte Caubel s'est dite "sûre qu'il y a des centaines de gens qui sont connectés en ce moment-même sur des sites pédocriminels". "Beaucoup d'adultes qui sont parfois aussi parents et qui sont autour de nous, régulièrement regardent, consomment des images pédocriminelles", a-t-elle ajouté sur BFM-TV.
Elle a appelé les parents à la vigilance: "Attention, ne mettez pas les images de vos enfants en ligne de manière aussi massive" car ces images peuvent être détournés par des pédocriminels, au moyen de montages.
Plus de 100.000 images
Chez plusieurs mis en cause dans cette affaire, "plus de 100.000" vidéos et photos pédocriminelles ont été retrouvées lors des perquisitions. Les images étaient stockées dans des ordinateurs, disques durs ou autres supports numériques, a indiqué le commissaire.
Certains contenus étaient "extrêmement violents", souligne-t-il, citant "des actes sexuels commis sur des nourrissons, ou des enfants abusés sexuellement avec des animaux". "On est dans +l'immonde de l'immonde+".
Tous les mis en cause ont reconnu les faits lors de leurs gardes à vue, même si certains ont tenté de minimiser ou de se dédouaner.
A l'arrivée des policiers et gendarmes, certains interpellés ont été trouvés en train de télécharger des contenus pédocriminels. D'autres ont tenté de casser leur ordinateur "à coups de marteau".
A l'issue des gardes à vue pour "détention, consultation, diffusion et partage d'images pédocriminelles", 51 hommes ont été présentés à un juge. Parmi eux, 13 ont été écroués. Certains après avoir été condamnés à de la prison ferme en comparution immédiate, quand d'autres ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leur jugement.
A ce stade, 38 autres ont été placés sous contrôle judiciaire. D'autres gardes à vue ont été levées, dans l'attente de l'exploitation des supports numériques.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a salué sur X un "grand coup de filet contre la pédocriminalité". "Les investigations sont toujours en cours", a-t-il ajouté.
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