Université d’été du Medef : le Premier ministre présente les grandes lignes du plan de relance
Invité de l’Université d’été du Medef, le 26 août dernier, le Premier ministre, Jean Castex, a présenté aux chefs d’entreprise quelques-uns des grands axes du plan de relance du gouvernement, dont la présentation officielle a été reportée au 3 septembre.
«La crise sanitaire n’est pas terminée» et «la situation exige la plus grande vigilance» pour « éviter le retour à un confinement général», a rappelé le Premier ministre, devant un parterre de chefs d’entreprise masqués et assis sur les gradins à bonne distance les uns des autres.
Plusieurs des mesures anti-crise maintenues
Une situation qui a amené le gouvernement à maintenir certains des dispositifs mis en place à l’occasion de la pandémie. Le principe du chômage partiel a ainsi été prolongé jusqu’au 1er novembre pour les entreprises en difficulté, et jusqu’à la fin de l’année pour les secteurs les plus touchés (tourisme, hôtellerie et restauration, évènementiel, spectacle…). L’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance-chômage a, pour sa part, été reportée au 1er janvier 2021, «mais il s’agit d’un report, et non d’un abandon car c’est une bonne réforme», a tenu à préciser Jean Castex. Quant à «la perspective d’un million de chômeurs en plus dans les prochains mois, nous ferons tout pour que cela n’arrive pas».
Port du masque en entreprise : un principe général qui pourra être adapté
«Nous allons organiser une rentrée scolaire dans les conditions les plus normales possibles », car c’est «une des conditions essentielles de la reprise économique et sociale», a-t-il souligné, avant d’aborder une autre des questions qui préoccupent beaucoup les patrons : le port du masque en entreprise. « Nous [le gouvernement] avons appris à piloter le risque épidémique au plus près du terrain» et «de mesures globales nous savons faire du cousu main». Aussi, «il y aura de la place pour des solutions pragmatiques» au port du masque, a assuré Jean Castex. Une déclaration saluée par une salve d’applaudissements.
Deux ans pour effacer les effets de la crise
« Quand la crise nous a frappés, nous étions sur une excellente voie», a rappelé le Premier ministre, et «il nous faut impérativement redémarrer le moteur». Mais «l’État ne peut pas tout, tout seul», a-t-il lancé aux chefs d’entreprise, avant de présenter les grands axes du plan de relance du gouvernement, doté de 100 milliards d’euros sur deux ans, «soit quatre fois plus que le plan de relance de 2008». Mais ce dernier ne doit pas être «un poids sur les finances publiques», a-t-il ajouté, et c’est pourquoi le gouvernement a prévu que son impact «sur notre ratio de dette sera quasiment effacé d’ici 2025».
Soutenir l’offre et l’investissement productif
Le gouvernement a fait le choix d’une relance par le «soutien à l’offre et à l’investissement productif», a déclaré Jean Castex. Cette relance « passera très largement par les territoires», où des comités régionaux de suivi seront créés pour identifier les points de blocage éventuels, afin de soutenir l’activité partout en France «mais aussi à l’international, avec un volet export». «Au moins un quart du plan de relance ira aux PME et TPE» et, sur le plan administratif, «nous irons vers davantage de simplification pour faciliter son appropriation par toutes les entreprises».
Baisse des impôts de production, priorité à la formation et à l’emploi
Le Premier ministre a ensuite abordé deux sujets auxquels les chefs d’entreprise sont particulièrement sensibles. En matière de fiscalité, il a annoncé une baisse des impôts de production (cotisation foncière des entreprises, cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) «à hauteur de 10 milliards d’euros par an à partir de 2021». En parallèle, «nous continuerons à baisser l’impôt sur les sociétés, ainsi que s’y est engagé le président de la République». Et en ce qui concerne le chômage et l’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, le plan de relance «consacrera un effort exceptionnel» à la formation et à l’emploi, notamment des jeunes, et «j’ai besoin de vous pour atteindre cet objectif vis-à-vis des jeunes», a-t-il déclaré aux patrons. «Ce plan, finalement, ne réussira que si nous créons ensemble les conditions de la confiance» et «le gouvernement doit montrer la voie en retrouvant un dialogue apaisé avec les partenaires sociaux», a poursuivi le Premier ministre, tout en rappelant son attachement «au partage de la croissance» avec les salariés et à la défense «de notre protection sociale et de nos services publics». «L’État est là et l’État a besoin des entreprises de France», a-t-il enfin conclu, «des concertations sont en cours et j’attends de vous des propositions ambitieuses».
Des mesures de soutien massif au secteur du bâtiment
Invité à une «keynote» de l’Université d’été du Medef, le 27 août dernier, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, a notamment confirmé que le plan de relance du gouvernement comprendrait des mesures de soutien au secteur du bâtiment. «Il y aura plusieurs milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments » privés et publics, et «nous n’oublierons pas la construction neuve non plus», a-t-il déclaré. Mais Bercy attend une contrepartie de la part des acteurs du secteur : «nous allons vous soutenir massivement, mais limitez au strict minimum le recours aux travailleurs détachés, faites travailler des ouvriers français, embauchez des jeunes», a demandé le ministre.
Miren LARTIGUE