Une rentrée de mobilisation pour l’ADIE
Durant cette crise sanitaire aux ricochets économiques et sociaux qui fragilisent tout autant les porteurs de projets que des créateurs en activité, l’Association pour le droit à l’initiative économique intensifie son accompagnement porté sur la valorisation de l’humain et la connaissance des réalités territoriales.
«Durant le confinement, nous avons suivi, au cas par cas, la situation d’un millier de clients en Lorraine. Même en télétravail, le lien ne s’est rompu avec aucun d’eux. Depuis le 11 mai, nous avons aidé au financement de 111 travailleurs indépendants dans la région», indique Line André, directrice des opérations sur le site de Maxéville. La directrice administrative et financière pour le secteur Grand Est Bourgogne Franche-Comté est actuellement Karima Berrih. L’ADIE est née en 1989 sur une valeur cardinale : déployer le microcrédit accompagné. Les sommes ne dépassent pas 10 000 euros et permettent de financer un investissement, une trésorerie, un stock, un besoin matériel… Demandeurs d’emploi, allocataires de minima sociaux, salariés en précarité, publics des villes et de la ruralité, femmes constituent cette cohorte de personnes ayant peu ou pas au crédit bancaire. En cette rentrée, où la crise du coronavirus va avoir immanquablement des répercussions sociales et économiques, l’ADIE mobilise ses dix agences lorraines, comme le rappelle Line André : «beaucoup de personnes vont décider de se lancer dans la création d’activité. À nous de les guider dans leur projet.» Le premier contact entre un néo-créateur et l’association se fait par téléphone. Un check-up sur la situation de la personne, son projet, le montant de son besoin de financement. La seconde étape se formalise par un entretien en présentiel. Une heure pour affiner, approfondir. «Au-delà de l’idée, de sa cohérence, de son adéquation avec la personne, un élément est déterminant à nos yeux : le savoir-être, le savoir-faire, la volonté du demandeur à s’en sortir. Par expérience, je peux dire qu’il y a de beaux exemples. On part dans l’absolu sur un préalable positif», assure Line André.
Solidifier le travail indépendant
Le dossier passe ensuite en instance de décision. Quatre dossiers par semaine et une réponse, positive ou négative, le jour même. «Répondre à la personne, c’est une forme de respect, de valorisation», observe Line André. L’acceptation validée déclenche le processus de déblocage de l’argent : microcrédit, prêt d’honneur, facilitation à des dispositifs locaux, accès à des micro-assurances. L’ADIE travaille avec les grandes banques françaises et les services de l’emploi et de l’insertion. «Le suivi par notre association dure en moyenne de 18 mois. À l’issue de cette période, le taux de remboursement se situe à 94 %», poursuit Line André. Plus tard, la personne aura la possibilité de solliciter un autre crédit, pour un besoin particulier, lié à l’évolution de son activité, non pour rembourser une dette. Cela devrait être le cas dans les mois à venir, des entrepreneurs déstabilisés par la situation actuelle ayant besoin d’un coup de pouce pour se relancer. Les mois de crise qui se succèdent ont permis à l’ADIE de développer de nouvelles méthodes : «nous accentuons l’accompagnement numérique de nos clients. Les entretiens en visio se démocratisent», note Line André. Face aux conséquences sociales encore incertaines du Covid-19, l’ADIE reste animée d’une conviction : défendre un travail indépendant doté d’une vraie protection sociale et d’un droit à la formation professionnelle. Voilà quinze ans, elle contribua à introduire dans la loi de cohésion sociale un article reconnaissant la création d’entreprise comme voie d’insertion. Trois ans plus tard, elle fut à l’origine du régime de l’auto-entreprise et de sa consolidation. Des combats, hier, aujourd’hui et pour demain, avec un leitmotiv : l’une des dignités de l’homme et de la femme demeure le travail et l’utilité sociale.