Une récup aux accents créatifs
Après bientôt vingt ans d’existence, la recyclerie du Plateau Picard trouve un second souffle. Réorganisation de son fonctionnement, atelier de customisation : parmi plus de 30 000 objets qui y trouvent chaque année une nouvelle vie, certains passent désormais par la case relooking et s’affichent sur leur page Facebook.
Sans esbroufe, la communauté de communes du Plateau Picard, présidée par Frans Desmet, le maire de Saint-Just-en-Chaussée, engrange les bons points en matière de développement durable : engagement dans le “zéro phyto”, politique optimisée des déchets, ou encore mieux-vivre comme “Les Rendez-vous du terroir” qui permettent à des producteurs locaux de vendre directement leurs produits bio aux habitants. La recyclerie, mise en place en 1998 sous une forme associative et récupérée en 2008 dans le giron des compétences intercommunales, participe de cette même philosophie durable et solidaire. Émanation du service déchets de l’intercommunalité depuis sa prise de compé- tence, elle s’emploie à faire entrer tous les objets réutilisables dans un cycle vertueux, vecteur d’une nouvelle économie. 120 tonnes d’objets divers et d’encombrants sont ainsi collectés chaque année sur les quatre déchetteries (Maignelay, Saint-Just-en-Chaussée, Bulles, La Neuville-Roy), évitant ainsi 40 tonnes de déchets supplémentaires. Relégués hier au fond du grenier ou jetés dans l’une des quatre déchetteries disposant d’un quai de stockage, ils pourront même, qui sait, devenir les pépites de demain.
Un espace de 300 m2 bien agencé
Sandrine Bornsiak, chargée de l’économie locale, en est persuadée, c’est une excellente adresse pour dénicher un meuble vintage à moindre prix : « Chez nous, rien ne dépasse 200 euros », assure t-elle. Forte de son expérience marketing, elle a été appelée en renfort afin d’optimiser son fonctionnement et doper les ventes. « Notre recyclerie avait besoin de retrouver de l’attractivité avec une nouvelle gamme de produits. ». La recyclerie emploie une dizaine de personnes dont l’activité se partage entre enlèvement, tri et remise en état. Le mardi et le jeudi sont consacrés à l’enlèvement chez les particuliers, les autres objets étant collectés sur les quais des déchetteries le vendredi. Le mercredi est dévolu à l’installation du magasin. Car tout doit être prêt pour le samedi, seul jour d’ouverture au public. Sous la houlette de Sandrine Bornsiak, chaque semaine, l’équipe peaufine de nouveaux décors : chambres à coucher, salons, cuisines, jouets, vêtements, bijoux en vitrine. Dans cet espace de 300 m2 où l’envers vaut l’endroit (le magasin de stockage est impeccable), tout doit être désirable, des livres à un euro au miroir à quatre euros, en passant par le vieux pupitre d’écolier à 20 euros.
Viser une clientèle plus exigeante
Dans les ateliers installés à deux pas dans une ancienne sucrerie, Thierry et Xavier s’affairent à remettre en état meubles et électroménager. Mieux : sous l’œil avisé de Sandrine Bornsiak, ils en customisent certains. Xavier montre un catalogue de Maisons du Monde où ils puisent parfois leurs inspirations, car c’est une clientèle plus exigeante que la chargée de l’économie locale vise désormais. « On va appliquer une peinture gris manganèse sur ce meuble en merisier massif en laissant le plateau naturel », explique Thierry qui se pique au jeu. Les meubles relookés au goût du jour, du shabby chic au vintage années 50 ou 60, seront pris en photo avant d’être postés sur Facebook. « Chaque semaine, je propose mes coups de cœur, ce qui nous donne une bonne visibilité et permet de fidéliser la clientèle », explique Sandrine Bornsiak. Les ventes spéciales cycles et rollers, qui se tiennent plusieurs fois par an, sont aussi très prisées. Et pas de souci si l’achat est imposant : pour 40 euros, la recyclerie livre à domicile. Les recettes avoisinent les 5 000 euros mensuels, chiffre que Sandrine Bornsiak espère bien booster avec la vente de meubles customisés.