Une pêche "électrique" dans le sud de la mer du Nord
Si la législation européenne permet actuellement d’équiper 5% des chalutiers à perche d’un système de pêche électrique dans le sud de la mer du Nord, les Pays-Bas viennent d’obtenir une dérogation «sur base scientifique» qui leur en accorde jusqu’à 10%. Ainsi, 84 bateaux néerlandais − soit 42 de plus qu’aujourd’hui − seraient désormais autorisés à utiliser cette technique qui consiste à faire passer un courant dans le fond marin. Les muscles des poissons se contractant, soles et autres poissons plats remontent vers la surface et se font alors happer par le chalut. Du coup les pêcheurs flamands et ceux du nord de la France, qui n’utilisent pas encore cette technique, sont unanimes pour dénoncer une concurrence déloyale et un désastre environnemental. Des deux côtés de la frontière, la sole est pour eux la principale source de revenus. Président du comité régional des pêches Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Olivier Leprêtre s’insurge, photo à l’appui, contre cette pêche qui fait éclater le dos des limandes. Il s’en prend au lobbying des Néerlandais qui réussissent à faire passer leurs techniques − la senne danoise et le chalut à impulsion électrique − comme des techniques douces, économes en carburant et peu impactantes sur les fonds marins alors qu’elles ravagent le sud de la mer du Nord et la Manche orientale. Face à la pêche électrique, les artisans pêcheurs français, de Dunkerque à Etaples, sont… à contre-courant.