Une nécessaire adaptation face aux nouvelles réglementations en Europe

Il y a 30 ans, l’américain Cyanamid s’implantait à Gravelines. Rachetée en 2000 par l’allemand BASF, l’usine de fabrication de produits phytosanitaires n’a pas cessé d’investir depuis, confortant un site qui doit aujourd’hui s’adapter aux nouvelles réglementations sur les pesticides qui touchent le marché européen.

Une nécessaire adaptation face aux nouvelles réglementations en Europe

 

Quand, en 1989, l’américain Cyanamid s’implante à Gravelines, cette arrivée est vue comme une bouffée d’oxygène par un territoire durement touché par la fermeture de ses chantiers navals deux ans auparavant. Le site de production de produits phytosanitaires emploie alors 60 salariés et ambitionne une production de 10 millions de litres annuels. Onze ans plus tard, en 2000, le premier groupe mondial chimique, l’allemand BASF, rachète les activités agrochimiques d’un concurrent américain, causant la disparition de Cyanamid, dont l’ensemble des sites prend alors le nom de BASF Agri-Production. Pour le site gravelinois, ce rachat est une excellente nouvelle. Non seulement la production augmente (elle est aujourd’hui de 32 millions de litres par an), mais également les effectifs (164 collaborateurs en 2019). Les investissements suivent le même chemin : 40 millions d’euros sur la période 2010-2019.

Préserver la biodiversité

L’usine gravelinoise s’est spécialisée dans la production d’herbicides sélectifs à destination du secteur agricole dans le monde entier. Le marché français représente seulement 20% de sa production ; 80% sont exportés dans une soixantaine de pays, dont une majorité située en Europe. Avec l’accroissement de la population mondiale qui a conduit à l’augmentation des besoins en nourriture, le secteur des produits phytosanitaires a connu une très forte progression ces dernières années, plus particulièrement en Amérique et en Asie. Toutefois, les nouvelles réglementations, en Europe notamment, qui encadrent beaucoup plus strictement l’utilisation des pesticides et leur impact sur l’homme et sur l’environnement, ont conduit le groupe BASF à réfléchir au développement de nouvelles molécules. Soucieux de son image, le géant de la chimie s’est même engagé, dans une charte rendue publique en 2019, «à produire en respectant d’une part la compétitivité des exploitations agricoles et, d’autre part, l’équilibre global d’une agriculture à faible empreinte environnementale associant productivité des cultures et biodiversité».

À Gravelines, Philippe Boudier, le directeur industriel du site, voit plutôt d’un bon œil cette évolution. «C’est toujours formateur de sortir de sa zone de confort, insiste-il. D’ici quelques années, 60% de notre gamme de produits aura été renouvelée. Il faudra s’adapter. Le lancement des premiers nouveaux produits va intervenir en 2020-2021. Nous sommes donc en train d’investir 6 millions d’euros afin de créer de nouvelles zones de stockage et de logistique de matières qui entrent dans la composition de nos produits.» Un bel investissement qui vient prouver que le groupe BASF a toute confiance en son site gravelinois pour l’accompagner dans la nécessaire transition de l’agriculture.