Une issue finalement heureuse

Le repreneur Axyntis − qui dispose d’un site à Calais − doit prendre possession de Calaire (au moment où nous mettons sous presse) et procéder à la réorganisation du site avec les 80 salariés qu’il conserve sur 197. Une manifestation de 500 personnes a mis une dernière fois la pression sur les acteurs publics, le 2 novembre dernier.

« Environ 500 personnes ont manifesté dans les rues de Calais le 2 novembre dernier pour soutenir les salariés de Calaire et de LKI ».
« Environ 500 personnes ont manifesté dans les rues de Calais le 2 novembre dernier pour soutenir les salariés de Calaire et de LKI ».
Ismaîl Railane

Environ 500 personnes ont manifesté dans les rues de Calais, le 2 novembre dernier, pour soutenir les salariés de Calaire et de LKI.

 

Ils n’avaient pas d’espoir autre que celui de faire payer un peu plus l’Etat et la direction de Calaire chimie (ICIG). Les salariés ont manifesté avec leurs familles le 2 novembre dans les rues de Calais. Satisfaits ? : «Très : on a fait tout ce qu’on a pu. Le PSE a été grandement amélioré», affirme Patrick Salingue, délégué syndical chez Calaire. C’est un tout autre son de cloche qu’on entend chez le préfet du département : «Le plan de sauvegarde de l’emploi a été homologué par les services de l’Etat. Il n’est pas de 1,4 million d’euros comme on peut le lire ici et là. Au total, il sera de 5,3 millions d’euros. Le transfert de l’autorisation d’exploiter a été réalisé le 29 octobre dernier pour le repreneur. L’Etat avait un triple objectif : maintenir un site industriel, faire durer l’activité en attendant de voir émerger des solutions, sauvegarder un maximum d’emplois.» Quant à la vente d’actifs de Calaire en juin dernier par la Compagnie nationale des poudres et explosifs (une entreprise publique) : «de l’histoire ancienne», élude Denis Robin. La totalité de l’enveloppe dédiée à la poursuite de l’activité (6 millions d’euros) qui n’a pas été engagée par l’administrateur judiciaire Vincent Labis ? «Il n’y avait rien dans la décision du tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer qui contraigne l’actionnaire», répond le représentant de l’Etat. Le million d’euros voté par la Ville de Calais ? «Rien de contraignant. C’est tellement vague… C’est un million qui passe d’un dossier à un autre», sourit le haut fonctionnaire, faisant allusion au million d’euros voté pour SeaFrance l’an dernier.

 

Qui paie le PSE ? Aujourd’hui, le propriétaire allemand de Calaire, ICIG, qui n’a jamais souhaité communiquer, est en prise avec l’Etat français dans ce dossier. «Nous considérons que l’actionnaire n’a pas encore assumé la totalité de ses obligations», avance le préfet. Autrement dit, la totalité du plan social sera-t-il complètement à la charge des AGS (le régime de garantie des salaires) ou ICIG en reprendra-t-il une partie ? Sa décision dépendra peut-être de ce qu’il compte faire sur son site de Thann (Haut-Rhin) où il espère investir 53 millions d’euros dans son usine de potasse (250 salariés), notamment pour l’ élimination du mercure dans le process avant 2019. Calaire va donc vivre une nouvelle vie sous le pavillon d’Axyntis. Reste une dernière demande des salariés : «Que le préfet attende un peu avec les clés de l’usine…». Denis Robin s’est voulu conciliant : « Je ne suis pas dans la contrainte. Tout le monde est raisonnable. Les choses se dénouent naturellement.» Dernièrement, les salariés étaient reçus par des membres des cabinets de Michel Sapin, ministre du Travail, et d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif.