Lancement du projet européen Interreg Build-value

Une dynamique transfrontalière pour une construction plus durable

Le projet européen est en marche depuis 18 mois avec un objectif ambitieux : décarboner le secteur de la construction en favorisant l’usage des éco-matériaux. Ce jeudi 13 mars, les partenaires du projet -dont la Province de Namur, le Grand Amiénois et l’Université d’Artois-, se sont réunis au CD2E pour officialiser son lancement et réaffirmer leur engagement en faveur d’une transition écologique du bâtiment.

Élodie Donnez, consultante bâtiment durable, hors-site et qualité du CD2E, et Anne-Sophie Martin, chargée de mission au sein du Cluster Éco-construction.
Élodie Donnez, consultante bâtiment durable, hors-site et qualité du CD2E, et Anne-Sophie Martin, chargée de mission au sein du Cluster Éco-construction.

Dans un contexte où l’empreinte environnementale du secteur de la construction est pointée du doigt, Build-value vise à transformer durablement les pratiques en encourageant l’utilisation de matériaux à faible impact environnemental.

Un budget de 3,7 millions d'euros de 2024 à 2028

Pour y parvenir, plusieurs freins ont été identifiés : un manque de visibilité des solutions disponibles sur le territoire, compliquant le choix des décideurs publics engagés dans une démarche écologique ; une communication insuffisante entre prescripteurs publics et entrepreneurs, ces derniers se heurtant à des procédures de certification complexes et coûteuses en France comme en Belgique ; et un déficit de reconnaissance des innovations auprès du monde académique, freinant leur diffusion à grande échelle.

Face à ces problématiques, Build-value se structure autour de trois axes : définir les caractéristiques techniques des éco-matériaux pour convaincre le secteur conventionnel de leur pertinence et de leur performance ; favoriser leur adoption en renforçant la coopération entre entreprises, chercheurs et institutions publiques ; et transformer les habitudes en accompagnant les acteurs du secteur vers une généralisation des éco-matériaux comme standard constructif. Avec un budget de 3,7 millions d'euros, financé à 60% par les fonds FEDER, le projet mobilise 18 partenaires français et belges sur une période de 2024 à 2028.

Les partenaires du projet européen Interreg Build-value se sont donnés rendez-vous au CD2E, à Loos-en-Gohelle, pour le lancement du programme transfrontalier.

Démocratiser les éco-matériaux en France et en Belgique

Le projet Build-value trouve son origine dans des rencontres entre experts du secteur, soucieux d’apporter des solutions concrètes à la crise environnementale du bâtiment. Anne-Sophie Martin, chargée de mission au Cluster Éco-construction, explique : «L’idée du projet a émergé il y a deux ans, lors d’un événement du programme Interreg. Plusieurs acteurs partageant un intérêt pour les éco-matériaux ont commencé à échanger, puis à structurer leurs réflexions au fil des rencontres. Nous avons monté un projet solide, porté par un consortium de partenaires complémentaires en France et en Belgique. Un travail collaboratif qui nous a permis d’être sélectionnés par l’Europe et de démarrer officiellement cette belle aventure». Parmi les 18 partenaires, figurent notamment la Province de Namur, le Pôle métropolitain du Grand Amiénois, l’Université d’Artois et, bien entendu, le CD2E et le Cluster Éco-construction.

Pour favoriser l’adhésion du secteur de la construction aux éco-matériaux, le consortium entend actionner plusieurs leviers : des tests en laboratoire, des campagnes de sensibilisation et des actions de formation et d’accompagnement. Élodie Donnez, consultante bâtiment durable au CD2E, souligne l’importance de ce processus : «L’enjeu principal est de démontrer, par des bases scientifiques solides, que les éco-matériaux sont une alternative performante et viable. Nous allons tester leurs caractéristiques techniques, diffuser ces résultats et former les différents acteurs - maîtres d’ouvrage, entreprises, collectivités - pour les aider à les intégrer dans leurs projets. Il s’agit de donner confiance en ces matériaux et de les rendre incontournables dans la construction de demain».

Initier la transition structurelle du secteur

Et d’ajouter : «Notre objectif est que les éco-matériaux deviennent un standard ! Il faut inverser la logique actuelle et ne plus considérer le béton comme une évidence pour toutes les constructions. Pour une maison individuelle, d’autres solutions existent, plus adaptées et respectueuses de l’environnement, et Build-value s’inscrit dans cette dynamique de transformation en accompagnant les acteurs vers une approche plus raisonnée et responsable».

En portant l’ambition de lever les freins techniques, économiques et culturels à l’usage des éco-matériaux, ce projet européen ouvre ainsi la voie à une transition structurelle du secteur, où performance et impact environnemental ne sont plus opposés, mais conjugués. Et d’ici 2028, l’objectif est clair : faire des éco-matériaux une évidence et non plus une exception dans le paysage de la construction.