Une célébration mêlée de crainte

Grande-Synthe a fêté le cinquantième anniversaire du démarrage, en 1962, de la production de l’usine sidérurgique d’Arcelor. Un anniversaire qui intervient dans une période de doute.

« Une centaine de personnes avaient été invitées par la direction d’Arcelor Atlantique au palais du Littoral de Grande-Synthe pour le cinquantième anniversaire du site »
« Une centaine de personnes avaient été invitées par la direction d’Arcelor Atlantique au palais du Littoral de Grande-Synthe pour le cinquantième anniversaire du site »
CAPresse 2012

Une centaine de personnes avaient été invitées par la direction d’Arcelor Atlantique, au palais du Littoral de Grande-Synthe, pour le cinquantième anniversaire du site.

C’est l’histoire d’un projet industriel national qui a transformé un territoire. Une histoire qui naît d’une décision du gouvernement français qui a préféré se doter en métropole de cet outil de production plutôt qu’en Algérie qui commence son histoire indépendante. L’histoire d’Arcelor restera toutefois marquée par cette touche méditerranéenne avec une main-d’œuvre algérienne puis marocaine très importante, qui ne figure pas sur les vieilles photos de l’exposition montée pour l’occasion. Autre incongruité, parmi les invités non plus il n’y avait pas de personnes issues des «minorités visibles». Quand on connaît la population ouvrière qui a fait tourner l’usine depuis un demi-siècle… Les ex-colonisés ont pour autant été souvent cités dans les discours des orateurs qui se sont succédé dans le hall du palais du Littoral, comme Damien Carême, maire de la ville, issu d’une famille qui a suivi les mêmes pas des familles algériennes, marocaines et tunisiennes quittant les bassins miniers de Lorraine et du Nord-Pas-de-Calais pour offrir leur force de travail dans la sidérurgie. Il n’a pas manqué de dire, en présence de Henri-Pierre Orsoni, directeur général d’Arcelor Atlantique, son inquiétude à l’annonce, il y a un mois, de la fermeture du site de Florange.

 

CAPresse 2012

Une coulée continue sur le site de Grande-Synthe.

Rendez-vous pour le centenaire ? Damien Carême a rappelé l’histoire d’une commune maraîchère qui est passée de 1 500 à 26 000 habitants. Une chance pour une ville qui allait pouvoir bénéficier au fil du temps de l’ex-taxe professionnelle (plus de 250 millions de francs dans les années quatre-vingt-dix). «C’est mon père, devenu maire en 1971, qui a doublé ce qu’on appelait alors la patente.» Grande-Synthe a alors vu s’ériger les longues barres d’immeubles aujourd’hui largement détruites ou rénovées. «L’âge d’or est révolu», a reconnu le maire de la ville. Le directeur d’Arcelor Atlantique ne l’a pas démenti. Pour Henri-Pierre Orsoni, la crainte des élus doit toutefois être modérée : «On est habitués à la flexibilité. Sur le haut fourneau n° 2, tout est normal. La maintenance doit durer jusqu’à la fin du mois de novembre. On verra plus clair au printemps. Le marché européen est bas.» Cinquante ans après sa création, Arcelor tient toujours une place prépondérante dans l’économie locale. Au siècle prochain, il est peu probable que l’utilisation de l’acier ait disparu d’Europe. Arcelor sera là sous une autre forme. La question est : contribuera-t-il toujours autant à la richesse du territoire ?

 

 

CAPresse 2012
Henri-Pierre Orsoni, directeur général d’Arcelor Atlantique.