Santé des dirigeants : une amélioration fragile
Selon la 9e édition du baromètre OpinionWay pour la «Fondation MMA des entrepreneurs du futur», les entrepreneurs renouent, après trois ans de crise, avec la confiance, mais le découragement et le stress sont toujours présents.
Un bilan de santé (physique et psychologique) mitigé : c’est ce qui ressort du dernier baromètre OpinionWay pour la «Fondation MMA des entrepreneurs du futur»(*), publié fin juin. Globalement, les dirigeants de TPE/PME et ETI interrogés se déclarent en bonne forme et davantage confiants, mais des signaux faibles pointent. À mi-2023, 58 % des chefs d’entreprise envisagent l’avenir de leur entreprise positivement, contre 51 % l’année précédente. Ce chiffre monte même à 65 % chez les dirigeants de moins de 50 ans. Le niveau d’optimisme affiché est fortement lié à la taille de l’entreprise : plus prononcé chez les dirigeants d’ETI (83 %) et de PME (65 %), mais moins marqué pour les TPE (56 %). Mais, durement impactés par les répercussions liées à la crise sanitaire, ces trois dernières années, les dirigeants ont le moral davantage fragilisé par rapport à 2022. En effet, 18 % d’entre eux se disent découragés, pour se lancer dans de nouveaux projets, une proportion en hausse de quatre points comparativement à l’année passée. Environ 33 % d’entre eux se jugent confiants tout en restant prudents lorsqu’il s’agit de faire des choix stratégiques. Dans le contexte actuel, près de 26 % font encore preuve d’attentisme.
Entre implication et renoncements
S’agissant de leur état de santé, 83 % des sondés se déclarent en bonne forme physique, 77 % en bonne forme psychologique. Même si, 70 % d’entre eux sont exposés à certains malaises, comme le mal de dos (46 %), les douleurs articulaires (39 %), et à un sommeil perturbé (38 %). Dans certains secteurs d’activité, plus particulièrement, tels l’agriculture et le BTP, où le travail est davantage susceptible d’engendrer des maux physiques : 66 % des agriculteurs souffrent du dos et 49 % des dirigeants de BTP/Industrie de douleurs articulaires , détaille le baromètre. Les troubles psychologiques sont également cités par les décideurs. Confrontés aux transformations imposées à l’entreprise, 23 % d’entre eux se sentent exposés à des risques de dépression ou de burn-out, 35 % craignent la dégradation de leur santé physique et environ 40 % admettent avoir du mal à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Le stress reste «un marqueur fort de la fonction de dirigeant» : il affecte 70 % d’entre eux, impactant leur patience (57 %), leur sérénité (56 %), voire même leur capacité à prendre des décisions (34 %). Pour remédier à ces soucis, 29 % des entrepreneurs consultent régulièrement un professionnel de santé tandis que 59 % n’ont recours à cette démarche qu’en cas de problème sérieux (environ 12 % jamais). Sur les 12 derniers mois, 31 % ont renoncé à consulter un médecin, principalement (70 % d’entre eux) pour prioriser le maintien de leur activité. «Leur détermination ne va pas sans conséquences sur leur état de stress et leur capacité à s’accorder l’espace nécessaire pour prendre soin d’eux et de leurs proches», souligne Sylvie Bonello, déléguée générale de la Fondation MMA des entrepreneurs du futur. Ainsi pour privilégier leur carrière professionnelle, environ 12 % des femmes et près de deux jeunes de moins de 35 ans sur 10 (hommes et femmes confondus) ont abandonné un projet d’enfant, 13 % n’étaient pas capables d’accompagner un proche dépendant ou lui apporter de l’aide, 16 % ont renoncé à soutenir l’activité du conjoint.
Une pause envisageable
Toutefois, conscients des risques encourus, 35 % seraient prêts à faire une pause dans leur carrière, dont 45 % pour se reposer, 18 % pour repenser leur activité, alors que la place accordé au travail interroge de plus en plus, et 25 % pour... se distraire.
(*) Enquête téléphonique, menée par OpinionWay, auprès de plus de 1 500 dirigeants, du 11 avril au 5 mai 2023.
AÏcha BAGHDAD et B.L