Un village bavarois plébiscite un projet clé pour l'industrie allemande

Soulagement dans le monde de l'automobile en Allemagne : un village bavarois a donné son feu vert dimanche à la construction d'une usine pour batteries de BMW qui juge le projet...

Le siège du constructeur automobile allemand BMW, le 10 mai 2023 à Munich, dans le sud de l'Allemagne © Christof STACHE
Le siège du constructeur automobile allemand BMW, le 10 mai 2023 à Munich, dans le sud de l'Allemagne © Christof STACHE

Soulagement dans le monde de l'automobile en Allemagne : un village bavarois a donné son feu vert dimanche à la construction d'une usine pour batteries de BMW qui juge le projet décisif pour sa conversion au tout électrique.

Le constructeur automobile n'avait pas lésiné sur les moyens pour tenter de séduire les 2.700 habitants de Strasskirchen, tranquille bourgade à une heure et demi de Munich, divisée depuis des mois par la perspective de cette implantation.

Lors d'une consultation locale organisée dimanche, une large majorité des votants (75%) s'est prononcée en faveur du projet, ont annoncé BMW et la mairie.

Le projet a valeur de symbole alors que l'industrie allemande traverse une période de marasme, confrontée à des coûts énergétiques élevés et des carnets de commandes de l'étranger qui se tarissent. 

S'ajoutent des exigences réglementaires toujours plus strictes et les subventions plus attractives proposées ailleurs, aux États-Unis notamment, qui sont autant de vecteurs poussant des entrepreneurs à revoir leurs implantations "made in Germany".

Le résultat de la consultation est un "signal important" pour l'avenir économique de l'Allemagne, a ainsi déclaré Ilka Horstmeier, responsable des ressources humaines de BMW, dans un communiqué dimanche soir.

Le site, qui doit employer à terme plus de 3.200 personnes, est conçu pour produire 600.000 batteries haute tension par an, à destination des usines BMW, notamment celle de Dingolfing (sud), la plus grande du constructeur en Allemagne et en Europe.

- Terres arables - 

Un rejet du projet aurait compromis la stratégie d'électrification du groupe et le lancement prévu vers 2025 de sa nouvelle gamme de véhicules électriques.

Les batteries étant volumineuses et lourdes, leurs usines de production doivent se situer le plus près possible des chaînes de montage de véhicules. 

BMW applique déjà cette stratégie pour ses usines à l'étranger, en Hongrie, aux Etats-Unis, au Mexique et en Chine.

La commune de Strasskirchen a été choisie en remplissant aussi ce critère de proximité. 

Mais une frange d'habitants s'opposait au géant bavarois de l'automobile, craignant que leur territoire rural, au sud du Danube et de la forêt bavaroise, ne devienne une zone industrielle, avec une multiplication du trafic routier.

"Plus de 100 hectares de terres arables de première qualité seront détruits à jamais", une erreur "dans la perspective du changement climatique", estime Thomas Spötzl, 44 ans, porte-parole d'un mouvement d'opposants

Réticences

 

"Pour la Bavière, et pour toute l'Allemagne, il doit encore être possible de faire naître une grande implantation industrielle de ce type", faisait valoir Armin Soller, maire du village voisin d'Irlbach, également concerné par le futur site. 

Du côté de BMW, on déplorait "une nette réticence à créer des sites industriels en Allemagne", alors que l'activité du pays tourne au ralenti et que son modèle économique affronte des transformations structurelles, comme la transition énergétique, la numérisation, les tensions géopolitiques avec la Chine.

Ainsi, une usine à papier d'une zone industrielle voisine de Strasskirchen employant 500 salariés a annoncé en juillet sa fermeture. Les coûts élevés de l'énergie ont été avancés comme raison. 

Le chancelier Olaf Scholz a récemment appelé les régions, communes et même l'opposition à soutenir un "pacte allemand" pour rendre le pays plus agile, dynamique, moins bureaucratique, mais cela n'a pas vraiment convaincu les milieux économiques.

"Nous avons besoin d'un concept global qui garantisse le maintien de notre compétitivité et de nos implantations", a estimé lundi Arno Antliz, directeur financier de l'autre géant automobile Volkswagen.

Plusieurs grands projets industriels ont toutefois été annoncés dans la première économie européenne ces derniers mois, comme des usines de fabrication de semi-conducteurs portées par les leaders mondiaux du secteur.

Le futur site BMW offre "une chance immense pour la région d'investir dans des technologies durables et des emplois d'avenir", assurait avant le vote, Martin Götz, 45 ans, natif de Strasskirchen et porte-parole d'une association de soutien au projet d'usine. 

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