Un projet "Napoléon" pour inventer l'avenir

Tourner le dos définitivement à l'exploitation du marbre, optimiser celle des granulats, préserver la ressource et l'environnement : ce sont les challenges relevés par le Groupe Carrières du Boulonnais à travers son projet "Napoléon" dans le bassin carrier de Marquise.

une vue actuelle de la carrière dont l'aspect va être profondément modifié par le Projet Napoléon.
une vue actuelle de la carrière dont l'aspect va être profondément modifié par le Projet Napoléon.
Hervé Morcrette

Une vue actuelle de la carrière dont l'aspect va être profondément modifié par le projet "Napoléon".

J’ai traversé ma vie en entendant mon grand-père, puis mon père, répéter qu’un jour il faudra détruire les bureaux pour attaquer la roche située en dessous. Nous y sommes.” Ainsi parle Franck Poulain qui dirige avec son frère Gilles le Groupe Carrières du Boulonnais, entreprise de taille intermédiaire du bassin carrier de Marquise. Une entreprise restée 100% familiale née en 1896, dont la vocation fut longtemps l’exploitation du marbre. Une exploitation sur laquelle l’entreprise a tiré un trait définitif fin 2012. Une décision prise sous la double contrainte du ralentissement, depuis quelques décennies, de l’utilisation du marbre dans la construction et de la structure géologique de la carrière qui voyait son gisement s’épuiser. Le Groupe Carrières du Boulonnais avait préparé de longue main cette échéance : dès 1959, il s’était lancé dans l’exploitation des granulats. La carrière de Ferques, la plus grande de roches massives en France, n’est pas là de fermer : le projet “Napoléon” va lui permettre de se projeter dans un avenir peuplé de quelques autres décennies.

 Redéfinir le site. Arrêter le marbre mais en profiter pour aller de l’avant. Telle était la réflexion ces dernières années au sein du groupe. Les équipes se sont donc donné pour mission de redéfinir le site afin d’accéder plus largement au gisement de granulats dans un souci de pérennité, de développement et d’économie de la ressource. D’où la nécessité de rayer de la carte les bureaux actuels, d’autres installations et la butte de la Poudrière. Cette dernière est le symbole du passé et de l’avenir : on y a entassé des “stériles”, c’est-à-dire des matériaux impropres à la commercialisation qui représentent le quart des matières extraites. Ces stériles vont servir à la reconfiguration du site, conformément à un plan paysage du bassin carrier de Marquise conclu avec les élus au début des années 90.

 Révolution culturelle. En employant ces stériles pour aménager sur le site des “banquettes”, le chantier a commencé par la restructuration des réseaux. Ainsi de l’eau, celle de ville ou celle qui sert au process, ainsi que l’aménagement écologique d’un ruisseau. L’installation électrique a été portée à 7 MgW tandis qu’une installation de secours de 4 MgW voyait le jour. L’informatique a été revue complètement pour renforcer son système d’information et garantir la continuité de service pour les 350 postes du groupe. Mais la révolution amenée par le projet “Napoléon” est culturelle : tout le monde ne sera plus logé, comme aujourd’hui, dans les mêmes bureaux. Les équipes d’exploitation vont se voir attribuer de nouveaux locaux sur le terrain. Celles dédiées au groupe intègreront elles aussi de nouveaux bureaux construits en bordure de site, sur le territoire de la commune de Leulinghen-Bernes.

 3 janvier 2016 : premier tir. La réalisation du projet a été confiée au cabinet d’architectes boulonnais Artifix. Les entreprises intervenantes sont majoritairement du Nord-Pas-de-Calais et 300 personnes sont mobilisées sur la durée totale du projet. Le chantier entre actuellement dans une phase spectaculaire : le démantèlement des bureaux actuels et l’emménagement dans les futurs bureaux est prévu fin 2014-début 2015. Quant au premier tir d’exploitation dans le site entièrement restructuré, il est prévu le 3 janvier 2016.