Stéphanie Parsy et Yann Pastouret lancent la Brasserie de la Villette

«Un projet local, où l’on est responsables de notre succès»

Lorsqu’on arrive sur la commune de Saultain, à quelques kilomètres de Valenciennes, il est impossible de rater le chantier de ce nouvel établissement brassicole qui vient enrichir un peu plus le nombre de brasseries de la région. L’ensemble du matériel a été livré en fin d’année, et dans quelques semaines, avec l’arrivée du printemps, Stéphanie Parsy et son compagnon Yann Pastouret vont enfin pouvoir produire leur propre bière*. La concrétisation d’un projet imaginé il y a maintenant deux ans...

Stéphanie Parsy et son compagnon Yann Pastouret.
Stéphanie Parsy et son compagnon Yann Pastouret.

La Gazette : Comment est venue l’idée ?

On y a pensé il y a trois ans. Au début, il s’agissait de faire vivre l’histoire de la maison familiale (le château de la Villette), qui se situe en face de la brasserie, en transformant une dépendance, mais on s’est vite rendu compte que c’était trop petit. On a tout de même visité beaucoup de brasseries pour regarder ce qui se faisait dans ce secteur. Il a fallu ensuite trouver un terrain constructible, et la commune nous a bien aidés dans nos démarches en nous signalant une parcelle constructible quasiment en face de chez nous. 

Rien ne vous prédestinait pourtant à ouvrir une brasserie...

Effectivement ! Moi, je suis pharmacienne, j’ai travaillé dix ans en officine, puis en répartition pharmaceutique. Yann aussi, mais comme directeur des ventes. C’est d’ailleurs là qu’on s’est rencontrés. Tous les deux, nous avons l’amour de la nature et du terroir. L’envie de travailler ensemble nous est très vite apparue comme une évidence. Nous souhaitions un projet local, où l’on est responsables de notre succès. Nous sommes tous les deux amateurs de bière... C’est Yann qui a eu l’idée, alors on s’est dit "pourquoi pas..." 

Vous partiez pourtant de très loin...

Nous avons été bien conseillés par Vincent Bogaert de chez Page 24. Nous sommes également allés nous former à Douai au lycée agricole. La plupart des brasseurs qui s’installent dans les Hauts-de-France passent par là. Partie théorique, réglementation, coûts de revient... Le monde des brasseurs est un monde très ouvert. Notre projet a toujours été perçu avec fraternité et bienveillance. 

Concernant le financement du projet, cela a-t-il été facile ?

Oui et non ! La banque historique de la famille n’a pas voulu suivre, ça a été un choc ! Par contre, deux autres banques se sont montrées intéressées, et l’une d’elles a vraiment cru au projet. Il y aussi des acteurs économiques et institutionnels qui nous ont soutenus, Valenciennes Métropole et la Région, et ces acteurs ont pu conforter notre dossier quand on l’a présenté aux banques. Au total, le coût, construction du bâtiment et achat de matériel, s’élève à 2,15 millions d’euros. 

Quels sont vos objectifs ?

En année 1, on a un objectif raisonnable de 500 hectolitres. Puis, progressivement, on espère atteindre 1 500 hectolitres en année 3, et 5 000 en année 5. Notre ambition est d’aller, grâce à la taille du bâtiment, jusqu’à 10 000 hectolitres. En termes de salariés, ce sont cinq emplois à temps plein dans les trois années qui viennent. Si on voit plus loin, on aimerait monter à dix, voire à quinze salariés selon l’évolution. 

Et en termes de produits ?

On revient à des choses simples. On va commencer par deux gammes de blonde, la Salix, qui est le nom latin de Saultain, et la Châtelaine, plus noble, avec des déclinaisons bio pour ces deux bières. Mais aussi une triple dans le cinquième fermenteur. Ça, c’est pour démarrer. Il est prévu - c’est dans l’air du temps - qu’on fasse une "india pale ale" (IPA), une bière très houblonnée et très appréciée. Ensuite, ce sont les clients du magasin et les saisons qui nous orienteront dans le renouvellement de notre gamme. 

* L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.