Un partenariat franco-belge se met en place

Le projet a pris le nom d’Objectif Blue Stone. Enjeu : résister à la concurrence venue d’Asie. Au programme : soutien aux PME concernées, incitation à l’innovation et mise en place de formations…

L'atelier de découpe des blocs : l'entreprise "Atelier Pierre et Sculpture" s'y est installé en juillet 2015. Elle a repris et relancé une activité qui avait connu un premier échec.
L'atelier de découpe des blocs : l'entreprise "Atelier Pierre et Sculpture" s'y est installé en juillet 2015. Elle a repris et relancé une activité qui avait connu un premier échec.

D.R.
À Wallers-en-Fagne, un atelier de découpe des blocs de pierre bleue a été créé il y a quelques années.

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L'atelier de découpe des blocs : l'entreprise Atelier pierre et sculpture s'y est installée en juillet 2015. Elle a repris et relancé une activité qui avait connu un premier échec.

Mi-novembre, à Wallers-en-Fagne, une rencontre entre la communauté de communes du Sud-Avesnois (secteur Fourmies/Trélon) et la commune belge de Soignies a attiré l’attention sur un projet européen visant à soutenir la filière économique de la pierre bleue. Il s’inscrit dans la programmation Interreg V (2014-2020), à la rubrique «Compétitivité des PME» (avec onze autres projets). Les financeurs sont connus : HD gestion (une association de Mons qui met en œuvre et gère les projets et actions de Hainaut développement) qui est l’opérateur et chef de file du programme ; elle apporte 328 512 €.

Apparaissent à la suite Réussir en Sambre-Avesnois, basé à Maubeuge (124 000 €) ; la CCSA, le plus gros contributeur (426 400 €) ; l’Institut du patrimoine wallon (246 259 €) ; la Ville de Soignies (126 291 €). Total pour les opérateurs financeurs : 1 261 482 €,avec une aide du FEDER fixée à 625 731€. Deux partenaires non financeurs mais associés complètent la liste : la communauté de communes Ardennes Rives de Meuse et le Syndicat mixte du Parc naturel régional de l’Avesnois (qui a déjà fait de la pierre bleue une «Marque Parc»).

Les objectifs fixés. Le projet, validé, court du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2019. Dans son libellé officiel, on peut lire notamment que les «savoir-faire liés à ce secteur constituent une économie de niche potentiellement créatrice d’emplois», mais que le secteur «rencontre des difficultés économiques (concurrence étrangère, perte du savoir-faire local et artisanal, difficulté à trouver de la main-d’œuvre qualifiée adaptée», et ce, «malgré un potentiel existant et des ressources encore disponibles».

Les objectifs sont de stimuler la demande (publique notamment), d’adapter les entreprises au marché tel qu’il est (mondialisé), de créer une «plate-forme transfrontalière», de rendre le secteur plus «contemporain» et innovant avec, par exemple, des partenariats qui seraient à nouer avec les mondes du design et de la recherche. Dans la logique du constat qui a été fait, le volet formation figure aussi en bonne place.

Dans ce domaine de la pierre bleue, deux marchés, différents, sont toutefois à distinguer : celui de la pierre d’ornement, où la Wallonie se distingue, et celui de la production industrielle de granulats destinés au BTP, très développée dans l’Avesnois.

Belges et Français ont le même problème. Dans le sud de l’Avesnois, l’idée de relancer une filière “pierre bleue” n’est pas neuve (voir encadré). Mais on notera que cette fois-ci, la pierre artisanale belge n’apparaît plus, politiquement parlant, comme une concurrente mais comme une alliée face à la Chine. Côté belge, il y a quelques années, les acteurs de la filière wallonne avaient dénoncé la vente et l’exportation de blocs de pierre bleue de Soignies à des entreprises chinoises qui les transformaient et les renvoyaient en produits finis en Europe du nord. Le libre échange et les coûts de main-d’œuvre expliquent ce phénomène de «colonisation à l’envers» que l’on constate aussi avec les arbres des forêts de l’Avesnois.
À ce rythme, le risque est grand pour la pierre bleue de voir disparaître les fabrications locales, ainsi que les emplois et le savoir-faire. Le projet OBS espère organiser la riposte.

 

ENCADRE

Wallers-en-Fagne : une vitrine de la filière

 

Le nouveau projet franco-belge s’appuie sur une richesse naturelle commune qui correspond à la fois à une réalité géologique (le givétien qui affleure) et à l’histoire économique. Le village de Wallers-en-Fagne, joli village bâti avec la pierre bleue locale, en fournit une belle illustration. On peut y observer l’un des carriers du territoire, la CCM, en plein développement et qui exploite un gisement servant à fabriquer du granulat pour le BTP. Mais on y trouve aussi un centre artisanal ainsi qu’un atelier de découpe et de transformation de blocs de pierre (dont les murs appartiennent à l’Intercommunalité).

Rappelons, à propos de cet atelier, qu’après un premier échec dans le cadre d’un projet mi-privé/mi public (né d’un pôle d’excellence rurale qui a tourné au fiasco économique), il a été repris par des acteurs privés du territoire pour devenir, lors de l’été 2015, l’Atelier pierre et sculpture, plus ouvert sur la Belgique et bien décidé lui aussi à lutter contre la concurrence venue de Chine.

Le centre artisanal et cet atelier sont tournés vers la pierre ornementale, la pierre de taille, dont les usages sont multiples : éléments architecturaux (linteaux, soubassements et autres éléments de façades), immobilier ou mobilier intérieur (escaliers, éviers, cheminées…), mobilier urbain (bordures de trottoirs, terrasses, bancs…). Précisons que Wallers-en-Fagne, véritable vitrine à ciel ouvert de la pierre bleue, fait partie de la communauté de communes du Sud-Avesnois et qu’elle accueille régulièrement des événements faisant la promotion de cette pierre bleue.