Un nouveau président au cœur des transitions agricoles

La notion de cumul semble correspondre à Jacques de Loisy. Avant d’être élu président de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, il occupait déjà la fonction de président du syndicat agricole FDSEA 21. Mais bien avant, il associait de front ses études et la gestion de l’exploitation familiale située à Hauteville-lès-Dijon. "Mon père s’est installé en 1980. À son décès prématuré en 1988, j’ai dû prendre le relais en parallèle de mes études agricoles à Quetigny d’abord, puis à Paris, à l’Institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole. J’ai poursuivi d’un DESS audit et gestion." Il s’installe officiellement en 1994. Aujourd’hui âgé de 52 ans, il continue à cumuler les activités professionnelles, cette fois.

En plus de s’occuper de son exploitation agricole de 290 hectares aux côtés de son épouse qui, elle aussi, dispose de ses terres agricoles, il mène une carrière d’assureur depuis 15 ans après avoir été expert agricole et foncier. "Nous avons deux salariés sur l’exploitation. Ma femme prend en charge l’administration, les certifications quand je suis plus sur la partie technique et agronomique."

Une agriculture de transition

Installé à 450 mètres d’altitude, au nord de Dijon, Jacques de Loisy continue ses cultures historiques. Il cultive les oléagineux et les céréales, allant du blé aux tournesols en passant par la moutarde ou l’orge, dans un environnement moins propice à la disponibilité de l’eau. "J’ai aussi introduit le bourgeon de cassis il y a près de 30 ans, mais il a souffert des sécheresses, donc j’ai ouvert la culture de lavande." Cette adaptation aux changements climatiques, le nouveau président de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or la garde en ligne de mire pour son mandat.

"Nous sommes à un tournant de l’agriculture en raison du climat et du contexte géopolitique. Nous devons conserver notre métier premier de production alimentaire, mais on doit faire évoluer les pratiques en innovant grâce à des espèces plus tolérantes. Nous devons produire plus et mieux. Je milite pour des agricultures rentables et des installations durables."

Il souhaite également trouver de nouveaux relais de croissance pour les agriculteurs afin de stabiliser les revenus des exploitations. "Avec cinq autres agriculteurs de mon territoire, nous allons par exemple installer un méthaniseur" explique-t-il, insistant sur l’importance de s’inscrire dans la transition énergétique.

Des dossiers en attente

Le militant FDSEA n’est d’ailleurs jamais loin dans les propos du nouveau président qui s’oppose au projet de décret du ministre de l’Industrie et de l’énergie visant à freiner le déploiement des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments agricoles. "C’est antinomique dans le contexte actuel." Il évoque aussi la problématique liée à la gestion des fonds européens par la Région. "65 millions d’euros sont en instance de traitement pour 2 000 dossiers et ils doivent être traités d’ici le 30 juin, soutient-il, avant de préciser. Pour l’heure, ces fonds détenus par la Région mettent en péril l’installation des jeunes agriculteurs et empêchent la modernisation des exploitations qui, en investissant, feraient ruisseler cet argent sur l’économie locale." Il interpelle également sur le poids des normes et des taxations, trop nombreuses et pesantes face aux autres acteurs européens. Enfin, au sein de la chambre d’agriculture, Jacques de Loisy entend mettre l’accent sur la gestion de l’eau, indispensable tant pour l’agriculture que pour la biodiversité.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert