Logistique

Logistique : un moteur en manque de carburant...

Après une année 2021 quasi-record, l’an passé le secteur de la logistique a enregistré une certaine baisse en matière de transactions mais demeure indéniablement le moteur de l’immobilier d’entreprise dans la région. Un moteur, en manque de carburant avec des investisseurs attentistes et un foncier rare pour faire face à une demande toujours de plus en plus importante.

La demande en entrepôts logistiques demeure importante dans la région, le problème est que le foncier et les offres se font de plus en plus rares.
La demande en entrepôts logistiques demeure importante dans la région, le problème est que le foncier et les offres se font de plus en plus rares.

La logistique, le nouvel eldorado ! Ce constat était établi il y a deux ans et il semble avoir perduré l’an passé, notamment, en terres lorraines jugées terre de logistique par excellence. «La part du marché de la logistique représente désormais 20 % du volume global d’investissements dans l’immobilier d’entreprise. Elle a quasiment doublé en deux ans», assure un acteur de l’immobilier logistique. Petit problème aujourd’hui avec le climat conjoncturel actuel et les différentes interrogations liées notamment au conflit en Ukraine, les investisseurs apparaissent gentiment lever le pied. Au niveau national, le marché de l’immobilier logistique a affiché une baisse générale de 15 % sur l’année 2022 avec seulement 3,3 millions de m² commercialisés. Le second semestre, dont la performance est la plus faible depuis 2015, a tiré les résultats vers le bas. «Dans un contexte d’accès plus restreint au crédit, se pose la problématique de la raréfaction des nouveaux lancements en blanc dans une partie des régions ne permettant donc plus de répondre aux besoins immobiliers urgents des utilisateurs», assure un expert. La Lorraine n’échappe pas à cette règle même si son dynamisme dans le domaine demeure toujours bien présent notamment au niveau des demandes intermédiaires. Après un boom des transactions en 2021 dans la région, le marché a toujours été actif l’an passé du fait d’une demande aussi bien des gros opérateurs du secteur que des professionnels du dernier kilomètre.


Une raréfaction foncière

«Le problème aujourd’hui et dans l’avenir, c’est qu’il existe des gros, voire de très gros besoins en logistique mais qu’il reste peu de produits sur le marché», assure un professionnel nancéien. Autre phénomène à prendre en considération : «l’accroissement de la raréfaction foncière, auquel s’ajoute un phénomène d’augmentation des coûts de la construction. Tout cela amène une progression sensible des valeurs locatives.» Bilan des courses dans la région : la raréfaction s’accentue et c’est sur la seconde main que le gros du marché pourrait se focaliser avec toutes les problématiques liées notamment à la remise aux normes d’anciens entrepôts d’activité. La zone de Gondreville-Fontenoy qui a notamment accueilli récemment les plateformes logistiques de Lidl, du groupe Colruyt ou encore GSE pour le compte d’Alderan avec une plateforme logistique multi-utilisateurs affiche quasiment complet. Même cas de figure plus au sud en Meurthe-et-Moselle où la zone des sables sur les territoires de Dombasle-sur-Meurthe et Rosières-aux-Salines est tout simplement remplie au taquet. «C’est simple l’extension envisagée n’a même pas débuté que nous avons déjà enregistré de nombreuses demandes», assure un commercialisateur. L’ensemble du territoire régional apparaît confronté à cette donne. La solution à ce manque aujourd’hui cruel de foncier passe par la reconversion des friches industrielles, nombreuses sur l’ensemble des territoires. «C’est une solution certaine qui prend du temps !» À cette donne s’ajoute, la prise en considération des enjeux environnementaux et sociétaux avec notamment la fameuse démarche ZAN (Zéro artificialisation nette) des sols visant à protéger les terrains naturels et agricoles. La recherche de compromis va devenir de plus en plus délicate sur le sujet et c’est tout un pan du marché encore dynamique de l’immobilier logistique qui pourrait en pâtir. À moins de trouver de nouveaux modèles...

Situation paradoxale ?

D’un côté une demande toujours aussi importante, de l’autre un manque cruel d’offres ! L’univers de l’immobilier logistique n’échappe pas à cette nouvelle donne, déjà bien présente dans le secteur de l’immobilier de bureaux. Cet état de fait s’additionne à un contexte que certains professionnels du secteur n’hésitent pas à qualifier de paradoxal. «Le besoin en logistique est conséquent notamment au niveau des fameux derniers kilomètres. Délicat à mettre en œuvre dans certaines villes où l’accès aux véhicules est de plus en plus réduit et où la piétonisation est reine», assure un professionnel du secteur.