Un lieu unique pour un patrimoine exceptionnel

Riche de collections aux valeurs inestimables, l’Atelier du livre d’art et de l’estampe est une institution qui renferme en son sein les vestiges de la typographie. Toujours en fonctionnement, il présente également des savoir-faire ancestraux.

D’imposantes presses trônent sur le site, mais surtout continuent d’imprimer.
D’imposantes presses trônent sur le site, mais surtout continuent d’imprimer.

On se croirait dans un film, à une époque lointaine. Des machines anciennes, des caractères en plomb, des presses que l’on n’a plus l’habitude de voir : l’atelier propose à la fois un voyage dans le temps et dans l’histoire de l’imprimerie, depuis Gutenberg jusqu’à l’arrivée du numérique. «Nous sommes l’atelier le plus ancien encore en activité dans le monde, précise fièrement Pascal Fulacher, son directeur. Il a été créé en 1640 sous Louis XIII, à l’instigation de Richelieu.» Appartenant au groupe Imprimerie nationale, l’atelier a longtemps existé à Paris, jusqu’en 2014, avant de déménager pour le Nord, à Auby, près de Douai.

Des métiers aux compétences très spécifiques perpétuent d’anciens savoir-faire.

Un futur musée d’ici deux à trois ans

Avec des collections de poinçons qui remontent à l’époque de François Ier et des poinçons grecs gravés, l’atelier a de quoi monter de nombreuses expositions de qualité. «Nous avons une collection de 500 000 poinçons classés au titre de Monument historique et 200 000 autres, dont des pièces gravées, des cuivres d’illustration, du fer à dorer pour reliure ou encore des bois d’affiche.» Très peu de ces pièces sont visibles, c’est pourquoi un projet muséal en partenariat avec les collectivités locales est actuellement en cours de finalisation. «Nous réalisons en ce moment même un catalogue numérique de nos collections que nous publierons sur un portail numérique», partage le directeur. Espéré pour 2020, ce futur musée permettra de mettre en lumière un patrimoine exceptionnel. Le site actuel, réparti sur 2 000 m², a de quoi héberger le musée. En attendant de découvrir ces pièces rares, l’Atelier du livre d’art et de l’estampe ouvre régulièrement ses portes aux visiteurs qui souhaitent (re)découvrir l’imprimerie ancestrale. «Nous avons des machines qui ont plus de deux siècles, mais, surtout, nous avons un atelier toujours en activité.»

L’atelier emploie une dizaine de spécialistes dont certains sont Maîtres d’art.

Des savoir-faire qui se perpétuent

Le patrimoine humain est lui aussi exceptionnel puisque l’Atelier tourne encore aujourd’hui avec un créateur de caractères, un graveur, un fondeur, des compositeurs-typographes. Une dizaine de spécialistes sont employés dont certains sont Maîtres d’art et demandés partout dans le monde. «Nous réalisons des livres d’artistes, des livres d’exception à faible tirage. Nous sommes capables de composer 60 écritures dans 120 styles différents.» Les gestes sont précis et d’une beauté que les machines numériques ne permettent pas. Les voir travailler permet de mieux comprendre comment les lettres, les caractères sont fabriqués, comment ils s’impriment sur des supports et comment ils prennent naissance pour créer du contenu. Pas étonnant donc que certains menus de l’Élysée furent réalisés ici. «On fait de la dorure à 120°C. Et avec tout le plomb que l’on a, on peut encore imprimer pendant un siècle», sourit le directeur. Ces artisans assurent la pérennité de leur savoir-faire, notamment lors de stages professionnels ou en formant d’autres spécialistes.