Un Guatémaltèque condamné à 12 ans de prison pour l'homicide d'un humanitaire français
Un tribunal guatémaltèque a condamné mardi un homme à 12 ans d'emprisonnement pour complicité dans l'homicide d'un humanitaire français en 2020, Benoît Maria, qui travaillait au sein d'une ONG d'aide aux populations locales, a indiqué à...
Un tribunal guatémaltèque a condamné mardi un homme à 12 ans d'emprisonnement pour complicité dans l'homicide d'un humanitaire français en 2020, Benoît Maria, qui travaillait au sein d'une ONG d'aide aux populations locales, a indiqué à l'AFP l'avocat de la famille de la victime.
Le tribunal de Quetzaltenango, la deuxième ville du pays, située à 200 km à l'ouest de la capitale guatémaltèque, a condamné l'indigène Diego Tay à "une peine de 12 ans de prison", selon Edgar Pérez, avocat du cabinet Human Rights Law Firm, qui représente la famille de la victime.
"Le tribunal a changé la qualification d'assassinat en homicide et considère que sa participation n'est pas en tant qu'auteur mais complice", a déclaré Me Pérez.
Avant la requalification en homicide, le parquet avait requis une peine de 50 ans d'emprisonnement contre M. Tay pour assassinat.
Directeur de l'ONG Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) au Guatemala pour le soutien des communautés indigènes mayas dans le développement agricole, Benoît Maria œuvrait depuis 20 ans dans le pays d'Amérique centrale. Il a été tué le 10 août 2020, à l'âge de 52 ans, au volant de son pick-up, sur un chemin près du village indigène de San Antonio Ilotenango (nord-ouest), dans le département de Quiché.
Diego Tay, conseiller municipal là où le crime a été commis, a également été condamné au premier jour de son procès en décembre à trois ans et quatre mois de prison pour détention illégale d'armes à feu, qui s'additionnent à la nouvelle peine.
Il encourait pour cette infraction jusqu'à 10 ans d'emprisonnement, mais M. Tay avait plaidé coupable afin de réduire la peine.
Mobile inconnu
Plus de trois ans après la mort de M. Maria, sa famille ne connaît toujours pas le mobile de son homicide.
Seul Diego Tay a pris place sur le banc des accusés tandis qu'une autre personne, suspectée d'être impliquée dans les faits, est toujours recherchée et fait l'objet d'"un mandat d'arrêt international", a indiqué à l'AFP l'avocate au barreau de Paris, Clémence Witt, qui suit l'affaire depuis la France.
Il s'agirait d'Abraham Yay, le frère de Diego, a précisé Me Pérez.
Au cours du procès, l'hypothèse du vol simple a été exclue car les effets personnels de la victime, dont son téléphone, son ordinateur et de l'argent liquide, ont été retrouvés dans le véhicule criblé de balles de M. Maria.
Lors de l'arrestation de M. Tay en septembre 2021, le bureau du procureur avait pour sa part évoqué l'extorsion comme possible mobile et émis l'hypothèse du refus de paiement d'un "droit de passage".
Des organisations locales de défense des droits humains ont rappelé que le crime était survenu une semaine après la décision de la plus haute juridiction du pays d'ordonner à l'Etat de restituer des terres aux indigènes Ixil, soutenus par M. Maria, dans la municipalité de Nebaj (nord-ouest).
La mort de l'humanitaire français avait soulevé une vive émotion en France et dans ce pays d'Amérique centrale.
M. Maria était notamment connu pour avoir participé à la création en 2011 de l'Université Ixil, dans le département de Quiché, dédiée aux connaissances ancestrales des peuples indigènes, entre autres projets. A sa mort, le président français Emmanuel Macron avait salué son "engagement humaniste, fraternel et solidaire".
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