Un entrepreneuriat de contrainte à l’horizon
Avec la crise économique annoncée, bon nombre de personnes n’auront plus qu’une seule alternative : celle de se tourner vers l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat dit de contrainte devrait donc s’accélérer. Histoire de tenter de faire face, l’Université de Lorraine, sur l’impulsion de son vice-président Christophe Schmitt, propose depuis la rentrée dernière un Diplôme universitaire (DU) ciblé pour tenter de rebondir.
Nom de code : DU (diplôme universitaire) Résilience des territoires par l’entrepreneuriat. Objectif : permettre à toute personne d’être armée pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Depuis la rentrée, l’Université de Lorraine propose cette formation. «Elle est née d’un constat simple ! Avec la crise actuelle, le marché de l’emploi va défaillir avec une demande qui augmente et une offre qui diminue. On peut s’attendre au développement d’un entrepreneuriat de contrainte, à la différence de l’entrepreneuriat volontaire», expliquait Christophe Schmitt, vice-président de l’Université de Lorraine en charge de l’entrepreneuriat et de l’incubation dans nos colonnes à la fin du mois de juin. L’évolution de la conjoncture pourrait rapidement lui donner raison. Dès la fin de l’année et au début de l’année prochaine, les vagues annoncées de défaillances d’entreprises vont se matérialiser par des flots entiers de licenciements économiques. Bon nombre de personnes n’auront pas d’autre choix que de se tourner vers l’entrepreneuriat pour créer leur propre emploi. La donne n’est pas nouvelle mais elle devrait s’accentuer. Il est regrettable d’affirmer qu’il apparaît inévitable aujourd’hui d’envisager une arrivée massive de personnes sur le marché de l’emploi dans les mois à venir. La situation dans les entreprises devraient, elle-même, être plus que tendue et les embauches (du moins à certains postes et dans certains secteurs d’activité) seront loin d’être à l’ordre du jour. Ce fameux entrepreneuriat dit de contrainte devrait bel et bien être une réalité, de là à ce qu’il devienne une fatalité… «Ce diplôme universitaire est principalement destiné aux salariés qui vont se retrouver sur le carreau et vont se tourner vers l’entrepreneuriat.»
Gérer l’état gazeux…
L’Université de Lorraine, et d’une façon générale les universités de l’Hexagone, semblent donc avoir un rôle à jouer en la matière. «Elles ont développé un savoir-faire en matière d’entrepreneuriat permettant d’accueillir et d’accompagner des porteurs de projets. Elles peuvent aujourd’hui les mettre au service de cet entrepreneuriat de contrainte. Il s’agit essentiellement de gérer l’état gazeux de l’entrepreneuriat, la phase amont en fait.» La phase aval, que Christophe Schmitt qualifie «d’état de cristallisation», est gérée par les structures d’accompagnement et le réseau des chambres consulaires. «L’objectif est double pour les universités. Elles doivent être prêtes quand la situation économique basculera et elles devront favoriser le rebond des personnes mises en difficulté par cette situation économique.» Les formations en entrepreneuriat sont déjà présentes à l’Université de Lorraine (la Licence entrepreneuriat et TPE à l’IUT de Sarreguemines et de Metz, le Master entrepreneuriat à l’IAE de Metz ou encore le Diplôme universitaire reprise d’entreprise à l’IUP de Finance de Nancy ou encore le Diplôme étudiant-entrepreneur à Nancy et Metz). Ce nouveau DU devrait donc permettre aux futurs licenciés de pouvoir rebondir en optant pour la création d’entreprise. «Le taux de concrétisation de création d’entreprise par des licenciés économiques est de 60 % dans notre structure», assure un professionnel de l’accompagnement. Le rebond par la voie de l’entrepreneuriat est donc plus que possible… dans certains cas.