"Un conte de fées": 5.000 fans à Dijon pour défendre Miss France, "reine de beauté" contestée

"C'est un conte de fées": 5.000 fans assistaient à la cérémonie des Miss France, samedi soir à Dijon, balayant les accusations de concours "sexiste", encore renforcées par une récente condamnation en justice pour des...

Des prétendantes au titre de Miss France 2024, le 16 décembre 2023 à Dijon © ARNAUD FINISTRE
Des prétendantes au titre de Miss France 2024, le 16 décembre 2023 à Dijon © ARNAUD FINISTRE

"C'est un conte de fées": 5.000 fans assistaient à la cérémonie des Miss France, samedi soir à Dijon, balayant les accusations de concours "sexiste", encore renforcées par une récente condamnation en justice pour des images de candidates filmées seins nus en 2018.

"Ca me fait rêver! Depuis toute petite, je ne rate pas une seule cérémonie", témoigne la Dijonnaise Emma, 22 ans, venue avec sa plus belle robe à paillettes assister enfin au concours dans sa ville, plutôt que de simplement le regarder sur TF1. "Les Miss ont une chance folle. C'est un conte de fées", s'extasie sa copine, Sylvie, 23 ans, ne tenant pas en place sur son siège dans la salle de spectacle du Zénith.

Promettant un grand "show", selon les mots de Jean-Pierre Foucault, 76 ans et présentateur depuis 1995, les Miss ont débuté le spectacle avec un défilé en body à strass, laissant largement dévoiler leurs jambes de mannequin. 

Au même moment, l'ancienne Miss France descendait sur scène dans un fauteuil en forme de cœur, en robe à plume digne du Crazy Horse, sous les hurlements de la foule, très féminine et jeune.

Pour succéder à Indira Ampiot, Miss Guadeloupe, quinze finalistes, sur trente candidates, seront départagées par les téléspectateurs, pour une moitié de la note, et par un jury de sept femmes, pour l'autre moitié.

Le concours intervient cependant après une condamnation par le tribunal de Lille mardi, de la filiale de TF1, e-TF1, et la société Endemol qui coiffait alors la Société Miss France. En cause la diffusion à près de huit millions de téléspectateurs des images de deux Miss régionales, filmée la poitrine nue, le 15 décembre 2018, par une caméra installée à leur insu. 

Les organisateurs avaient présenté leurs excuses pour ce "couac" mais l'accroc ajoute à la polémique entourant le concours de beauté qui, malgré quelques réformes, reste très critiqué.

Désormais centenaire, le concours est un symbole de "réussite", assure la Société Miss France. "C'est un ascenseur social", affirme sa présidente Alexia Laroche-Joubert, évoquant des Miss devenues "femmes d'affaires, médecins ou encore réalisatrices". 

Les critères ont de plus été "modernisés", assure-t-elle. Une candidate n'a désormais plus de limite d'âge et peut être transgenre, mariée, mère... et même tatouée. 

Une seule candidate trans s'est jusqu'à présent présentée. Elle a échoué à l'élection de Miss Paris, en 2022.

Ces petites révolutions avaient fait vaciller le célèbre chapeau de Geneviève de Fontenay, figure historique du concours de beauté. Décédée en août à 90 ans, un hommage lui sera rendu samedi soir, jetant un voile pudique sur les relations houleuses qu'elle entretenait avec l'organisation actuelle des Miss.

Hate-Watching

Cette "évolution" est cependant encore loin de satisfaire les féministes. "C'est du +feminist-washing+: on reste dans une élection très misogyne", estime Mélinda Bizri, de la Ligue des droits de l'Homme à Dijon, qui appelle au boycott de la cérémonie avec de nombreuses autres associations. "Les femmes se violentent toute leur vie pour atteindre ces critères fantasmagoriques, selon des schémas qui mettent très longtemps à se déconstruire", souligne-t-elle.

"Miss France est toujours aussi sexiste dans le principe de classer les femmes sur des critères de beauté", renchérit Violaine de Filippis, porte-parole d'Osez le féminisme!

Pour autant, chaque cérémonie compte parmi les audiences les plus élevées de TF1 (7,1 millions de téléspectateurs l'an dernier). 

La soirée des Miss "est toujours un succès car c'est tout d'abord un divertissement", explique à l'AFP Virginie Spies, analyste des médias à l'Université d'Avignon.

Mais ce succès est en partie dû au "hate-watching", c'est-à-dire "regarder ce que l'on n'apprécie pas forcément pour pouvoir le critiquer", définit Mme Spies.

C'est "une culture populaire", s'était défendu le maire PS de Dijon François Rebsamen, lors du conseil municipal du 25 septembre, où la venue des Miss a été vivement critiquée.

"Ce spectacle véhicule une image encore assez sexiste des femmes, non seulement à l'attention des petites filles et des ados spectatrices, mais aussi à l'attention des petits garçons et des ados spectateurs", avait dénoncé l'adjointe municipale à l’Égalité femmes-hommes, Kildine Bataille (majorité présidentielle).

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