Un chantier exemplaire

Les deux acteurs de cette réussite : Patrick DECOSTRE (Boralex) au micro et Laurent GLACHANT.
Les deux acteurs de cette réussite : Patrick DECOSTRE (Boralex) au micro et Laurent GLACHANT.

ML

C’est devant un parterre économico-politique de qualité que Patrick Decostre, le PDG de Boralex Europe, a inauguré l’unité thermique de Blendecques. Ce projet de plus de 6 millions d’euros peut (enfin) démarrer, après 13 années d’une longue gestation. Les difficultés, les embûches, voire les chausse-trappes, se sont multipliées à l’envi. A quelques jours de l’ouverture de la nouvelle chaudière de la centrale thermique, le contrat de 12 ans, négocié aux forceps avec EDF, a bien failli capoter. Il aura fallu toute la ténacité de ce patron dynamique pour que le groupe canadien réalise à Blendecques son premier investissement sur le Vieux Continent.

Une histoire d’hommes. Boralex est un enfant naturel du groupe papetier Cascades, groupe québécois dont le cœur historique est Kinsley Falls, à mi-distance de Montréal et de Québec. Cascades possédait deux unités à Blendecques dont Norampac Avot-Vallée, cédée en 2013 à un investisseur américain pour devenir Norpaper Avot-Vallée et dont le directeur est Laurent Glachant. Celui-ci a rappelé que la facture énergétique entre pour 15% dans le coût de  fabrication du papier. «Les papetiers allemands, nos principaux concurrents européens, ont un prix de l’énergie 30% inférieur au nôtre. Grâce à Boralex et à Patrick, dans un contexte très difficile, la sinistrose n’est pas de mise pour l’avenir de Norpaper.» L’amitié entre les deux hommes, relayée par un fort investissement du sous-préfet Christian Abrard et du député Michel Lefait, a transformé cette course d’obstacles en «un chantier exemplaire pour la reconquête des parts de marché industriel perdues depuis 15 ans» selon les propos de l’élu.

L’usine de Blendecques est un peu le cheval de Troie de Boralex pour sa conquête du marché énergétique européen («sans l’implication de Laurent pour faire tourner et vivre son usine, Boralex ne serait pas implantée à Blendecques» confirme Patrick Decostre).

Quelques chiffres. Le principe de la cogénération est simple (!). L’arrivée d’air et de gaz dans la centrale thermique (implantée dans la cour de Norpaper) produit pour un tiers l’électricité que Boralex revend à EDF (12 MW). Les deux autres tiers de l’énergie produite consistent en gaz chauds qui alimentent l’usine voisine sous forme de vapeur (280 000 tonnes/an) à fort rendement énergétique («95,5% en énergie utile» précise Patrick Decostre). Boralex ne produit pas que l’énergie thermique : l’éolien (13 parcs en France), l’hydroélectrique et le solaire complètent sa palette. On évoque un projet éolien à proximité, que semble confirmer la présence d’édiles d’Heuringhem et d’Helfaut à cette inauguration placée sous le double signe de l’optimisme et de la volonté de vaincre.