Un Beauvau pour moderniser une Sécurité civile en première ligne

Du cyclone Chido à Mayotte aux inondations en Bretagne, la Sécurité civile est en première ligne face au dérèglement climatique et gère aussi des interventions du quotidien sur fond de désertification médicale. Une concertation a été relancée pour...

Photo diffusée par la Sécurité civile française, le 18 octobre 2024, montrant des membres de la Sécurité civile en opération dans la ville inondée de Limony, en Ardèche © Fabrice GHIOTTI
Photo diffusée par la Sécurité civile française, le 18 octobre 2024, montrant des membres de la Sécurité civile en opération dans la ville inondée de Limony, en Ardèche © Fabrice GHIOTTI

Du cyclone Chido à Mayotte aux inondations en Bretagne, la Sécurité civile est en première ligne face au dérèglement climatique et gère aussi des interventions du quotidien sur fond de désertification médicale. Une concertation a été relancée pour moderniser tout un système en quête de financements.

Ce Beauvau de la Sécurité civile avait été annoncé en avril 2024 par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérald Darmanin, avant d'être interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin. Les travaux ont été relancés cinq mois plus tard et sont désormais sous la houlette de François-Noël Buffet, ministre auprès du nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.

Quatre chantiers se sont tenus dans différentes villes, chacun avec un thème précis et réunissant une myriade d'acteurs (pompiers, ambulanciers, Samu, associations, collectivités, etc). Le dernier chantier s'est tenu mardi à Mâcon (Saône-et-Loire) autour de la gouvernance et du financement du futur modèle de la sécurité civile, dont le budget global actuel est de 6,7 milliards d'euros.

L'objectif affiché du ministre, présent à Mâcon, est de trouver de nouvelles sources de financement pour établir un modèle opérationnel de la Sécurité civile avec, par exemple, une participation accrue des assureurs. 

- "Surengagement des agents" - 

La Sécurité civile - dont la mission est le secours aux personnes, de l'accident à l'incendie en passant par les catastrophes - repose à près de 81% sur le volontariat et l'engagement associatif.  

Parmi ces non-professionnels, des associations agréées de Sécurité civile (AASC) - autour de 100.000 effectifs - et un peu plus de 200.000 sapeurs-pompiers volontaires, quand le voisin allemand en compte plus d'un million. Participent aussi quelque 43.000 sapeurs-pompiers professionnels.

L'augmentation globale du nombre d'intervention des services d'incendie et de secours est de plus de "plus de 17% en 10 ans", selon le ministère. Les modes d'organisation sont hétérogènes, avec différents niveaux de donneurs d'ordre allant de l'Etat aux collectivités en passant par la sphère associative, ce qui complexifie la coordination des actions.

Les associations agréées sécurité civile demandent à avoir "une place plus importante dans le fonctionnement" afin de "renforcer la coordination et la prise en charge de la population", selon Florent Vallée, directeur national de l'urgence et des opérations à la Croix-Rouge française.

"La problématique est plutôt dans les crises. On sait très bien faire les choses, mais c'est vrai qu'on peut améliorer très largement la prise en charge des populations ce qui permettrait de gagner du temps sur tout un tas d'interventions", poursuit M. Vallée. 

La Sécurité civile, "on nous dit qu'elle va bien, mais aujourd'hui elle ne fonctionne que grâce au surengagement des agents", relève Sébastien Delavoux, coordinateur de la CGT des services départementaux d'incendie et de secours. 

"Ce que l'on attend du Beauvau, c'est vraiment qu'il y ait une remise à plat de l'existant (...) On est vraiment face à un mur avec (...) une réelle augmentation des besoins en financement, mais aussi en investissements" qui sont financés à "80%" par les collectivités, notamment les départements et les mairies, observe André Accary, interrogé de l'AFP. 

Plusieurs acteurs interrogés soulignent la nécessité d'installer sur l'ensemble du territoire une plateforme commune de gestion des appels d'urgence, gage selon eux d'une prise en charge plus efficiente et moins coûteuse. Tous soulignent l'impératif de redéfinir les missions de sécurité civile.

Les pompiers, "colonne vertébrale" des secours, seront "très vigilants" à ce qui sortira de ces consultations, insiste quant à lui Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.

"Certaines missions non urgentes peuvent être destinées à d'autres organisations que les pompiers, ou peut-être être facturées", avance notamment M. Bosland.

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