Un an après l'attentat, Arras rend hommage à Dominique Bernard par les arts
Textes, danse et chants ont accompagné l'hommage rendu dimanche par Arras au professeur Dominique Bernard, commémoré devant ses proches, des rescapés de l'attentat et plusieurs ministres, un an jour pour jour après...
Textes, danse et chants ont accompagné l'hommage rendu dimanche par Arras au professeur Dominique Bernard, commémoré devant ses proches, des rescapés de l'attentat et plusieurs ministres, un an jour pour jour après son assassinat par un ex-élève radicalisé islamiste.
Plus de 2.000 personnes, dont un grand nombre de parents venus avec leurs enfants, se sont rassemblées sur la place des Héros d'Arras (Pas-de-Calais), à l'endroit même où plusieurs milliers d'Arrageois affligés s'étaient retrouvés il y a un an, deux jours après l'assassinat du professeur de français, poignardé à l'entrée de la cité scolaire Gambetta-Carnot où il enseignait.
Une interprétation du quatuor K.285 de Mozart, de la danse contemporaine, une reprise de "Les enfants paradis" de Damien Saez, hommage aux victimes du Bataclan: la cérémonie a fait la part belle aux arts, conformément au souhait de son épouse Isabelle Bernard.
"Quelle plus belle réponse que des musiciens, des comédiens, des danseurs", a-t-elle dit à La Voix du Nord dans un entretien publié samedi, soulignant que les autres victimes du 13 octobre 2023 "ont aussi participé, par leurs idées, à construire cet hommage". Un autre professeur et deux agents de la cité scolaire avaient été blessés dans l'attaque.
"J'atteste qu'il n'y a d'être humain que celui qui combat sans relâche la haine en lui et autour de lui", lit un ami de Dominique Bernard, reprenant un texte du poète marocain Abdellatif Laabi.
Sur scène, une artiste réalise en direct une grande toile représentant une colombe s'envolant au-delà d'une forme bleu-blanc-rouge et des mots "Liberté, égalité, fraternité".
Confiant en la République
Michel, un retraité arrageois de 77 ans, est venu car il a "des enfants enseignants et des petits-enfants lycéens et collégiens". "Il nous semble important de montrer notre soutien à la fois aux enseignants et à tous ceux qui sont menacés", souligne-t-il, accompagné de sa femme.
Depuis la mort de Dominique Bernard, il se dit "toujours inquiet" pour ses enfants, "mais il faut rester confiant en la République".
Elève au lycée Gambetta, Yannis, 17 ans, salue une cérémonie "dans la continuité du combat (de Dominique Bernard), pour une France toujours plus culturelle, une France toujours plus respectueuse". Il ressent qu'au sein de l'établissement, "une sorte d'union" rassemble les élèves "autour de cet événement tragique".
En fin de cérémonie, il fait partie des centaines d'anonymes à se mettre en file derrière les proches du professeur, chacun déposant une rose blanche au pied d'une plaque en mémoire des victimes du terrorisme. Nombreux laissent couler quelques larmes, certains s'étreignent.
"Il y a un an, la ville d'Arras basculait dans l'horreur" et "un an plus tard, nous sommes ensemble, toujours debout", a déclaré à la tribune le maire centriste de la ville Frédéric Leturque, ajoutant avoir "une pensée" pour Samuel Paty, enseignant également victime d'un attentat jihadiste il y a bientôt quatre ans.
Le maire est le seul à avoir pris la parole, malgré la présence de plusieurs membres du gouvernement, dont les ministres de la Justice Didier Migaud, de l'Intérieur Bruno Retailleau et de l'Education nationale Anne Genetet.
Dominique Bernard et Samuel Paty "enseignaient l'histoire de France, la connaissance du monde et l'amour de notre langue", leur a rendu hommage le Premier ministre, Michel Barnier, sur X. "Nous ne les oublierons pas. Et nous mettrons tout en œuvre pour protéger nos enseignants et continuer avec eux à lutter contre l'ignorance et le fanatisme."
le président de la République, Emmanuel Macron, a quand à lui salué sur X "tous nos professeurs qui font grandir, transmettent, éclairent". "La République vit, à chaque aube, à chaque leçon, à chaque cours, grâce à eux", a-t-il souligné.
Amoureux de la littérature
Dominique Bernard avait enseigné pendant 25 ans au sein de l'établissement où il a trouvé la mort. "Amoureux de la littérature, il aimait transmettre cet amour à ses élèves", se souvient sa sœur Emmanuelle Delatte dans un entretien à l'hebdomadaire chrétien Le Pèlerin, paru mercredi.
Une minute de silence sera observée lundi dans les collèges et lycées de France en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie également assassiné par un jeune islamiste radicalisé le 16 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
Lorsqu'ils avaient appris l'assassinat de Samuel Paty, Isabelle Bernard se souvient, dans un entretien au Monde, que son mari et elle-même avaient pris "conscience de (leur) vulnérabilité". "Qui sera le prochain ? Parce qu'il y en aura un", lui avait-elle dit.
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