Ukraine: fin des pourparlers russo-américains en Arabie saoudite
Après douze heures de pourparlers à huis clos en Arabie saoudite, la Russie et les Etats-Unis ont achevé lundi des discussions visant à instaurer une trêve partielle en Ukraine, plus de trois...

Après douze heures de pourparlers à huis clos en Arabie saoudite, la Russie et les Etats-Unis ont achevé lundi des discussions visant à instaurer une trêve partielle en Ukraine, plus de trois ans après le début de l'offensive russe.
La Maison Blanche et le Kremlin publieront mardi un communiqué commun pour résumer leurs négociations qualifiées dès le départ de "difficiles" par Moscou, ont indiqué des agences russes.
Le président américain, Donald Trump, dont le rapprochement avec son homologue russe, Vladimir Poutine, a rebattu les cartes du conflit, affirme vouloir mettre fin aux hostilités et a dépêché ses émissaires à Ryad pour des pourparlers avec les deux parties.
Les délégations russe et américaine se sont réunies dans un palace de Ryad, au lendemain d'un premier round de discussions entre Américains et Ukrainiens.
La délégation ukrainienne, selon un de ses membres, prévoyait de nouvelles discussions lundi avec l'équipe américaine, une fois connus "les résultats de la réunion Etats-Unis-Russie".
Selon une source citée par le média public ukrainien Suspilne, la délégation devrait rester sur place encore un jour de plus pour de nouveaux échanges avec l'équipe américaine.
Lors d'une précédente rencontre en mars dans la ville saoudienne de Jeddah, l'Ukraine avait accepté une proposition américaine d'un cessez-le-feu de 30 jours, rejetée par la Russie.
Discussions sur la mer Noire
Les discussions à présent portent sur un possible cessez-le-feu en mer Noire, afin de permettre un retour à l'accord céréalier qui avait permis à l'Ukraine, de juillet 2022 à juillet 2023, d'exporter ses céréales, vitales pour l'alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone.
La Russie s'en est ensuite retirée, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes.
Cet accord céréalier et "tous les aspects relatifs à sa remise en oeuvre sont à l'agenda", a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
"C'était la proposition du président Trump et le président Poutine l'a acceptée", a-t-il ajouté, sans mentionner un éventuel engagement concernant la suspension des combats.
Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, a qualifié la réunion de la veille au soir avec les Américains de "productive et ciblée".
"Nous avons abordé des points clés, notamment l'énergie", a-t-il affirmé.
La délégation ukrainienne est emmenée par le ministre de la Défense, tandis que la délégation russe est formée de Grigori Karassine, sénateur ex-diplomate de carrière, et de Sergueï Besseda, un cadre du FSB, les services de sécurité.
La délégation américaine est conduite par Andrew Peek, un haut responsable du Conseil de sécurité nationale, et par un haut responsable du département d'Etat, Michael Anton.
Beaucoup à faire
Washington et Kiev poussent à présent pour, au minimum, un arrêt provisoire des frappes sur les sites énergétiques, largement endommagés du côté ukrainien.
L'Ukraine se dit "prête" à un cessez-le-feu "général" et sans conditions.
Mais Vladimir Poutine, dont l'armée avance sur le terrain malgré de lourdes pertes, semble jouer la montre, tant que ses soldats n'ont pas expulsé les troupes ukrainiennes de la région russe frontalière de Koursk.
A ce stade, le Kremlin assure s'être uniquement mis d'accord avec Washington sur un moratoire sur les bombardements des infrastructures énergétiques.
"Il s'agit d'un sujet très complexe et il y a beaucoup à faire", a d'ores et déjà tempéré Dmitri Peskov, estimant que les négociations seraient "difficiles".
L'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, s'est malgré tout montré optimiste, disant s'attendre à de "vrais progrès", "particulièrement en ce qui concerne un cessez-le-feu en mer Noire sur les navires entre les deux pays".
"Et, à partir de cela, on se dirigera naturellement vers un cessez-le-feu total", a-t-il dit.
Malgré l'accélération des efforts en vue de parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, les combats se poursuivent.
Durant la nuit de dimanche à lundi, des frappes ont touché la région de Kiev et celles de Kharkiv et Zaporijjia, dans l'est de l'Ukraine, faisant plusieurs blessés, selon les autorités ukrainiennes.
Lundi, une frappe russe a fait 90 blessés, dont 17 enfants, à Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, selon le maire de cette ville.
Les chemins de fer ukrainiens, qui jouent un rôle vital dans le pays depuis le début de l'invasion russe, ont indiqué lundi avoir été visés par une cyberattaque de "grande ampleur".
Le ministère russe de la Défense a indiqué de son côté avoir intercepté un drone ukrainien près d'une station de pompage de pétrole dans la région de Krasnodar, accusant Kiev de "poursuivre ses attaques contre les infrastructures énergétiques".
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a repris contact avec Vladimir Poutine, rompant avec la politique d'isolement menée par les Occidentaux.
Il s'est montré très critique envers l'Ukraine, un durcissement marqué par l'altercation avec Volodymyr Zelensky fin février à la Maison Blanche.
37LU7KL