Transmission d’entreprises : retours d’expériences
Dialogue entre Olivier Depercenaire, expert‑comptable, et Joakim Delenclos (photo), repreneur du cabinet d’architecture Goidin, à Beaurains.
Olivier DEPERCENAIRE. Quelle est votre formation et quel a été votre parcours professionnel avant cette reprise ?
Joakim DELENCLOS. Depuis l’âge de 10 ans, et sous l’influence de mon grand-père que j’accompagnais sur les chantiers, j’ai été fasciné par le métier d’architecte. Après un bac S, j’ai passé le concours de l’Ecole d’architecture de Lille. Dès mon diplôme en poche en 2006, j’ai été embauché au Cabinet Goidin. Je n’ai donc connu qu’un seul cabinet et cette expérience a duré 4 ans. Pendant l’entretien d’embauche, le dirigeant m’a clairement annoncé qu’il voulait céder son cabinet à terme.
Quel a été le facteur déclenchant votre volonté de reprendre une entreprise ?
Pas de facteurs déclenchant, plutôt une addition de faits qui m’ont conduit à “me lancer”. Dans le monde de l’architecture, il est plus difficile de créer que de reprendre une affaire. En effet, dans ce milieu il faut être référencé pour répondre à des offres et obtenir des concours. Pour moi, reprendre ce cabinet c’était aussi poursuivre l’aventure avec la clientèle existante tout en bénéficiant de la renommée de l’agence. En étant diplômé et inscrit à l’Ordre, il est aussi naturel de vouloir signer un jour ses propres permis de construire. Enfin, le dernier facteur est l’ambition, notamment celle de voir la réalisation des bâtiments que vous avez dessinés à votre nom !
Combien de temps s’est écoulé entre l’idée de la reprise et sa concrétisation ?
Quatre années exactement entre l’entretien d’embauche et la reprise, mais cela s’est vraiment concrétisé en 2008 avec une proposition de rachat de parts, programmée sur 3 ans et en 3 phases, ce qui a permis une transmission en douceur. La reprise finale a eu lieu le 31 décembre 2010. Ainsi, pendant cette période, le cédant m’a présenté en tant qu’associé auprès de la clientèle et des tiers.
Quel a été le facteur clé dans le choix de la société que vous avez reprise ? Incontestablement le charisme du dirigeant. Monsieur Goidin m’a tout appris du métier. En sortant de l’école il m’a “forgé” à toutes ses facettes. Il donnait une impression de sérénité. Par ailleurs, nous oeuvrons principalement sur des bâtiments “publics” qui sont de grands projets avec beaucoup d’architecture et sur lesquels on peut exprimer toute notre créativité ! Nous avons l’expérience dans une multiplicité de bâtiments allant de la crèche au collège, en passant par le lycée, l’ehpad, et le funérarium… Toutes les étapes de la vie !
Quels ont été vos partenaires durant cette reprise ?
Mon épouse ! Mais aussi mon expertcomptable, l’équipe du cabinet, les cédants, les banquiers.
Quels ont été les critères de valorisation du cabinet ?
Le passé, naturellement, tel que l’activité, la renommée et les références de l’agence, mais surtout les éléments prospectifs tels que le carnet de commandes et la capacité future de la société à rembourser un prêt.
Dans le contexte de la reprise quelles ont été les expériences surprenantes pour vous ?
Je n’ai eu aucune surprise puisque j’étais déjà intégré dans l’entreprise comme salarié et, parallèlement et progressivement, comme associé. De plus, j’ai été accompagné encore pendant 6 mois après la signature par l’épouse du dirigeant. Le plus surprenant aujourd’hui est d’exercer un nouveau métier, celui de manager, c’est-à-dire qu’il faut gérer les ressources humaines, les finances, l’administratif et le développement commercial de l’agence en plus du métier technique d’architecte. Ce sont d’énormes responsabilités auxquelles on ne s’attend pas toujours. J’ai eu à faire face à un départ au bout de 4 mois et donc, dans la foulée, à une embauche.
Quels sont les projets pour la société ?
Je souhaite poursuivre dans notre métier et sur notre cible, c’est-à-dire sur des concours pour des bâtiments publics. Pour cela, je dois embaucher un architecte. L’entreprise a également dû quitter le domicile du cédant et s’installer à Sainte-Catherine, dans des nouveaux locaux. Enfin, il est nécessaire aujourd’hui de mettre en place un site Internet et d’y afficher nos réalisations.
Si vous aviez 3 conseils à donner aux futurs repreneurs, quels seraient-ils ?
• S’entourer de repreneurs ayant déjà réussi leurs projets et partager leurs expériences,
• Avoir du temps pour s’intégrer dans l’affaire de manière étalée soit préalablement comme salarié, soit a posteriori avec un accompagnement du cédant,
• Enfin, trouver un bon équilibre entre jeunesse et expérience, signe d’un bon moteur pour la reprise d’une affaire.