TPE : dessine-moi le business de demain

TPE : dessine-moi le business de demain

Quels sont les créneaux économiquement porteurs dans les années à venir ? Analystes et professionnels se sont livrés à l’exercice de la boule de cristal, à l’occasion du récent salon SME (ex-salon de la micro-entreprise). Aux risques et périls de ceux qui se lancent…
«Le terrain de jeu n’a jamais été aussi grand», s’enthousiasme Emmanuel Lechypre, éditorialiste sur BFM business. C’était le 6 octobre, lors du débat «entreprendre en 2017 : tendances, secteurs porteurs et conseils d’experts». Ce dernier s’est déroulé à Paris, dans le cadre du salon SME, solutions pour mon entreprise, fréquenté par des créateurs d’entreprise et des représentants de TPE. Pour l’éditorialiste de BFM business, «on sort d’un demi-siècle d’économie de perfectionnement. On a fait le TGV, mais le train existait déjà. C’était l’ère des entrepreneurs ingénieurs (…) Aujourd’hui, ce n’est pas du tout le même schéma. La révolution numérique change tout». En particulier, ce qui change radicalement la donne, c’est qu’«un petit acteur, aujourd’hui, peut changer demain la vie du monde entier», analyse Emmanuel Lechypre, qui conclut : «le champ de possibilités est infini». Reste à ne pas s’y perdre. Indiquer la tendance qui sera potentiellement la plus fructueuse, c’est précisément le métier des bureaux de style, comme Perclers Paris. L’agence scrute la société à la recherche de «signaux faibles» qui pourraient devenir des tendances fortes demain, pour le compte de marques du secteur du luxe et de la grande distribution. Aux yeux d’Éric Duchamp, président de Perclers Paris, actuellement, trois domaines sont particulièrement prometteurs. Premièrement, «tout ce qui est lié au bien-être», démarre-t-il. Le «tout» peut aller de l’habillement, à la cosmétique, en passant par la beauté et la santé connectée. En janvier, «au Consumer Electronics Show de Las Vegas (…) il y avait des rayons entiers dédiés à la santé connectée», relate Éric Duchamp. Parmi les produits présentés, le capteur de tendances a notamment remarqué les «wearable tech», ces vêtements qui contiennent des capteurs, lesquels permettent, par exemple, de mesurer combien la personne qui en porte a brûlé de calories. C’est précisément la fonction que remplissaient auparavant les bracelets connectés. Ces derniers aussi sont passés par le Consumer Electronics Show de Las Vegas, avant d’être commercialisés, puis achetés par des individus qui les ont délaissés au bout de trois mois : une illustration des impasses où aboutissent parfois les innovations… Autre exemple de nouveauté repérée par Éric Duchamp, «un lit avec des capteurs dans tous les sens, pour mesurer la qualité du sommeil», produit par une société américaine spécialisée dans les matelas. Ce matelas serat-il, demain, un objet du quotidien aussi banal qu’un smarphone ou connaîtra-t-il le sort des bracelets connectés ? Difficile à dire. Dans tous les cas, ce champ du bien être est «une tendance majeure, il faut explorer ces domaines», conclut le dirigeant. Deuxième tendance décelée par Perclers Paris, celle qui découle des goûts et des aspirations de la génération Millenium, née avec les technologies de l’information. «Ils sont plus intéressés par l’expérience que par les produits», synthétise Éric Duchamp. Dans ce cadre, tout ce qui va «réenchanter le produit, l’achat», constitue une piste potentiellement prometteuse, explique-t-il. De nombreuses marques devraient être preneuses de cette «expérience» qui permet de rendre des prix élevés acceptables. Troisième tendance, enfin, pour rassurer les individus effarés par la technologie qui déferle partout, dans la maison ou la voiture, tout ce qui va «rendre la machine plus émotionnelle, la technologie plus chaude, plus accessible, plus rassurante, nous semble intéressant», poursuit le président de Perclers Paris. Au-delà de ces grandes tendances sociétales, la numérisation croissante crée des opportunités dans certains secteurs spécifiques, illustre Oscar Boré, responsable «innovation et nouvelles activités» chez Rent A Car, réseau de location de voitures. Pour lui, les opportunités résident tout d’abord dans «la digitalisation des acteurs traditionnels. Des services technologiques vont devoir être développés pour les aider», analyse-t-il. Exemple : des solutions pour ouvrir des véhicules à distance. Par ailleurs, les nouveaux usages qui se développent sont également source d’opportunités. Avec le e-commerce, de nouveaux systèmes de livraison apparaissent, et avec eux, de nouveaux acteurs : aux États-Unis, une plateforme sur laquelle des particuliers sont mis en relation pour se livrer leurs courses les uns les autres, vient de lever 270 millions de dollars. Un succès qui n’est pas promis à tout le monde. Pour lancer un business, «il faut que les signaux faibles frétillent», met en garde Éric Duchamp.
anne.daubree